30. Se rendre compte

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MAXIME

Ma tasse de café entre les mains, je regarde avec une certaine impatience la porte du Café en espérant la voir bientôt s'ouvrir sur Elina, avec qui nous nous sommes donnés rendez-vous ici. Nous avons travaillé hier ensemble, mais comme j'ai bossé la nuit dernière, nous nous sommes octroyés un jour off aujourd'hui. Jusqu'à ce que je me rende compte que tourner en rond dans mon appart ne m'aidait pas à oublier le fait que Charlotte me prive de ma fille. Alors, pour avoir l'esprit occupé, j'ai proposé à Elina de passer du temps ensemble, ce qu'elle a accepté. Nous avons donc convenu de nous retrouver ici, à 16h, dans le 7e arrondissement, pour ensuite aller faire une visite du musée d'Orsay, que je n'ai jamais pris le temps d'aller voir.
La cloche du café retentit, et de suite, je la repère. Ses cheveux roux sont coupés au carré, peut-être s'est-elle rendue chez le coiffeur ce matin car hier encore, elle les avait longs. Ceux-ci sont caché sous un bonnet beige et quand elle se retourne, je remarque qu'elle ne porte pas de lunettes. Et aussi que son ventre est bien plus plat qu'hier, ce qui est franchement étrange.
Ce n'est pas Elina.
Non, ça c'est certain, mais alors qui est cette personne qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau ? C'est peut-être sa jumelle, mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle m'a dit une fois qu'elle n'avait qu'un frère ?
La rousse inconnue semble me repérer — ce qui est vraiment très étrange puisque je ne la connais pas — et s'approche de moi.

— Est-ce que je peux m'asseoir ? me demande-t-elle en pointant la chaise en face de moi.
— Ben... c'est que... bégayé-je, troublé.
— Tu es Maxime Lefèvre, c'est ça ? Le co-auteur de ma sœur ?

Je fronce les sourcils.
De plus en plus curieux...
À la regarder de plus près, elle est vraiment une pâle copie d'Elina. Tout comme elle, elle est magnifique, bien que les traits de ma collègue et amie semblent plus doux que ceux de l'inconnue devant moi.

— Tu...
— Je suis Nola Roy, la petite sœur d'Elina. Elle ne t'a jamais parlé de moi ?

Je ne sais pas quoi dire pour ne pas la vexer, alors je reste pantois, mes mains accrochées à ma tasse comme à une bouée de sauvetage.

— Non, je... Elle m'a parlé de son frère, mais...
— Ouais, ça ne m'étonne pas, soupire-t-elle. Tu permets que je m'assoie ?

Avant que je ne puisse répondre, elle prend l'initiative de s'installer en face de moi.

— Je suis contente de te trouver là, je voulais te rencontrer, m'avoue la frangine qui ne semble pas remarquer mon air perplexe.
— Je t'avoue que je ne comprends rien. Elina t'a parlé de moi ?
— Pas à moi à proprement parlé. Disons que... nous avons une relation très compliquée, elle et moi. Mais j'ai appris qu'elle était en co-écriture et comme elle t'a mentionné plusieurs fois sur ses posts Instagram en parlant de l'avancement de votre roman, ma curiosité a été éveillée.
— Et donc, tu es venu me rejoindre ici à sa place ? la suspecté-je, suspicieux.
— Oh non, du tout ! Ne te méprends pas, je suis entrée dans ce café purement par hasard.

Je reste de marbre, ne sachant pas si je dois la croire ou pas. Ce n'est pas mon genre de juger les gens alors que je ne les connais pas, mais il y a quelque chose de bizarre avec cette fille, elle ne m'inspire pas confiance.
Une serveuse arrive, Nola commande un cappuccino puis revient à moi.

— Tu es ici tout seul ? s'intéresse-t-elle.

Sa question m'agace, mais je ne montre rien et reste courtois.

— J'attends Elina, justement.
— Oh.

Sa boisson arrive, elle boit quelques gorgées alors que mes doigts restent figés sur ma tasse, sans que je ne la monte une seule fois à mes lèvres.

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