15. Capitaine Elias

54 15 70
                                    

Les cloches s'étaient mises à sonner, de la prison on pouvait entendre l'engouement de la ville.

- L'heure approche... Dit Edouard, regardant par la petite fenêtre de la cellule.

Le Capitaine Elias le regarda alterner entre la fenêtre et dévisager sa femme. Il n'arrivait pas à se sentir coupable. C'étaient eux qui avaient voulu rechercher les pièces de Nepta.

Même si en un sens, cela l'arrangeait. Il n'était pas le seul au moins à prendre les risques.

- Je ne retrouverais jamais mon fils... pleura encore Maria.

Il l'avait écouté pleurnicher tous les jours depuis leur arrestation. Il avait du mal à comprendre la vie qu'ils s'étaient choisis. Eux qui étaient tellement doués pour la piraterie... Il ne s'était jamais imaginé qu'elle aurait été capable d'autant pleurer.

Édouard et Maria étaient d'anciens pirates, de vieux « amis » pour lui. Même si malgré toutes les aventures sur les mers, il les avait trahis plus d'une fois. L'appât de l'or était devenu sa priorité depuis longtemps. À quoi bon s'attacher à quelqu'un, tout le monde finissait par partir, par trahir. Ou mourir.

Lorsqu'ils s'étaient retirés pour vivre leur vie avec leur enfant, le laissant seul face au vaisseau du Commandant Flynn, il s'était aussi senti trahi. Ils l'avaient laissé tomber, sans prévenir, pour « le bien-être de leur famille ».

« Des lâches, voilà ce qu'ils sont... »

Un Corsaire, empoté et dégoulinant de sueur vint ouvrir la cellule, et dit d'un air narquois :

- Allez, c'est l'heure les fameux pirates !

Il ne pouvait pas cacher sa joie visiblement.

- Seulement les fugitifs, et Elias, gronda une voix dans le dos du garde.

Le frère du Roi affichait un large sourire, et attendit patiemment que le garde ait attaché solidement les mains des trois prisonniers.

- Vous n'avez pas pu vous empêcher de louper l'événement hein ? Blagua le Capitaine Elias.

- Tu n'arriveras jamais à te taire ? S'énerva Edouard.

- Que veux-tu qu'il nous fasse de pire Edouard ? Il nous conduit déjà à la potence. Et puis, quel honneur de mourir sous les yeux de ce cher Charles, frère du roi?

- Je vous ai poursuivis pendant tellement d'années, pour arriver à cette magnifique journée, vos railleries ne viendront pas entacher mon bonheur.

- Et les autres ? Interrogea Maria, en désignant tout l'équipage de l'Hippogriffe.

- Leur exécution n'est prévue que pour demain, informa Charles.

Les gardes les tirèrent tous les trois hors de la cellule.

Le soleil les força à se protéger les yeux, après autant de jours sans voir vraiment la lumière, ils eurent du mal à s'habituer à la clarté du jour.

Le Capitaine Elias remarqua de suite le chemin fait par les Corsaires, des attroupements de villageois derrière eux.

- Chouette, je n'avais jamais eu une haie d'honneur ! Blagua-t-il.

- Il ne t'en faut pas beaucoup pour être heureux, railla Maria. Dis-moi que tu as un plan Elias.

Mais Elias ne répondit pas, il avait beau réfléchir, il n'avait aucune idée de comment s'en sortir.

- Tu as toujours un plan, renchérit Edouard dans son dos. Alors sors-nous de ce pétrin.

- Je croyais que je n'étais qu'un traître, répondit Elias, et maintenant tu veux que je te sauve?

- Tu n'aurais aucun scrupule à nous laisser mourir et nous abandonner ?

Il voulut répondre mais se rattrapa. Fut un temps, il aurait eu des scrupules, mais aujourd'hui.... Mais il avait encore besoin d'eux.

Il lui faudrait pourtant un miracle pour se sortir de là.

Ils entamèrent leur longue marche sous les cris et les jets de pierres.

Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta Où les histoires vivent. Découvrez maintenant