19. Début de l'écriture

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Maxime

Le téléphone à l'oreille, je rentre dans la bouche de métro pour me rendre jusqu'à Montmartre, là où habite Elina.

— Oui, je comprends tout à fait, Maître.
— Je ne vous cache pas que le chemin va être long et semé d'embûches, monsieur Lefèvre, mais je suis confiant, nous allons parvenir à vous obtenir une garde plus équitable de votre fille.  En tant que père, vous n'avez rien à vous reprocher et cela est un bon point. Votre ex-conjointe a abusé de sa position d'avocate et du fait d'avoir la majorité de son cabinet pour plaider en sa faveur, mais il est clair qu'elle n'aurait jamais dû formuler une telle demande contre vous.

Un sourire s'affiche sur mon visage et alors que mon coeur bat tambour-battant dans ma poitrine, je me force tout de même à ne pas trop espérer, au cas où, même si j'ai confiance en Maître Mollia, avec lequel je suis en contact depuis quelques semaines.

— C'était illégal ? demandé-je des précisions.
— Disons plutôt qu'elle a abusé de son pouvoir. Mais je tiens à vous préciser que la procédure peut prendre des mois, monsieur Lefèvre.
— Oui, j'en suis conscient.
— C'est pourquoi, en attendant que la situation soit régularisée, je vous demande de vous tenir à l'accord préalable en place depuis votre séparation.

Je jette un coup d'œil au panneau d'affichage. Ma rame arrive dans deux minutes.

— Vous ne pouvez pas faire en sorte que je vois Eva un peu plus ?
— Non, pas pour le moment.

Mon cœur tombe au sol. Je savais qu'il y avait peu d'espoir, mais secrètement, j'aspirais à un petit changement de ce côté.

— Quand devez-vous la revoir ?
— Le week-end prochain.

C'est encore trop long et pourtant, je l'ai vu il y a deux jours.
Mon métro arrive alors je l'indique à mon avocat puis nous quittons la communication puisque dans le sous-sol, le réseau est vraiment mauvais.

Arrivé à Montmartre, je regarde les noms de rues, perdu. Merde, où est-ce qu'elle habite, déjà ? Je viens ici plusieurs fois par semaine depuis près d'un mois maintenant, je devrais connaître le chemin par cœur, pourtant, j'ai toujours un peu de mal à trouver son immeuble. Ah, le voilà. Dans mon portable, je recherche le code d'accès au hall qu'elle m'a donné pour que je ne sois pas contraint de l'appeler à chaque fois que je suis en bas.

— Maxime ! entends-je une voix m'appeler.

Je me retourne et fais face à Elina, emmitouflée dans un blouson et une écharpe fine. En ce début février, bien que les températures soient encore fraîches, il est plus agréable d'être dehors que le mois dernier. Et surtout, il a arrêté de neiger, je vais pas tarder à pouvoir ressortir ma bécane, ça ne lui fera pas de mal de rouler de nouveau.
Comme à son habitude, Elina est une femme magnifique. Ses cheveux roux sont attachés en un chignon rapide d'où quelques mèches s'échappent. Ses yeux verts sont légèrement maquillés et sur les verres de ses fines lunettes, un peu de buée. Ses doigts comme toujours manucurés sont dépourvus de gants et tiennent la laisse de son petit Yorkshire qui me regarde en frétillant de la queue.

— Désolé pour le léger retard, m'excusé-je, j'ai reçu un appel important au moment de partir.
— Pas de problème.

Sa bouche me dit cela, mais pourtant, à son expression, je sais qu'elle pense le contraire. Elina aime l'ordre, même un peu trop. Elle aime que tout soit défini et surtout elle déteste le manque de ponctualité, je l'ai appris à mes dépends. Elle n'est vraiment pas méchante, seulement un peu trop dans le contrôle. Ça doit être épuisant de tout prévoir et de ne laisser que très rarement une place à l'improvisation.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant