28. Tomber dans le vide

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MAXIME

— Arrête de refuser, Maxou, je viens avec toi.

Je soupire en lui envoyant un regard désarçonné.

— Mais pourquoi tu veux absolument m'accompagner ?
— Parce que ton avocat t'a demandé de passer dans son bureau, ça me paraissait sérieux et vu ce qu'il s'est passé hier, je ne veux pas que tu y ailles tout seul.

Comprenant que ça ne sert à rien de négocier avec elle, je souffle et accepte d'un mouvement de tête.
Comme il fait un peu moins froid en cette fin février, je sors sans bonnet, avec uniquement une écharpe et un gros manteau, de même pour ma sœur. 
Nous sortons de l'appartement puis empruntons l'ascenseur qui, heureusement, n'a pas eu une autre panne puis pour aller plus vite, je décide de commander un Uber, ce sera également beaucoup plus confortable pour Maëlle.

— Ça va aller, j'en suis sûre, m'assure-t-elle en me serrant la main une fois que nous sommes dans la voiture.

Je lui souris, mais le cœur n'y est pas. Mes mains sont moites tellement je suis angoissé par ce rendez-vous, j'ai peur de ce qu'il va m'annoncer.
Et ce n'est rien comparé à lorsque nous arrivons dans l'immeuble de son cabinet dans le quartier de la Défense. L'hôtesse à l'accueil m'indique le chemin à prendre pour son bureau, mais une fois devant, je suis incapable de toquer à la porte. Maëlle me sert la main et m'insuffle son courage.

— Oui, entrez, entends-je la voix de mon avocat à travers les cloisons.

Je souffle un bon coup, puis pousse la porte.

— Bonjour Maître, le salué-je d'une voix que j'espère assurée. Je... Ma soeur a tenu à m'accompagner, ça ne vous dérange pas ?
— Du moment que vous acceptez sa présence, elle peut rester.

Il se lève de sa chaise pour nous serrer la main, puis nous propose de nous installer en face de lui. Même avant qu'il ne parle, ma sœur ne lâche pas ma main.

— Monsieur Lefèvre, si je vous ai demandé de venir ici, ce n'est pas pour vous annoncer une bonne nouvelle, annonce-t-il d'une voix grave.

Mon visage se décompose et dans ma poitrine, mon cœur s'emballe. J'échange un rapide regard avec Maëlle, qui semble aussi nerveuse que moi.

— Que... qu'est-ce qu'elle a fait ? demandé-je d'une voix tremblante en désignant mon ex.
— Votre initiative d'hier ne lui a pas plu, elle en a parlé à son avocat et elle lui a demandé de... faire une demande pour vous retirer la garde de votre fille.

Mon cœur s'arrête. Ma gorge et si sèche et si nouée que je suis incapable de dire quoi que ce soit, même de déglutir.

— Le juge a établi que vous n'aviez pas respecté les termes du jugement et a donc accepté, annonce-t-il comme un couperet d'une voix désolée. Charlotte a donc, à partir d'aujourd'hui, la garde exclusive d'Eva.

Stoïque sur ma chaise, mes yeux partent dans le vague alors que, dans ma poitrine, mon cœur explose. Les mots de l'avocat refusent de s'imprégner dans ma tête, je refuse de croire que c'est la réalité, ça ne peut être qu'un cauchemar. Comment ça a pu arriver alors que j'ai simplement voulu tenir une promesse que j'ai faite à ma fille ? Comment Charlotte peut-elle être aussi cruelle ? Elle aurait pu passer l'éponge, mais non, elle en a parlé à son avocat qui n'a pas hésité un seul instant pour me pourrir, comme si j'avais fait la pire des conneries alors que je voulais simplement profiter de ma fille.

— Mais... on pourra toujours continuer à la voir, n'est-ce pas ? demande la voix frêle de ma sœur.

L'avocat lit quelque chose devant lui.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant