20. Se rapprocher

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ELINA

Avant-hier, avec Maxime, on n'a pas été très efficace dans l'écriture de notre premier chapitre respectif, mais on a passé un très bel après-midi, comme je n'en avais pas eu depuis un certain temps. J'ai découvert un Maxime, blagueur et bon enfant, il m'a agréablement surprise. Plus que collègues, nous allons peut-être pouvoir devenir amis. Enfin, n'allons pas trop vite en besogne non plus. J'ai peu d'amis, et c'est pour une raison. Ceux que j'ai et que j'ai gardés, c'est parce qu'ils ont toujours été sincères avec moi, contrairement à d'autres qui ont simplement profité de ma gentillesse et de mon compte en banque pour me la mettre à l'envers. Je ne dis pas que c'est le cas de Maxime car lui aussi a de l'argent — pas autant que moi, mais quand même — mais il n'empêche que je reste méfiante, même si je me détends un peu plus avec lui après ce mois de collaboration.

— ... m'entends ? Elina ?

Je secoue la tête et reviens au moment présent. Je pose mon regard sur le visage de Maxime qui m'observe avec un certain intérêt.

— Pardon, je suis partie loin. Tu disais ?

Il rit doucement.

— T'es OK avec les retours qu'on s'est fait pour le premier et le second chapitre ? On peut passer aux suivants ?

Je relie une dernière fois les commentaires qu'il m'a écrit sur le document et vérifie les miens, puis je hoche la tête en signe d'approbation.
J'enfile mes écouteurs, démarre la musique de ce génie qu'était Mozart, échange un regard complice avec Maxime et commence à écrire le second chapitre du point de vue de Célica. Mais très vite, je relève les yeux de l'écran de mon ordi pour espionner discrètement mon collègue, qui semble très concentré. Sa boucle d'oreille, qui visiblement ne le quitte jamais, un peu comme mon vernis sur les ongles, pendouille et bouge légèrement quand il effectue des mouvements de têtes. Sa barbe est coupée d'un peu trop près, ce qui me déplaît un peu, je préfère quand elle est légèrement plus fournie, ça le rend plus mature et ça lui rajoute un charme de fou. Ses yeux bleus captent les miens. Ils restent accrochés l'un à l'autre, comme des aimants. Mais je détourne vite le regard pour me concentrer sur mon chapitre. Si on veut tenir le planning qu'on s'est fixé pour l'écriture, pour ensuite faire une phase de relecture intégrale avant de l'envoyer à Carine, il ne faut pas traîner. Je déteste prendre du retard. Bien qu'on ait pas de deadline imposée par notre éditrice, je ne supporterai pas de ne pas respecter ce qu'on s'est dit. Surtout que plus ma grossesse va avancer, plus je vais avoir des mal de dos et des soucis de concentration, alors mieux vaut avancer un maximum pour l'instant.
J'augmente le volume de ma musique pour ne pas me laisser déconcentrer et laisse mes doigts taper sur le clavier ce que j'imagine dans ma tête.

***

Voilà près d'une heure et demie que Maxime et moi travaillons sans faire la moindre pause, même pas pour aller aux toilettes. Mais cette fois, je ne peux plus me retenir, il faut que j'y aille avant que ma vessie n'explose. Je quitte alors ma chaise et, toujours la musique dans les oreilles, je me dirige vers les toilettes où j'ai l'impression d'évacuer un bulldozer tellement je suis soulagé. À partir de maintenant, je ne me retiens plus aussi longtemps.

— Va falloir arrêter de faire pression sur la vessie de maman, mon ange, marmonné-je à mon bébé, une main sur mon ventre, un sourire attendri sur mon visage. Cinq mois... Encore cinq mois à tenir et je pourrai enfin tenir ce petit être que je désirais tant dans mes bras. C'est long et proche à la fois. Le temps passe tellement vite que c'est comme si j'avais appris ma grossesse hier et que j'accoucherai demain.

Lorsque je reviens, je me sers un grand verre d'eau que je bois cul-sec, mais j'avoue qu'un bon café ne me ferait pas de mal. Mais j'ai promis à Bastien que j'en boirai plus jusqu'aux termes et je compte tenir parole.
Dans ma poche, mon téléphone vibre, c'est ma meilleure amie :

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant