53. Lieutenant Nathan Flynn

43 10 62
                                    

Il avait écouté l'histoire de Lydia, et c'était la gorge serrée qu'il essaya de penser à autre chose, plutôt que d'imaginer l'horreur qu'elle avait vécue.

- Je vais devoir cautériser, ça va être vraiment douloureux, lâcha-t-elle. Si tu veux mordre dans quelque chose pour ne pas crier, tu peux.

Elle s'éloigna pour chercher une lanterne, ouvrit la fenêtre et laissa chauffer la lame de sa dague.

- Il va bouger, dit la femme à Liam, il faut que tu le maintiennes sur place.

Liam opina, et s'assit près de son ami, et lui attrapa le bras.

- J'y vais, lâcha Lydia.

L'appréhension de la douleur faisait battre son cœur à pleine vitesse dans sa poitrine. Il ferma les yeux et il sentit le fer chaud sur ses plaies, il mordit de toutes ses forces dans sa chemise. La douleur lui traversa tout le corps, et bien qu'il savait qu'il ne devait pas bouger, ce fut plus fort que lui. Il rabattit son bras libre sur son torse.

- Olivia, viens, cria Lydia. Prends-lui le bras, dépêche-toi, plus vite se sera fait, mieux se sera.

Il sentit Olivia lui attraper le bras, mais n'osa pas la regarder. La honte de la situation était plus forte que lui. Lydia le prévint qu'elle allait recommencer, et il se crispa totalement.

Alors que la jeune femme lui brûlait le dos, il prit sur lui pour ne pas hurler. Il pouvait sentir son corps en ébullition, et des gouttes de sueur lui tombaient sur le visage. Lorsqu'elle retira la lame, il respira comme il put. La tête commençait à lui tourner.

Olivia passa délicatement un bras sous le sien, fit glisser ses doigts entre les siens. Elle appliqua une légère pression, et posa son autre main sur son épaule.

Il tourna tout de même la tête vers elle, elle le regardait avec tendresse. Il ne voulait pas détacher ses yeux d'elle, son contact, son regard, son odeur, l'aidait à respirer. Il tâcha de détailler son visage, pour penser à autre chose.

Lorsqu'il sentit à nouveau le fer sur sa chair, la douleur lui semblait plus acceptable.

Elle n'avait pas lâché sa main, et même s'il devait lui broyer les doigts à chaque fois, elle n'en dit rien. Elle resta calme près de lui, et sa présence l'apaisait.

- C'est fini, dit Lydia, après un long moment.

Il ferma les yeux de soulagement, mais les rouvrit en sentant Olivia lui enlever la chemise de la bouche. Elle s'en servit pour essuyer son visage.

Liam avait desserré son étreinte autour de son bras, mais Olivia n'avait pas lâché sa main.

- Je vais appliquer une pommade dessus, il faudra en remettre régulièrement.

Il desserra néanmoins ses doigts autour des siens. Elle n'avait pas lâché son regard. Lorsque Lydia arrêta et se releva, il fut presque déçu que cet instant soit terminé.

Olivia posa sa tête sur son épaule l'espace d'un instant, mais elle finit par retirer sa main de la sienne et se releva. Liam l'aida à se remettre sur pieds.

- Ça va aller, Liam, merci, dit Nathan lorsque ce dernier voulut l'aider à marcher.

- La boisson que tu as bu est un anti-infectieux. Tu devrais déjà te sentir mieux. On devrait retourner au camp, c'est par là.

Tandis qu'Olivia allait la suivre, il resta sur place.

- Tu es sûr que ça va Nathan ? Demanda Liam.

- Oui, je t'assure. Olivia, tu peux rester un moment, s'il te plaît?

Il sentit le regard désapprobateur de Liam posé sur lui, mais il n'en avait rien à faire. Lydia s'était elle aussi retournée, mais Olivia continuait de lui tourner le dos.

Lydia décida de repartir, et malgré l'hésitation, Liam finit par lui emboîter le pas.

Il les regarda s'éloigner, alors qu'il voulut lui parler, Olivia parla la première en se tournant vers lui :

- Je sais ce que tu vas me dire, je sais que tu m'en veux pour avoir assassiné ton Commandant. Je sais que tu avais de l'estime pour lui. Je ne vais pas m'excuser pour ce que j'ai fais. Après tout ce qu'il m'a fait, non je n'ai pas de remords. Et je le devais à Lydia, après ce qu'il lui a fait subir enfant ...

Nathan ne dit pas un mot, et marcha dans sa direction.

- Oui, continua Olivia, je sais que tu penses que je suis juste une sale pirate, sans âme, sans conscience, incapable d'éprouver quoi que ce soit, et surtout pas des regrets. Je sais que tu crois que je suis juste une manipulatrice, une menteuse, et notamment une meurtrière.

Il se rendit compte qu'elle avait les larmes aux yeux lorsqu'il s'arrêta devant elle.

- Je n'ai pas besoin d'une leçon de morale supplémentaire, continua-t-elle tandis qu'il se rapprochait encore d'elle. Je ne peux pas changer ce que j'ai fait...

Elle marqua un temps de pause, tandis qu'il avait approché son visage à quelques centimètres du sien. Elle avait enlevé le déguisement de Corsaire, et avait repris son ancienne tenue. Il ne put s'empêcher de penser qu'elle était magnifique ainsi. Il se rapprocha encore d'elle, et même si elle ne bougea pas, ses yeux étaient fuyants.

- Tu devrais rester loin de moi, et écouter ce que ton ami Liam te dit... Il a raison, je ne t'attire que des ennuis. Je ne suis pas quelqu'un de bien... Reste loin de moi Nathan, ça vaudrait mieux pour toi. Et tu le sais, regarde ce qui t'est arrivé par ma faute...

Il posa son front contre le sien, et l'obligea d'un doigt sous le menton à relever ses yeux sur lui. Il sentait son souffle chaud et rapide sur son visage. Il se fichait totalement de ce qu'elle pouvait lui dire, il savait ce qu'il voulait.

- Tu devrais rester loin de moi, Nathan... souffla-t-elle.

Peut-être avait-elle raison, mais rien de tout cela n'avait d'importance.

Il posa ses lèvres sur les siennes, et l'embrassa tendrement. Ses mains vinrent encadrés le visage d'Olivia, et il sentit les mains d'Olivia se poser sur son torse encore nu. Le contact de ses doigts délicats, et ses paumes chaudes le fit à nouveau frissonner.

- Est-ce que tu as encore quelque chose à dire ? Murmura Nathan.

- Non...

- Tant mieux, parce que peu importe ce que tu diras, ça ne changera pas ce que je ressens pour toi...

Il l'embrassa à nouveau, laissant ses bras venir l'enlacer et l'attirer près de lui. Il ne voulait plus la lâcher. Elle lui rendait ses baisers avec passion, et il voulu que jamais ce moment ne s'arrête.

Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta Où les histoires vivent. Découvrez maintenant