17. Soirée

7 3 4
                                    

Elina

Les yeux plantés sur la télé, Duchesse calée sur mon ventre très légèrement rebondi, je suis passionnée devant l'épisode 10 de la saison 6 de Game of thrones, l'une des meilleures pour moi, avec la troisième. Bien que je l'ai déjà vu dix fois, je suis toujours autant ébahie par la musique exceptionnelle qui rythme l'épisode, ainsi que l'explosion du Septuaire de Baelor qui a vu la mort de la reine Margaery Tyrell, que j'adorais, de son frère ainsi que celle du Grand Moineau, pour ne nommer qu'eux.
Ma chienne lève une oreille, comme attirée par quelque chose, soudainement à l'affût, pour se recoucher la seconde d'après. Fausse alerte. Elle se remet à ronfler, mais très vite, relève une oreille et cette fois, saute du canapé.

— Il n'y a personne, Duchesse, reviens vers moi.

Mais plutôt que de m'obéir, elle se dirige tout droit vers l'entrée. Je soupire, retire le plaid de mon corps et suit ses pas. Je la trouve assise devant la porte, la queue frétillante, la tête haute et la gueule ouverte, comme si elle souriait.

— T'entends des voix, ma fille, il n'y a personne derrière la porte.

Pourtant, alors que je m'apprêtais à me baisser pour la prendre dans mes bras, des coups sont donnés contre ma porte.
Comment a-t-elle su ? Je vais finir par croire que cette chienne est télépathe.
J'ouvre et fait face à mon meilleur ami, les cheveux attachés en chignon, comme toujours, est apprêté avec pantalon en toile, pull et chemise sous celui-ci. Sans manteau, ni écharpe, ni rien, alors que nous sommes en hiver. Mon meilleur ami serait-il un peu givré ?
Évidemment, ma chienne lui saute dessus en aboyant et lui ne résiste pas à la prendre dans ses bras.

— Bastien, qu'est-ce que tu fais là ?
— Ce soir, toi et moi on sort !

Ma bouche se tord en une grimace.

— Euh...
— C'est pas une question, ni même une proposition, mais une affirmation : ce soir, toi et moi on sort.
— C'était pas prévu, ça.
— Non, en effet, ça m'a pris comme une envie de chier.
— Bastien, tu sais très bien que je déteste les plans imprévus...
— C'est justement pour ça que je le fais, ça ne te ferait pas de mal de ne pas tout organiser ta vie et de faire quelques improvisations. Enfin bref, tu me laisses entrer où je dois rester sur le palier.

Je m'écarte, il ne se fait pas prier pour parcourir la distance qui lui permet d'être dans mon intérieur.

— Allez, viens danser avec moi, Eli', ça va être cool, tu verras ! En plus, j'ai bien envie de rentrer avec une jolie femme ce soir, j'en ai marre d'être seul dans mon lit.
— Bastien, je... Je suis pas en forme, ce soir, j'ai pas passé une super journée.

Son sourire disparaît à la seconde.

— Ça s'est pas bien passé avec Maxime ?

Je secoue la tête et me dirige déjà dans le salon.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? m'interroge-t-il.
— On s'est pris la tête, comme d'hab'. On a été d'accord sur rien, il ne voulait pas revenir sur ses idées, moi non plus, c'était un vrai dialogue de sourd.
— Mais vous avez pu travailler un peu quand même ?
— Un peu, oui, mais pas suffisamment pour pouvoir attaquer l'écriture rapidement.
— Vous avez encore du mal à vous adapter à l'autre, cet exercice est nouveau pour vous, mais je suis persuadé que vous allez finir par y arriver. D'ailleurs, je le rencontre quand ce Maxime ?

J'arque un sourcil.

— Et en quel honneur je te le présenterais ?
— Ben c'est ton collègue de travail.
— Et donc ?
— Et donc, en tant que meilleur ami, j'aimerais bien savoir à quoi il ressemble.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant