Entre nos lignes

12. Réunion

MAXIME

Pas en retard, mais pas en avance non plus pour le rendez-vous avec Carine à la maison d'édition, je slalome entre les voitures à l'arrêt et arrive en nage devant le bâtiment, crevant de chaud sous mon écharpe et mon bonnet. Je retire ce dernier, passe une main dans mes cheveux bruns pour me recoiffer puis entre dans l'immeuble. Je monte directement en 1er étage, là où se trouve le bureau de l'éditrice tout en répondant à un message de ma soeur.
Devant le bureau, je donne deux coups contre la porte.

— Oui, entre Maxime, m'invite-t-elle.

J'ouvre la porte et m'arrête quelques secondes dans l'embrasure quand je fais face à Elina, déjà installée sur l'une des deux chaises en face de Carine. Elle me salue rapidement, mais j'ai comme l'impression qu'elle n'est pas vraiment présente mentalement.

— Viens, installe-toi, me somme Carine.

Je pose mon sac à mes pieds et m'installe en face d'elle. Pendant de longues secondes, l'éditrice nous regarde l'un après l'autre, comme si elle essayait de nous faire avouer quelque chose.

— Pourquoi tu nous as convoqué ? demande Elina en brisant le silence.
— Vous m'expliquez ? intervient Carine presque en même temps.
— T'expliquer quoi ? fais-je, innocemment, alors que je sais très bien de quoi elle veut parler.

Elle souffle de frustration et prend sa tête entre les mains en marmonnant je ne sais quoi avant de reporter son regard sur nous. Je me sens soudain anxieux, ma jambe droite devient incontrôlable.

— C'est quoi cette histoire de ne plus vouloir collaborer ?

À côté de moi, Elina lève un sourcil.

— Comment es-tu au courant ?
— Je l'ai prévenu, avoué-je.
— En effet et j'aimerais bien savoir la raison de cette décision. Expliquer-vous.
— On n'arrive pas à s'entendre, clame Elina. Hier, on s'est pris la tête, on n'arrive pas à trouver une idée qui nous convienne à tous les deux.
— Disons plutôt qu'elle a rejeté mes idées en bloc sans même les envisager, rectifié-je.
— Et cette idée, qu'elle était-elle ?

Je lui fais un résumé rapide de ce que j'ai en tête. Elle semble charmée et impressionné.

— La recherche d'un trésor un peu comme Arthur et les chevaliers de la table ronde qui recherche la Graal ? m'interroge-t-elle.
— Ben disons que j'ai puisé mon idée sur cette quête, en effet, mais dans ma tête, ça n'a rien à avoir.
— C'est une idée plutôt intéressante, approuve-t-elle, ça peut captiver le lecteur, à condition de bien mener le récit et qu'il y ait des rebondissements.

Je souris, heureux qu'elle approuve. Je savais que mon idée n'était pas si naze que ça !

— Et toi, Elina, t'avais quoi en tête ?
— J'avais pas trop de trame, mais j'ai envie que le récit se passe dans un royaume avec une famille royale, comme il y en a beaucoup en fantasy.

Carine pose un doigt sur le menton.

— Ce qui s'accorde très bien avec l'idée de Maxime.
— Oui, je lui avais proposé de mixer les deux.

Encore une fois, je lui fais un rapide résumé.

— Eh ben, c'est génial ça ! s'enthousiasme Carine. Qu'est-ce qui ne te plaît pas là-dedans, Elina ?

Elle reste un long moment silencieuse, pendant lequel je ne cesse de la regarder. Vu son expression, elle semble se faire des nœuds au cerveau.

— Si j'ai désapprouvé, c'est parce que je ne voyais pas comment on pouvait écrire une histoire prenante et intéressante en suivant cette trame, confie-t-elle. Mais... je... j'y ai réfléchi et... En effet, ça peut être une bonne idée.