Entre nos lignes

5. La rencontre

MAXIME

Je n'arrive pas à croire que je vais rencontrer la grande et talentueuse Elina R. Je suis un fan de la première heure, ayant eu un coup de cœur pour sa trilogie Un royaume pour la gloire et ayant adoré son dernier, Une couronne de sang.

— Tu y vas ? me demande ma petite sœur en arrivant dans l'entrée de mon appartement.
— Ouais. Ça va aller pour toi ?
— Mais oui, t'inquiète, je vais me poser devant une série.
— T'es sûre ? Il fait froid, mais y'a du soleil, tu veux pas plutôt aller te balader ? Je peux envoyer un message à Carine pour dire que je serai en retard et t'accompagner quelque part, si tu veux.

Maëlle me regarde comme si j'étais débile.

— Maxou, va à ton rendez-vous, ne t'occupe pas de moi, je suis une grande fille. Et puis si j'ai envie de sortir, j'appelle un taxi et puis voilà.
— Sauf que non, parce que l'ascenseur est en panne depuis hier soir. Faut d'ailleurs que j'appelle le syndic' pour le faire réparer rapidement, on peut pas rester comme ça. Du coup, tu veux bouger ou pas ?

Elle soupire.

— Maxou, stop, va rejoindre Carine, je t'attends ici. Si je veux bouger, j'attendrai que tu sois de retour et puis voilà. Maintenant fais-moi un bisou.

Je me baisse à sa hauteur et claque un baiser sur sa joue avant d'attraper mes affaires et de sortir de chez moi. Je descends l'étage nécessaire et les portes du hall passées, je suis soufflé par un courant d'air frais. Je remonte mon écharpe jusqu'à mon menton et peste contre moi d'avoir oublié mon bonnet. Tant pis, je n'ai pas le temps de remonter, je ferai sans.
Je me dirige vers la bouche de métro la plus proche et m'installe dans une rame, direction l'avenue de l'opéra.

À la sortie de la bouche de métro de l'Opéra Garnier, je prends une grande respiration après avoir retenu ma respiration le temps de monter les marches à cause de l'odeur de pisse qui se trouve dans le tunnel. Les gens sont vraiment dégueulasses. Paris est une si belle ville, malheureusement gâchée par toutes ces incivilités.
Je me dirige vers l'avenue de l'opéra, envoie un message à Carine pour la prévenir que je suis bientôt là et me plante devant le restaurant qu'elle m'a indiqué. Ça m'a l'air assez chic, mais comme nous ne sommes pas loin du Palais Garnier, cela n'a rien de surprenant. Légèrement anxieux, je frotte mes mains entre elles et soufflent à l'intérieur pour les réchauffer avant d'entrer dans le resto. Je parcours la grande pièce des yeux et tombe sur une table où sont assises deux femmes. Une blonde aux longs cheveux lui arrivant presque aux fesses quand elle les détache — mon éditrice Carine — et une rousse aux fines montures de lunettes. Je la reconnais tout de suite comme Elina R. et, de suite, mon cœur fait une embardée dans ma poitrine. Je n'ai pas le temps de faire deux pas que Carine me repère et, la seconde d'après, Elian tourne sa tête vers moi. Je souris, fais un signe de main à mon éditrice puis me dirige vers leur table. Leurs assiettes pleines sont déjà devant elles.

— Bonjour, Maxime, me salue Carine en me faisant la bise. Tu m'avais bien dit de ne pas t'attendre pour manger ?
— Oui, oui t'en fais pas, j'ai mangé avec ma sœur juste avant de venir.

Elle acquiesce.

— Je te présente Elina Roy, dit-elle en me la montrant de la main alors que je n'ai pas eu besoin d'elle pour la reconnaître.

Je lui tends une main amicale qu'elle me rend.

— Je suis honorée de faire votre connaissance, lui avoué-je, j'ai lu tous vos romans et les ai tous lu sans exception.

Elle hausse un sourcil, comme surprise.

— Même le dernier ?
— Oui, même celui-là. Très différent de votre trilogie, mais tout autant addictive.
— Si seulement tout le monde pouvait penser comme vous... Je suis enchantée de vous connaître, Maxime.