27. Se battre

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MAXIME

Je repousse ce moment depuis des jours, mais aujourd'hui, c'est décidé : je récupère ma fille à la fin de sa journée de cours. Bien sûr, elle n'est pas au courant, il me tarde de voir sa tête quand elle va me voir. Je sais qu'en faisant ça, je prends un risque, mais j'ai encore foi en Charlotte, j'espère qu'elle comprendra mon besoin de vivre des choses de la vie quotidienne avec notre fille. Après le merveilleux week-end que nous avons passé tous les deux avec Elina, je ne rêve que d'une chose : recommencer. J'espère que mon initiative va pousser mon ex à revoir sa position sur ma capacité à m'occuper d'Eva, il faut que la décision du juge change. Je dois être autorisé à la voir plus souvent.
Les premiers élèves quittent l'enceinte de l'établissement en passant les grilles pour retrouver leurs parents. Tous plus mignons les uns que les autres. Mes yeux ne quittent pas la cour de récréation, impatient de voir ma fille, qui ne devrait pas tarder à arriver. Enfin, sa frimousse apparaît.
Quand ses yeux bleus si similaires aux miens se braquent sur moi, un sourire fend son visage.

— Ouais, papa, t'es venu me chercher ! s'exclame-t-elle en sautillant avant de courir jusqu'à moi.

Je m'agenouille pour la réceptionner puis la fait tourner dans les airs sous son rire qui m'avait tant manqué et sous les regards intrigués des autres adultes.

— T'es venu, me répète-t-elle, des étoiles dans les yeux.
— Je te l'avais promis, non ?

Elle hoche la tête puis elle retourne au sol.

— Je suis trop contente que tu sois là, papa. Est-ce qu'on va chez toi ?
— Oui, tata Maëlle nous attend pour prendre le goûter. Et après on va...
— Excusez-moi ? m'interrompt une voix féminine derrière moi.

Je me retourne, la main de ma fille dans la mienne et fais face à une grande femme d'une quarantaine d'années.

— Oui ?
— Qui êtes-vous ? me demande-t-elle.

Au départ, je suis soufflé par sa question. Comment est-ce seulement possible qu'elle ne me connaisse pas ? Puis, je me souviens que je ne suis jamais venu à aucune réunion ou autre et qu'aujourd'hui est la première fois que je mets les pieds dans cette école. Ce rappel de constat me serre le cœur.

— C'est mon papa, maîtresse, il est venu me chercher répond Eva avant que je ne puisse le faire.

La femme fronce les sourcils.

— Stanislas Cordier ne l'est pas ? l'interroge-t-elle.

C'est à moi d'imiter son geste, cette fois. Comment peut-elle penser que ce mec est le véritable père de ma fille ? Charlotte aurait-elle été aussi cruelle en le désignant comme véritable géniteur à ma place ? La colère me submerge, mais je ne montre rien, il n'est pas question que cette émotion gâche cette fin de journée.

— Non, lui c'est le nouveau compagnon de sa mère, expliqué-je en faisant tout pour paraître poli.. Mais le père, c'est moi. Maxime Lefèvre. D'où le nom de famille d'Eva. Je suis venu ici pour lui faire la surprise.
—  La maman ne m'a pourtant pas prévenu, il était toujours prévu que ce soit elle ou bien Stanislas qui vienne chercher la petite.

La main de ma fille dans ma mienne m'empêche de serrer les poings.

— En effet, je ne lui ai pas dit que je venais, assumé-je. Mais maintenant que je suis là...
— Je suis désolée, mais ça ne va pas être possible.
— Pas possible ? Mais enfin, c'est ma fille !

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. Cette femme n'a pas intérêt à m'en empêcher, surtout alors qu'elle n'est personne pour Eva si ce n'est sa maîtresse.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant