21. Une nouvelle confrontation

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ELINA

Ce soir, c'est l'effervescence.
Le bar de Romain est plein à craquer et bien que je sois habituée puisque je viens souvent lui donner un coup de main, pourtant, ce soir, je me sens perdue et dépassée. Il faut dire que je n'ai pas totalement la tête à ça. Depuis hier, après avoir ramené Maxime et sa sœur chez eux, je ne cesse de penser à lui. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Pourquoi s'est-il senti obligé de se rendre à l'hôpital pour un simple mal de tête ? Violent, certes, mais pourquoi j'ai senti sa petite sœur a deux doigts de défaillir tout le long où nous avons attendu qu'il revienne de ses examens ? Tout cela est très étrange, j'espère qu'il n'a pas de graves problèmes de santé. Pour qu'il puisse se reposer, nous avons annulé deux trois prochaines sessions d'écritures. On va prendre du retard, mais ce n'est pas grave, sa santé est plus importante.

— Elina, tu m'écoutes ?

Je secoue la tête pour revenir à la réalité et pose mon regard sur les iris émeraudes de mon frère.

— Pardon, tu disais ?

Il soupire d'agacement. Je le comprends, depuis que je suis arrivée il y a un peu près deux heures, je n'arrête pas de faire des conneries.

— Si tu n'as pas envie d'être là, dis-le moi clairement; me reproche-t-il.
— Non, ce n'est pas ça, je t'assure, j'ai juste... Je vais me reprendre, je te le promets.

Mon frère est l'une des personnes les plus importantes de ma vie, les fois où nous nous prenons la tête sont rares, mais au travail, des frictions arrivent rapidement.

— Tu peux t'occuper des deux mecs là-bas ? Ils attendent depuis un moment.

Je hoche la tête et me dirige vers eux.

— Au fait, Maëva ne vient pas ce soir ? me renseigné-je, désireuse de la revoir.
— Non, elle passe la soirée avec sa sœur. En revanche, c'est étrange que Bastien ne se soit pas pointé.
— Trop occupé avec sa nouvelle copine, déballé-je, ce qui fait rire mon frère.

L'ambiance plus détendue entre nous, je me plante devant les deux mecs d'une quarantaine d'années qui me reluquent d'un regard pervers. Je fais tout pour garder mon sang-froid et ne pas les envoyer bouler, bien qu'ils le mériteraient.

— Qu'est-ce que je vous sers ? demandé-je, faussement enthousiaste.
— Deux pina colada, s'il te plaît.

J'acquiesce et m'affaire à la préparation des cocktails.

— T'es nouvelle ici ? m'interpelle l'un des deux, que je ne prends pas la peine de regarder.
— Je suis la sœur du patron. D'ailleurs, je suis pas certaine qu'il apprécie de vous voir me draguer ouvertement.

Je leur montre Romain du doigt, ils déglutissent. Pourtant, mon frère n'a pas une carrure d'armoire à glace, il n'est même pas très intimidant, mais il est vrai que quand il se met en colère, peu de personnes ont le courage de s'opposer à lui. Même moi, qui le connaît par cœur, je ne fais pas la fière quand le ton monte entre nous.
Je leur donne leur cocktails, puis ils repartent sans demander leur reste. Je sers ensuite un groupe de cinq filles qui semblent bien éméchées, mais heureuses.

— N'oublie pas de leur demander leur clés de voiture si tu les vois incapables de rentrer par leur propre moyen, me glisse Romain à l'oreille.

J'opine et teste la température avec les filles :

— Vous êtes venues comment ?
— En transport en commun, comme à chaque fois qu'on sort.

Je les jauge pour détecter un mensonge — combien de personnes disent qu'ils sont venus en métro alors qu'en réalité, ce n'est pas le cas ? — mais elles ont l'air sincères. J'espère ne pas me tromper.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant