32. Loin de Paris

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ELINA

Vérone.
Maxime a choisi Vérone, la ville de Roméo et Juliette, pour passer quelques jours loin de Paris et des problèmes qui y règne. Quand il me l'a annoncé, ça m'a surpris, au premier abord, puis ça m'a plu. Même si je me suis déjà rendu en Italie, cette ville n'a jamais fait partie de mon carnet de visite. Mais après tout, je n'en ai entendu que du bien.
Nous avons atterrit il y a un peu plus d'une heure et une fois nos bagages récupérés, nous avons directement pris un taxi en direction de notre hôtel Due Torri, situé en plein centre historique de la ville, non loin de toutes les attractions phares. Il me tarde de visiter cette ville que l'on dit magique et magnifique, mais ce que j'ai vu dans le taxi me plaît déjà.

— Alors, qu'est-ce que tu veux faire ? me demande Maxime quand on sort de l'hôtel.

Étonnamment, il ne fait pas si froid que ça. J'ai une écharpe pour protéger ma gorge, mais il fait bon en ce mois de mars, ça change de la grisaille de Paris quand nous avons décollé. Puisqu'il n'est pas loin de 18h, nous n'aurons pas le temps de visiter grand-chose, mais rien qu'une balade dans la ville va me faire un bien fou.

— On n'est pas très loin de la maison de Juliette d'après maps, on ne peut pas se permettre d'être ici sans la voir, proclamé-je.
— Tu as raison, allons-y.
— Après on pourrait aller à la Torre dei Lomberti, c'est pareil, c'est pas très loin, c'est sur la Piazza del Erbe et apparemment on a un beau panorama sur la ville, proposé-je, toujours en consultant internet.

Il approuve d'un signe de tête puis nous nous mettons en marche à travers les rues pavées du centre historique. Des maisons colorées, des Vespa de différentes couleurs, les rues propres, les gens souriants, nous ne marchons que depuis quelques minutes et déjà, je me sens bien dans cette ville. Il y a pas mal de monde, mais c'est assez calme. Il y a pleins de petites rues parallèles qui sont assez sombres à cause des bâtiments de chaque côté qui sont rapprochés, mais chaque façade est colorée et c'est en cela que j'adore me promener dans ce dédale. Les couleurs ne sont pas vives, on est plus sur du jaune poussin, du orange ou même du beige, mais je trouve que cela rajoute de la gaîté au lieu. Mais bien vite, mon cœur s'emballe quand, alors que Maxime et moi marchons côte à côte, nos mains se frôlent et déclenchent plusieurs coups d'électricité dans tout mon corps en fusion.
Nous savons bien vite que nous arrivons à la Casa di Giulietta lorsqu'une foule s'amasse. Malheureusement pour nous, il y a encore un bon nombre de personnes réunis dans cette petite cour intérieur, si bien que je n'arrive même pas à localiser la statue de Juliette, qui est pourtant censé se situer au pied de la maison.

— C'est super beau, commente Maxime.

Et comment ! La maison, que nous voyons presque de couleur ocre à cause des rayons du soleil qui tapent sur la façade, domine la petite cour.

— Je ne pensais pas que le balcon était si petit, avoué-je. Dans toutes les adaptations cinématographiques, c'est un truc énorme.

Un mur de la même couleur jouxte la maison, celui-ci a deux arches qui mènent je ne sais où est et rempli de liaires qui envahit presque complètement la structure. Et là, entre deux touristes, Juliette trône fièrement. La statue en bronze n'est pas l'original, d'après l'écriteau à ses pieds, la vraie se trouve apparemment dans la maison et celle-ci, il est interdit d'y toucher contrairement à celle à l'extérieur. D'après la légende, si on touche le sein gauche de Juliette, on aura de la chance en amour. C'est vraiment un endroit splendide, ça doit être super calme quand les touristes ont déserté les lieux.

— Il y a une exposition de certains décors du film de 1968 à l'intérieur, m'apprend Maxime en lisant les panneaux d'information.

Comme c'est à peine six euros l'entrée, on décide d'aller y faire un tour. Maxime et moi prenons le temps de regarder, par moments, nous échangeons un regard complice et à chaque œillade échangés, mon cœur rate un battement, avant de tambouriner comme si j'étais en train de faire un marathon. Mais soudain, alors que je monte à l'étage, je m'arrête dans les escaliers, frappée par une révélation. Vérone est la ville de l'amour, est-ce intentionnel de la part de Maxime ou bien est-ce un pur hasard ? J'ai du mal à croire que ça en soit un car généralement, quand on décide de voyager en Italie, on se décide pour de grandes villes comme Milan, Florence ou encore Rome. Mais Vérone ? Non, non, il doit avoir un message subliminal cacher là-derrière, je ne vois pas d'autres explications. Et cela me fait angoisser, je sens un poids m'écraser soudainement la poitrine et ma respiration devient de plus en plus irrégulière. Est-ce que... Non, je ne préfère pas y penser sinon je ne vais pas arrêter d'y penser pendant les trois prochains jours et je n'ai aucune envie que mes suppositions, sans doute fausses, me gâchent ces vacances. Alors, bloquant mon cerveau, je me dirige vers le premier étage, là où on peut aller sur le balcon. J'alimente un peu mon compte Instagram avant de m'y diriger après un couple qui vient tout juste de se fiancer. C'est seulement à ce moment-là, alors que j'allais me tourner vers Maxime, que je me rends compte qu'il n'est plus derrière moi. Je fronce les sourcils et me dit qu'il va venir me rejoindre, mais ce n'est pas le cas. Merde, où est-il passé ?
Un sifflement m'interpelle. Je regarde tout autour de moi, mais ne remarque rien ni personne.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant