8. Conflit familial

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ELINA

Contre la porte d'appartement de mon frère, je donne deux coups contre celle-ci, Duchesse dans mes bras. À la base, je ne devais pas venir avec elle, mais je l'ai sorti un peu pour qu'elle fasse ses besoins et une fois de retour dans mon appartement, elle ne m'a pas quitté, alors j'ai craqué, je suis trop faible face à cette chienne.
La tête blonde coiffée en brosse de mon frère apparaît dans l'embrasure de la porte.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas que Duchesse soit dans tes bras ? interroge-t-il, las.

J'éclate de rire face à sa moue.

— Ne me fais pas croire qu'elle te dérange, tu l'adores, cette chienne ! Tu veux que je te montre les photos que tu m'as envoyées de vous deux quand j'étais à New York ?
— Ça ira.

Il s'écarte pour me laisser passer, je remets Duchesse  au sol pour qu'elle puisse aller gambader dans cet appartement qui est comme sa deuxième maison puis je rentre, suivi de peu par mon grand frère.

— Tu veux boire quelque chose ? me propose-t-il.
— Un café.
— C'est pas une boisson déconseillée pour les femmes enceintes ?
— Si, mais ça ne sera que ma troisième tasse de la journée, c'est le maximum que je m'autorise. De toute façon, tu me connais, non ? Je mettrais pas en danger la vie du foetus, je tiens trop à cet enfant.

Obligé d'approuver, il acquiesce et se dirige vers sa cuisine tandis que je m'installe sur le canapé du salon.
Il revient quelques minutes plus tard avec deux tasses et un paquet de gâteau.

— Bon, commencé-je en lui tapant la cuisse. Parle-moi de ta nouvelle copine. Maëva, c'est ça ? Rencontre, physique... je veux tout savoir !

J'attrape un biscuit que j'enfourne dans ma bouche. Duchesse, aussi gourmande que sa maîtresse, me regarde avec des yeux de merlan-frit, je résiste environ deux secondes avant de lui donner un bout.
Très vite, elle monte sur mes genoux et se cale contre mon ventre très légèrement rebondi, ce qu'elle fait très souvent depuis que je suis enceinte, c'est comme si elle l'avait compris, je ne peux m'empêcher de craquer face à cette mignonnerie.
Je jette un coup d'œil à mon frère qui reste muet alors qu'il en a, des choses à me raconter à propos de cette Maëva.

— Et du coup, ta copine ? le pressé-je en buvant quelques gorgées.
— On s'est rencontrés dans mon bar.
— Ça ne m'étonne pas, tu es marié à cet endroit, commenté-je.
— Elle n'est pas parisienne de naissance, elle y a emménagé il y a quelques mois. C'est sa meilleure amie, qui est elle est une habituée de mon établissement, qui a joué les entremetteuse. Et entre nous, ça a tout de suite matché. On a plusieurs points communs et ce soir-là, on a parlé pendant des heures, jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle.
— C'était quand, ça ?
— Quelques jours avant Noël, je dirais.
— Et donc le jour de mon retour, vous vous êtes revus ?
— Oui, c'était notre troisième date.
— Ah oui, alors vous vous voyez souvent. Et alors, il s'est passé quoi ?
— Rien, on n'a pas encore franchi d'étape, on ne fait que discuter pour le moment pour se connaître. Mais... je me sens bien avec elle, on rigole et on se complète bien. Seulement, je veux qu'on prenne notre temps, on va avoir trente ans tous les deux, on veut tous les deux être sûr que ça puisse marcher avant de se poser.
— C'est légitime. Mais il n'y a même pas eu de bisous ?
— Non, rien. Pas pour le moment, en tout cas. Mais toi alors, raconte. Tu ne m'as pas dit comment s'est passé ta rencontre avec l'auteur avec lequel tu vas devoir travailler.

J'arque un sourcil, lui demandant s'il est sérieux de changer de sujet, mais vu son air sérieux, je lui accorde cette faveur. Mais qu'il ne se repose pas là-dessus car je compte bien revenir au sujet de base.

— Déjà, malgré quelques défauts dans son premier bouquin, il écrit des histoires passionnantes et addictives, donc c'est un bon point, débuté-je. Mais ce qui risque de nous poser un très gros problème, c'est l'organisation. On travaille différemment, ça va être dur de trouver un terrain d'entente.
— Je suis certain que ça va bien se passer.
— Permets-moi d'avoir quelques doutes. Bon, oublions le fait que je n'ai jamais travaillé en duo, mais outre ça et même s'il me semble gentil, je pense que ça risque de partir au quart de tour plus d'une fois entre nous.
— Pourquoi ? La première impression n'a pas été bonne ?
— Oh si, si, là n'est pas le problème, mais...

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant