22. Sortie moto

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MAXIME

Le soleil est enfin de retour. Les températures ne sont pas très hautes, après tout, nous ne sommes que début février, mais ça ne va pas m'empêcher d'aller faire un tour de moto. Et pas avec n'importe qui ; je compte bien proposer à Elina de m'accompagner. Plusieurs jours sont passés depuis ma frayeur à cause d'un mal de tête atroce. Le médecin m'avait préconisé du repos avec Elina et moi ne nous sommes pas revus pour bosser. Cette pause m'a fait du bien, mais désormais, j'en ai marre, j'ai besoin de bouger. Et aussi, je l'avoue, de la revoir. Alors, blouson de moto sur le dos et bottes, j'attrape mon casque et les clés de ma Suzuki. Mais avant de partir, je me dirige vers la chambre de ma sœur. Aujourd'hui, même si j'ai fini par accepter le fait qu'elle retournait au bureau plusieurs fois par semaine, elle est en télétravail.

— J'y vais, marmonné-je pour ne pas la déranger et ne pas faire de bruit, puisqu'elle semble être en réunion.

Elle me lance un regard pour me signifier qu'elle m'a entendu, puis je quitte son antre.
Dans le garage, je fais vrombir le moteur de ma bécane, je ferme les yeux, savourant ce bruit que j'entends beaucoup trop peu une fois le froid de retour. Je la laisse tourner un peu le temps d'ouvrir mon garage et de mettre mon casque, puis je l'enfourche et m'élance dans les rues parisiennes. Conduire en voiture est une galère, mais en moto, c'est un peu plus simple puisque je peux me faufiler, mais rien n'empêche le fait que ça reste assez stressant, surtout quand des abrutis nous coupe la route sans raison et que les cyclistes se croient les rois du monde uniquement parce qu'ils sont écolos. Heureusement que j'ai du réflexe, sinon j'aurais renversé celui qui vient de me couper la route.

— Connard, le code de la route c'est pour tout le monde ! l'insulté-je en klaxonnant.

Il fait comme s'il ne m'avait pas entendu. Je lève les yeux au ciel et redémarre.
Arrivé devant l'immeuble d'Elina, je gare ma moto sur le petit parking devant puis après avoir retiré mon casque, je m'introduis dans l'immeuble avant de venir toquer à son appart une fois le cinquième étage atteint.

— Maxime ? Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonne-t-elle en m'ouvrant la porte.

À ses pieds, Duchesse saute sur ses pattes arrière en tirant la langue, heureuse de me voir et comme si elle me demandait de la prendre dans mes bras. Je m'agenouille et lui fais des papouilles derrière les oreilles.

— On avait calé un rendez-vous pour bosser et j'ai oublié ? me demande la belle rousse.
— Non, du tout, je viens à l'improviste. En fait...

Je frotte ma barbe de quelques jours en ignorant le fait qu'elle me regarde faire avec attention.

— Je me demandais si tu voulais venir faire un tour de moto avec moi, balancé-je dans un souffle, soudain anxieux.
— Je te l'ai dit, je ne conduis plus depuis que je suis enceinte.
— Je sais, c'est pour ça que je te propose de monter derrière moi.

Son expression ahurie est à mourir de rire.

— En toute amitié, bien sûr, ajouté-je.
— Je... tu me prends de cours, je... tu aurais dû me prévenir, je...
— Je sais, tu n'aimes pas les plans à l'improviste, mais il y a du soleil, il ne fait pas si froid ; c'est le moment idéal pendant que tu peux encore parce que je sais que quand tu auras atteint le cinquième mois, ce sera plus difficile et plus risqué.

Pendant de longues secondes, elle reste là, dans le chambranle de sa porte d'entrée, une main sur l'embrasure, ses yeux à moitié dans le vague.

— D'accord, j'accepte, finit-elle par avouer. Mais avant, entre, je t'en prie, il faut que je me change.

J'acquiesce et entre à sa suite. Quand j'entre dans la pièce principale en posant mon casque, mon blouson et mes bottes à l'entrée, je suis toujours autant subjuguée par la vue imprenable sur le Sacré-Coeur. Vu d'ici, il est majestueux. Et, sur l'îlot central de la cuisine, l'énorme bouquet de fleurs que ma soeur lui a envoyé pour la remercier de m'avoir amené à l'hôpital.

Entre nos lignesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant