Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta

52. Olivia

- Je peux savoir ce que tu fous avec eux ? S'énerva Olivia lorsqu'elle arriva à hauteur du pirate et des deux Corsaires.

- Je fais juste ce qu'on m'a demandé de faire moi, répondit-il.

- Rien à faire, moi je te dis de les laisser.

Olivia bouillait intérieurement, elle n'osait même pas regarder Nathan.

- C'est moi qui lui ai demandé de les ramener, dit une voix à travers les bois. Il devait venir te chercher aussi après.

Lydia apparut à la lisière de la forêt, une lanterne en main. Elle s'adressa de nouveau au pirate :

- Tu peux nous laisser, merci.

Olivia le regarda partir et s'adressa à son amie :

- Tu joues à quoi là ?

- Oh la ferme, et suivez-moi.

Elle emboîta le pas de son amie sous le regard incrédule des Corsaires.

- Je croyais que vous ne vouliez pas nous tuer, râla Liam. Alors on fait quoi là ?

-Tu verras, répondit Lydia sèchement.

- On n'y voit rien sur ce chemin, on va finir par s'éclater la tronche au sol, continua Liam.

- Sans doute, s'agaça Lydia.

- Sérieusement, Nathan est trop faible pour aller faire une balade dans les bois ! S'énerva Liam.

- On est bientôt arrivé, répondit encore Lydia.

- Bientôt arrivé où?

- Non mais c'est pas possible, il râle toujours autant celui-là, Oli ? Railla Lydia.

- Et encore... Là c'est rien du tout, je le trouve plutôt sage... blagua Olivia.

Mais Lydia ne répondit pas. Olivia se doutait de ce qu'elle allait faire, elle préféra garder le silence avant qu'elle ne change d'avis.

Ils arrivèrent au bord d'une petite rivière, quelques lanternes éclairaient suffisamment l'endroit. Elle intima à Nathan de s'asseoir sur une pierre au bord de l'eau. Liam resta prostré devant son ami.

- Bouges de là, lui intima Lydia.

- Pas avant que tu m'aies dit ce que tu voulais faire, dit Liam.

- Liam, laisse-la faire, si tu veux qu'elle aide Nathan, rajouta Olivia.

Liam hésita, mais il finit par prendre place sur un rocher près de Nathan. Olivia s'interdisait de regarder de Nathan. S'il était dans cet état, c'était à cause d'elle, et elle n'arrivait pas à se le pardonner.

- Bois ça, dit Lydia en tendant un bol à Nathan.

- Qu'est-ce que c'est ? Dit Liam, écœuré par l'odeur.

- Bois-le, on s'en fiche.

Nathan hésita, mais il finit par avaler son bol entièrement.

- Retire-lui sa chemise.

- C'est demandé aussi gentiment, grommela Liam.

Mais il s'exécuta tout de même, et Olivia détourna le regard lorsqu'elle entendit les gémissements de douleur de Nathan.

Lydia resta un moment à regarder les plaies du jeune homme. Elle passa une main dans ses cheveux châtains, qui lui tombaient sur les épaules, et grimaça.

- C'est totalement infecté... Je vais devoir nettoyer et cautériser les plaies, avant de pouvoir mettre quelque chose dessus. Ça va faire mal Corsaire, mais il vaut mieux que tu évites de crier si tu ne veux pas nous attirer de problèmes.

Nathan hocha la tête pour dire qu'il avait compris. Lydia commença à laver le dos de Nathan avec de l'eau fraîche.

- Ne bouge pas, grimaça-t-elle.

- Tu crois que c'est facile sans doute, dit Liam pour défendre son ami.

- Non, mais s'il ne se laisse pas faire, je ne me battrais pas pour l'aider.

- Ouais, ça ne m'étonne pas de toi !

- Arrête Liam, elle a raison, dit Nathan, puis il se tourna vers Lydia. Je ne comprends même pas pourquoi tu m'aides.

- À vrai dire, moi non plus, dit-elle en lançant un regard à Olivia.

- Merci quand même, dit Nathan.

- Ne me remercie pas, si ça ne tenait qu'à moi, je te laisserais crever Corsaire.

- Comme tous les pirates, forcément, railla Liam. Sans âme et sans cœur hein. Rien d'étonnant finalement, vous êtes tous les mêmes.

- Parce que les Corsaires valent mieux peut-être, dit Lydia.

Olivia connaissait beaucoup trop Lydia, et elle sentait la colère gagner son amie de plus en plus. Elle avait tellement peur qu'elle change d'avis et ne soigne pas Nathan.

- Ta gueule Liam pour une fois, lança Olivia.

- Non, non je vais pas la fermer, évidemment que les Corsaires valent mieux que vous. On ne passe pas notre temps à piller, ravager, tuer, saccager tout sur notre passage ! On passe notre temps à réparer vos dégâts ! Pour chaque navire que vous pillez, ce sont des rations de nourriture que beaucoup de gens n'ont pas ! Vous mettez tout le système en retard et en danger avec vos agissements ! Vous ne pensez qu'à vous ! Les Corsaires du Roi cherchent à faire régner la paix et la justice dans l'archipel.

Lydia s'arrêta, toisa le Corsaire, et répondit sur le même ton.

- Et tous ceux qui n'ont pas les moyens de vivre dans vos belles villes, avec une belle maison et de s'offrir la nourriture que vous mangez? Tu en fais quoi ?  Tous ceux qui ne peuvent pas se le permettre, hein ? Crois-tu que c'est par plaisir que beaucoup finissent pirate ? C'est une nécessité, car nous faisons partie de ceux que le Roi oublie, nous ! Tu veux qu'on parle de paix et de justice ? Elle était où la justice quand mes parents se sont fait pendre pour avoir volé de la nourriture pour nourrir ma famille ? Elle était où la paix quand j'ai fini dans un putain d'orphelinat, formée à devenir domestique ? Elle était où ta putain de justice quand les connards de Corsaires venaient tous les soirs nous violer dans nos chambres ? Elle était où ta putain de paix quand ton putain de Commandant Harys a décidé de faire de moi sa putain de pute alors que j'avais 11 ans ?

Lydia s'arrêta un instant pour respirer, tout en continuant de fixer Liam. Pas une larme n'avait coulé de ses yeux. Son visage était froid, et fermé. La vie l'avait endurci depuis tant d'années.

- J'ai trouvé ma paix et ma justice toute seule, sans ton connard de Roi, et sans les bâtards de ton espèce. Maintenant, ferme-la, avant que je ne change d'avis sur ton ami.

Olivia observa Liam, si Lydia n'avait pas pleuré, lui avait les yeux qui brillaient. C'était d'ailleurs la première fois qu'elle le voyait comme cela.

Eux, les Corsaires qui pensaient avoir raison sur tout en permanence, avaient été remis à leur place.

Quant à Nathan, elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle se doutait de la tête qu'il faisait.