33. La ville de l'amour... sans l'amour

11 3 11
                                    

MAXIME

Ma première nuit dans cette petite ville chargée d'histoire a été difficile à cause du non-baiser qu'il y a eu entre Elina et moi. Je ne lui en veux aucunement, elle a bien fait de m'arrêter avant que je ne franchisse le pas, mais depuis, je n'arrête pas de me demander ce que j'ai fait de mal. Mais comme je n'ai aucune envie que cet événement entache ce court séjour, j'ai décidé de ne plus y penser. C'est mieux pour moi, pour elle. Pour nous. Et notre amitié. Je veux simplement profiter de cette ville pleine de richesse tellement différente de Paris, tellement plus apaisante, aussi.
Elina avait raison, nous éloigner de la capitale me fait du bien, même si le manque viscéral de ma fille me broie chaque jour un peu plus les entailles. Mais être ici, loin d'elle et surtout de sa mère, même pour un court laps de temps, m'aide à respirer un peu plus convenablement.

— Tu as aimé cette visite ? m'interpelle mon amie lorsque nous sortons de l'arène, qui trône en majesté sur la Piazza Bra, la plus fréquentée de la ville.
— Oui, c'était vraiment super intéressant. Et toi, tu as apprécié ?
— Beaucoup, mais je t'avoue que certaines marches étaient difficiles à monter.

Inquiet, je propose :

— Tu veux qu'on s'asseoit un coup ? Il y a un banc libre là-bas.

Je pointe du doigt celui qui se trouve non loin du palais Barbieri, qui se situe lui aussi sur la place Bra.

— Et si on allait boire un verre, plutôt ? Et manger aussi, sinon ma fille va finir par me faire regretter de ne pas la nourrir.

Je ris puis acquiesce avant de la guider vers le premier bar-restaurant que je vois : le Da Costa in Bra. Bien que nous ne sommes qu'au mois de mars, il ne fait pas très froid alors la terrasse est ouverte.
La vue que nous avons sur les arènes et la place en général est vraiment très belle, d'ici, on distingue parfaitement de l'architecture ovale de l'arène, construite avec de nombreuses pierres.

Possiamo bere qui ? demande Elina à un serveur qui passe par-là, dans un italien parfait.
Si, naturalmente ! lui répond l'homme en lui offrant un sourire sincère.

Nous nous asseyons, mais pendant encore de longues secondes, je la regarde, encore réellement impressionné par son aisance dans la langue de Dante.

— Tu as fait de l'italien quand t'étais au lycée ? m'intéressé-je.
— Oui, pendant trois ans, je me débrouille mieux qu'en anglais. Et toi tu le parles un peu ?
— Pas un mot, réponds-je en toute honnêteté.

Ce qui l'a fait rire. Mais très vite, nous sommes interrompus par le serveur qui revient vers nous et nous demande ce que nous souhaitons. Comme nous ne sommes qu'en début d'après-midi, je demande un Coca, Elina un thé glacé avec, en plus, un tiramisu.

— T'es sûr que tu ne veux rien manger ? m'interroge-t-elle.
— Oui, certain.

Sans doute innocemment, mais mon corps ne peut s'empêcher de surchauffer, elle pose sa main sur la mienne et me sourit avec délicatesse.

— Tu te sens bien ? Je veux dire... par rapport à Eva et tout ça ?

Je suis touché par sa sollicitude.

— Oui ça va. Elle me manque, mais... j'ai confiance en mon avocat. J'espère simplement que la procédure ne durera pas des années, car je ne le supporterais pas.
— Je suis certaine qu'il en est conscient et qu'il va tout faire pour accélérer les choses. Mais bon sang, c'est quand même pas croyable qu'on estime qu'Eva soit trop jeune pour donner son avis, elle sait quand même bien qu'un juge si elle préfère être avec son père ou avec sa mère.

Je hausse les épaules, étant pourtant du même avis qu'elle.

— La loi française, que veux-tu.

Le serveur revient avec notre commande. Aussitôt, Elina s'empresse de goûter à sa pâtisserie.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant