11. Discussion houleuse

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ELINA

Je lance une œillade désobligeante à Nola qui s'approche de moi avec précaution.

— Qu'est-ce que tu veux ? l'attaqué-je.
— Qu'on parle.
— Je suis justement venu dehors pour ne plus avoir affaire à toi, Nola.
— Elina, s'il te plaît... Ça fait cinq ans que tu... qu'on...

Elle n'est pas en train d'oser faire ce que je crois ?
Je me retourne vers elle pour m'en assurer et ce que je vois me sidère.
J'y crois pas, elle ose !
Des larmes de crocodiles dans les yeux, elle compte sans doute m'appâter, mais ce n'est pas le cas, elle n'y parviendra pas.

— Arrête de faire semblant de pleurer, ça m'irrite.
— Je veux simplement qu'on parle, Elina. S'il te plaît, soit mature au lieu de gâcher l'anniversaire de Romain.

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, je fulmine et voit rouge. Non, mais c'est le prêtre qui se fout de l'Eglise !

— C'est moi qui gâche sa soirée alors que c'est toi qui arrive en retard pour qu'on te remarque et qui en plus ose te pointer avec cette bague de fiançailles au doigt ? Je t'en conjure, n'inverse pas les rôles !
— Je suis pas arrivée en retard par choix, Jeremy avait...
— Ne prononce pas son prénom devant moi, grogné-je, les lèvres pincées.
— Pourquoi encore autant d'animosité dans tes paroles ? Pourquoi es-tu encore si en colère, Elina ? Je sais que je t'ai fait du mal, mais... c'était il y a cinq ans et en plus tu... tu n'es pas si malheureuse, tes livres cartonnent, tu as tout l'argent que tu veux et...

Le regard sanguinaire que je lui envoie la fait taire immédiatement. La colère boue en moi, tellement que mes yeux se remplissent de larmes de rage qui me brûlent.

— Tu crois que parce que je gagne bien ma vie et que j'ai de l'argent, ça fait de moi une personne heureuse ? Tu m'as pris tout ce que j'avais, Nola, tout ! Tu crois que si je ne te parle plus depuis cinq ans, c'est par simple caprice ? Non, c'est parce que toi, ma petite soeur pour qui j'aurais été capable de tout, tu m'as planté un couteau dans le dos et ce soir, en te dandinant avec cette foutue bague à ton annuaire, tu remues le couteau dans la plaie encore et encore jusqu'à m'achever alors que ce n'est pas bon pour moi de ressentir de trop forte émotions !

Ébranlée par ma diatribe à cause de laquelle je suis montée de plus en plus dans les aigües, ma sœur recule de quelques pas, comme soufflée par un vent imaginaire. Et quant à moi, essoufflée, je pose une main sur mes côtes et l'autre sur mon ventre, comme pour protéger mon bébé de la présence néfaste de sa tante qu'il ou elle ne connaîtra pas. Mais dans ma poitrine, c'est l'anarchie. Mon coeur me fait un mal de chien, ses coups contre ma cage thoracique me font souffrir et ma gorge est parcourue par des centaines de petites aiguilles.
Nola pose son regard vert sur mon ventre, ce qui m'incite à le couvrir davantage.

— Tu... tu es enceinte ?

Je reste bouche close.

— Je... suppose que je dois te féliciter ?
— Pas la peine, tu ne connaîtras pas cet enfant de toute façon.
— Tu es cruelle, raille-t-elle.

Un rire jaune et moqueur sort de ma gorge, comme incontrôlable. Pendant un instant, je ressemble à une folle. Parce que c'est ce que je deviens quand ma sœur est dans les parages : une hystérique.

— C'est moi qui suis cruelle ? Tu viens vraiment de sortir ces paroles, Nola ?
— Elina s'il te plaît... Je... je t'ai déjà dit que j'étais désolée, je vais pas encore m'excuser dix fois...
— Je t'en prie, retiens-toi, je ne les accepte toujours pas.
— C'est quand même pas notre faute si...

Je lui envoie un regard noir.

— Si tu oses dire que ce n'est pas de votre faute si vous êtes tombés amoureux, je te jure que je t'en colle une pour te remettre les idées en place ! La fidélité, l'engagement, la solidarité familiale, tout ce que tu aurais dû, ce que vous auriez dû prendre en compte, vous l'avez jeté d'un revers de la main sans prendre en compte ma présence ! Tu as agi par pur égoïsme, Nola ! Tu connaissais nos projets et pourtant, ça ne t'a pas empêché de le séduire et de tout envoyer bouler pour ton propre intérêt uniquement parce que tu veux tout ce qui m'appartient ! La preuve avec cette bague qui m'était destinée !

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant