16. Première rencontre

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ELINA

Aujourd'hui est pour moi l'un des plus importants de ma vie car bientôt, je vais faire ma première échographie qui signera ma première rencontre avec mon enfant. J'ai hâte, mais j'appréhende que la gynécologue trouve un problème sur le fœtus. Mais ne parlons pas de malheur, je sais, je sens que mon bébé va bien. Il n'y a pas de raisons pour que ce ne soit pas le cas.
Duchesse dans mes bras, je caresse ses poils doux, mes yeux fixés sur mon carnet, là où mes idées pour mon quatre mains avec Maxime sont écrites. Je les relis encore et encore en espérant avoir de l'inspiration, mais ce matin, cette dernière me déserte, je n'ai pas la moindre créativité. Alors, dans un coup de nerf, je ferme mon carnet et me lève d'un bond, réveillant ma chienne qui commençait à s'endormir.

— Désolée, mon bébé, m'excusé-je en l'embrassant avant de la reposer par terre.

Je jette un oeil à l'heure sur mon téléphone. 8h30. J'ai rendez-vous à 10h, mais comme je n'ai pas dormi de la nuit à cause de la hâte et de l'appréhension, je suis réveillé depuis 6h30. Pourquoi le temps ne passe-t-il pas vite ? Je suis déjà allé promener Duchesse, cela ne sert pas à grand chose d'y retourner. Sans compter que c'est un petit chien, elle se fatigue donc plus facilement qu'un gros. Mais en même temps, que puis-je faire d'autre ? Je n'arrive pas à travailler et il n'y a aucun programme intéressant à la télé. À moins que je me remate pour la énième fois Game of thrones ? Qui sait, peut-être que ça va me donner des idées pour notre futur roman.... Non, je devrais prendre l'air et m'aérer l'esprit, ça marche à tous les coups pour retrouver l'inspiration. De toute façon, c'est le mieux à faire, sinon je serais capable de me rendre à la maternité dès maintenant.
Alors, bien que je sois encore en pyjama, j'enfile chaussures, manteaux, écharpe et bonnet et appel Duchesse qui, visiblement, n'a pas envie de sortir. Tant pis, j'irai seule.
Les températures semblent se réchauffer un peu, c'est agréable, au moins, je ne suis pas transis de froid. 
Emmitouflée, je me balade dans mon quartier Montmartre que j'aime tant, avec cette basilique si majestueuse, si belle et surtout, si paisible quand elle n'est pas envahie par les touristes.
Pendant quelques secondes, mon cerveau me renvoie à ma conversation téléphonique d'hier avec Maxime, où nous avons réussi à nous entendre sur la plupart des points, même si je ne suis pas fan de son idée de sans-pouvoir de la famille royale, et lui de la mienne que ce soit au contraire des métamorphes. Mon idée est la meilleure, je le sais, à moi de l'en convaincre. Sinon, si la famille est sans pouvoir, je crains que les lecteurs ne trouvent pas cela assez crédible car contrairement à Maxime, je ne pense pas que la plupart d'entre eux feront un parallèle avec le règne du plus grand Roi que la dynastie des Tudors ait connu. À moi de trouver des arguments bétons pour le faire plier. J'ai déjà cédé sur certaines choses, je ne veux pas le faire là-dessus. Il faut absolument que je l'appelle dans la journée pour que nous puissions avancer là-dessus et que je puisse reprendre un rythme de travail normal, comme j'en ai l'habitude car tous ces désagréments liés à la contrainte de travailler à deux m'angoissent. D'habitude, dans la phase de recherche et de réflexion avant de commencer mon roman, je passe une journée sur deux — pour pouvoir m'aérer un jour sur deux — dessus pour débuter l'écriture rapidement. Puis, une fois cette phase lancée, le matin je me concentre sur le plan de mon chapitre du jour pour ensuite l'écrire durant l'après-midi. J'ai des habitudes bien rodées qui me vont parfaitement, alors les voir chamboulées depuis que j'ai accepté ce quatre mains me rend très nerveuse. Alors oui, vivement que l'écriture soit lancée pour que je puisse reprendre mes rituels.

Après une bonne vingtaine de minutes, je rentre chez moi et décide de me faire couler un café, le premier de la journée, puisque en me levant, je me suis contenté d'un bol de céréales pour le petit déjeuner. Mais lorsque celui-ci est coulé et que la sonnette de ma porte d'entrée retentit, je bois une gorgée qui me brûle la gorge avant d'autoriser la personne à entrer. Je n'ai pas besoin de demander qui c'est pour le savoir : Duchesse ne jappe comme ça qu'en la présence de deux personnes : mon frère et Bastien. Et comme Romain doit être, comme tous les lundis, à son bar pour faire les stocks, ça ne peut être que le second.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant