2. Belle journée à New York

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ELINA

Romane et moi rentrons dans son appartement de Manhattan à presque 23h, hilares et, il faut se le dire, légèrement pompettes. J'ai passé une très bonne journée entre le shopping, les livres achetés et les verres que nous sommes allés boire dans un bar. Nous avons beaucoup rit, cela m'a permis de décompresser et d'oublier pendant de longues heures l'échec de mon dernier roman.
Lorsque nous entrons dans le salon, Jordan est là, avec ses vêtements de médecins encore sur le dos, somnolant sur le canapé, signifiant qu'il a dû rentrer depuis peu. Cependant, nos rires le réveille et il se tourne vers nous, ensommeillé. Romane s'approche de lui et tous deux s'embrassent comme des ados, si follement amoureux l'un de l'autre que pendant un instant, je suis nostalgique de ma propre histoire d'amour d'il y a quelques années, avant de reprendre mes esprits et d'éjecter Benjamin de ma tête. Il ne mérite pas mon temps.

— Je vois que vous vous êtes bien amusés, rit-il une fois ses lèvres séparées de celles de ma meilleure amie.
— En effet. Et toi, comment était ta journée ? l'interroge Romane en s'installant sur ses genoux.

Comme je ressens un besoin d'intimité de leur part et que leur amour qui m'explose au visage me rend morose, je leur souhaite une bonne nuit et me dirige vers ma chambre qui donne une vue imprenable sur l'Empire State Building. J'enclenche les volets électriques, enfile mon pyjama pilou-pilou à l'effigie de Noël, réponds au message de mon frère le sourire aux lèvres puis sur le groupe Whatsapp « Les Trois Mousquetaires » que je partage avec Romane et Bastien — un ami du lycée resté en France — j'envoie les photos que nous avons faites ce soir avec ma meilleure amie. Mon téléphone verrouillé et en mode silencieux,  je m'allonge dans le lit et plonge presque instantanément dans les bras de Morphée.

***

Le lendemain, je me réveille seule dans l'appartement de Romane et Jordan, tous deux étant déjà partis travailler. Un coup d'œil par la fenêtre me permet de constater qu'il a arrêté de neiger, mais celle-ci blanchit le paysage, le rendant encore plus féérique. C'est décidé, je prends un bon petit dej' et file me promener dans cette ville que je commence à connaître aussi bien que Paris.
De bonne humeur, j'écarte la couverture de mon corps, réponds aux messages que se sont échangés Bastien et Romane puis je me dirige vers la cuisine où je fais cuire un œuf et me fais couler un café. J'adore les English Breakfast, bien que je ne mange que du sucré le matin lorsque je suis en France.
Mon petit déjeuner englouti, je file m'habiller chaudement, la météo n'annonçant pas plus de un ou deux degrés, me lave et me pomponne puis m'arrête à sortir au moment où une remontée acide envahit mon estomac. Une main sur la bouche, je tente de la faire passer en arrêtant de bouger. Au bout de quelques minutes, c'est passé et je souris à nouveau, prête à affronter le froid New Yorkais. Et quoi de mieux que de commencer ma journée avec une excursion à Central Park, juste en bas de l'immeuble de ma meilleure amie et de son mari ?
Les cinquante étages descendus, je passe devant le MoMa et traverse la 5e avenue et ses dizaines et dizaines de magasins luxueux. C'est toujours l'effervescence dans cette rue, il y a des milliers de personnes qui marchent rapidement, comme pressés, les célèbres taxis new-yorkais, la fameuse tour en forme de fer à repasser que l'on peut voir dans Spider-Man. Les yeux levés au ciel, je suis ébahie par la beauté de cette ville, comme à chaque fois que j'y viens et alors même que j'y suis depuis près de trois semaines. New York est pour moi une ville particulière, hors du commun et unique. Il n'y en a pas deux comme elle. Et la 5e avenue, par ses boutiques de luxe et une preuve de la richesse de cette ville de la Côte Est. Avant de vivre de ma plume, ma situation financière était plutôt modeste, voire précaire pour vivre dans l'une des villes les plus chers de France, mais depuis que je ne me soucis plus de mon compte en banque, je suis devenue très dépensière, dépensant parfois sans compter, parce que j'en ai la possibilité. Oui, j'aime l'argent, j'aime faire ce que je veux quand je veux sans avoir à faire des économies pendant des années pour y parvenir, mais l'argent ne m'a pas changée, je suis resté foncièrement la même qu'avant et c'est quelque chose dont je suis fière. Le seul changement fondamental qui est apparu depuis que je gagne très bien ma vie, c'est ma confiance en moi. J'en avais très peu avant de commencer le premier tome de ma trilogie. Désormais, j'aime ce que j'écris, j'en suis fière et j'ai confiance au potentiel de mon histoire. Ce pour quoi l'échec d'Une couronne de sang est toujours aussi difficile à avaler car je ne comprends pas ce qui n'a pas plu au lecteur. J'ai pourtant gardé la même recette que ma trilogie.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant