13. Se découvrir

8 4 0
                                    

ELINA

Lorsque je me gare devant la patinoire, je vois bien au regard de Maxime, ancré sur la façade, qu'il est dubitatif.

— C'est original de venir boire un verre dans une patinoire, blague-t-il.

Je lui jette une œillade avant de pouffer.

— C'est donc ici que tu as passé une grande partie de ta vie ? m'interroge-t-il.
— Oui, j'adore patiner, ça a tendance à me détendre et c'est ce dont j'ai besoin aujourd'hui.
— À cause de la réunion avec Carine ?
— Non, du tout.

Sur ce mystère, je quitte l'habitacle en resserrant mon écharpe autour de mon cou, puis j'ouvre mon coffre où je m'empare de mon sac de sport contenant mes patins.

— Ça te va si je patine un coup avant de boire un verre avec toi ? demandé-je. Il y a un café dans l'enceinte, tu pourras m'y attendre.

Je lui jette un coup d'œil et pour la première fois, je peux observer cette boucle qui porte à l'oreille droite. C'est un simple anneau en or qui, je dois bien l'avouer, lui ajoute une touche sexy.
Arriver à l'intérieur, nous payons nos billets d'entrée, refuse la location de patins puisque j'en possède, mais me tourne vers mon partenaire :

— Tu veux t'essayer à la discipline ?
— Sans façon, je préfère regarder, l'équilibre, ce n'est pas mon truc.
— T'es sûr ? Pourtant c'est libérateur.
— Oui, je t'assure.
— Bon...

Je hausse les épaules puis nous nous dirigeons tous deux vers les vestiaires où je m'enferme dans une cabine pour enfiler ma tenue de sport, constitué d'un jogging fin ainsi qu'un tee-shirt à manche longue, serré au corps, pour la liberté de mouvement. Seulement, lorsque je me regarde dans le miroir, je me rends compte qu'à cause de ces vêtements près du corps, mon ventre n'est pas dissimulé. Mais après tout, pourquoi cela me dérange ? Je n'ai pas honte d'être enceinte, bien au contraire. Il va juste falloir que je ne fasse pas de figures trop compliquées, afin de ne pas prendre le risque de tomber, même s'il y a peu de chances. Car après la tension et les émotions accumulées hier, je ne vais pas avoir le choix de faire quelques pirouettes et pas seulement faire des tours de patinoire, si je veux évacuer correctement tout ce qui me tourmente depuis hier.
À la sortie du vestiaire, je retrouve Maxime qui a ses iris plantés sur moi, et particulièrement sur mon ventre légèrement arrondi. Pendant un instant, je suis surprise qu'il ait tout de suite été attiré par celui-ci, puis je me souviens que, lorsqu'il est venu chez moi, il est tombé sur mon magazine de maternité.

— Tu... va pas avoir froid, si peu vêtue ? s'inquiète-t-il.
— Non, au contraire, je vais vite avoir chaud.

Patin aux pieds, nous marchons en direction de la glace où, par chance, il y a peu de monde.

— Le café est juste-là, lui indiqué-je du doigt. Tu peux m'y attendre, je te promets que je n'en ai pas pour longtemps.
— Fais comme tu le sens, mais est-ce que je peux te regarder d'ici ?

Bien que sa question me surprenne, j'accepte. Alors, il s'installe juste derrière les barrières, je lui confie mes protège-lames et vais sur la glace.

— Fais attention, me recommande-t-il.

Je me retourne vers lui et commence à patiner en arrière.

— Ne t'inquiète pas, tu parles à une fille qui aurait pu passer pro si elle le voulait.

Je lui tourne le dos, enfile mes écouteurs, démarre ma musique pour me plonger dans ma bulle et m'élance. D'abord, je fais quelques tours pour m'échauffer en prenant de plus en plus de vitesse puis je commence à effectuer quelques sauts et pirouettes. Totalement dans mon monde, j'évolue sur la patinoire comme si j'étais seule sur la glace et en ce lieu. Je laisse l'adrénaline s'imprégner de mon corps qui vibre de bonheur et à la seconde, un sourire radieux se dessine sur mon visage. Mon regard croise Maxime qui ne décroche pas le sien de moi. C'est déstabilisant. Mais ce n'est pas ça qui va me faire chuter,ou rater un saut. Malheureusement, je ne peux pas en faire autant que je le veux car je reste consciente que je dois me ménager pour le bien de mon bébé. Alors, après de longues minutes à virevolter dans les airs,  à glisser sur la glace et en étant certaine que mon corps est totalement détendu et que toutes les tensions et les émotions néfastes d'hier m'ont déserté, je me dirige de nouveau vers Maxime et m'arrête à sa hauteur, essoufflée, mais heureuse.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant