Maxime
— Ah oui, aussi, on écrit à quelle personne ? Parce que toi, tes romans sont à la troisième, et moi à la première, m'interroge Elina, une main sur son ventre et un stylo dans la bouche, son carnet ouvert devant elle.
Nous sommes installés sur son îlot central, nos deux carnets ouverts, pour continuer notre travail en amont de l'écriture. En fond, du Mozart, si je ne me trompe pas. Puisque pour l'instant, on se contente de bosser sur les éléments de notre futur roman, la musique ne me dérange pas, mais quand l'écriture commencera, j'espère qu'elle acceptera de la couper, sinon je n'arriverai jamais à me concentrer et ça risque de devenir très compliqué.
— Je pense que la troisième est plus adéquate. Un point de vue extérieur est mieux dans ce genre de circonstances à mon avis, comme ça on peut se balader dans l'espace, ce que la première personne ne peut pas faire puisque on a le point de vue uniquement du personnage.
— C'est vrai, mais au moins, avec la première, on peut ressentir davantage l'émotion des personnages.
— Avec la troisième aussi, on peut, il suffit juste de bien s'y prendre.
— Oui, peut-être, mais au moins avec la première, on peut avoir le point de vue Célica, notre personnage féminin, et de Driel, notre personnage masculin. Ainsi, on peut se répartir l'écriture plus facilement : moi j'écris Célica, toi Driel. Alors qu'avec la troisième, ça risque d'être compliqué.Même si j'ai encore du mal avec son ton autoritaire et son côté donneuse de leçon uniquement parce qu'elle fait plus de vente que moi, sur ce coup-là, je dois bien admettre qu'elle a raison.
— Sans compter que si on veut vraiment ajouter un point de vue autre que nos personnages principaux pour ajouter du mystère, par exemple, c'est tout à fait possible. Et celui-là, on peut l'écrire à la troisième, insiste-t-elle.
— Oui, c'est en effet plus logique et j'aime beaucoup l'idée d'un point de vue extérieur pour quelques chapitres, approuvé-je en le notant sur mon carnet.Elina retire ses lunettes pour nettoyer les verres puis repose l'une de ses mains sur son ventre, l'autre devant sa bouche.
— Est-ce que tu te sens bien ? m'inquiété-je.
Sa bouche se tord en une légère grimace, pourtant, elle acquiesce.
— Oui, oui, tout va bien.
Bien que je ne sois pas certain que ce soit la vérité, je n'insiste pas. Après tout, ça ne me regarde pas. Et puis, elle semble avoir la nausée, ce qui est commun pour les femmes enceintes. Je me souviens que, lors des cinq premiers mois de sa grossesse, Charlotte était constamment malade. Mais tout de même, je la trouve bien pâle. Plus que les autres jours, je veux dire. Certes, les roux sont connus pour la couleur claire de leur peau, mais je n'ai jamais vu Elina si blanche. Et je suis presque sûr que ce n'est pas uniquement parce qu'elle n'est pas maquillée.
— Maxime, je t'assure que je vais bien, intervient-elle en me voyant bloqué sur elle.
Je secoue la tête pour revenir au moment présent et regarde mes notes dans mon carnet.
— Ah oui, fais-je. J'avais une idée de titre qui pourrait parfaitement coller avec l'univers du roman.
— Je t'écoute.Ma collègue attrape un verre qu'elle remplit d'eau avant de l'avaler presque entièrement en quelques gorgées.
— J'avais pensé à La quête du pouvoir.
— C'est pas un peu trop ressemblant au sous-titre de la série du Seigneur des anneaux ? Je crois qu'il y a Les anneaux du pouvoir dedans.
— Je t'avoue que je n'en ai aucune idée, j'ai pas regardé un seul épisode de la série, elle ne m'inspire pas du tout. Pourtant, j'ai adoré les films et les livres. Mais sinon j'ai eu l'idée de The quest, tout simplement, mais je suis pas trop convaincu.
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Entre nos lignes
RomancePour être de nouveau N°1 des ventes, elle va devoir s'associer avec un autre... Elina, auteure de romantasy à succès, se voit proposer par son éditrice l'écriture d'un roman à quatre mains suite à l'échec commercial de son dernier livre. Consciente...