17. Lieutenant Nathan Flynn

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La place était pleine à craquer, Nathan avait rejoint l'estrade des officiers.

La plupart des Corsaires se trouvaient sur le chemin pour escorter les prisonniers, quant aux autres ils étaient en partie réunis à gauche de la potence.

La foule était totalement agitée, un coup d'œil vers la cabine royale lui fit comprendre que cet engouement était partagé par la totalité de la famille royale.

Nathan ne se sentait pas vraiment à l'aise vis-à-vis de toute l'effervescence autour de l'exécution.
Il haïssait les pirates, certes, mais préférait les tuer dans un combat, plutôt que de participer à ce type de mascarade.

Il passa la main dans la poche de sa veste, et joua avec le mot trouvé à l'intérieur.

« Merci, pour tout, sincèrement. Pardonnez-moi. »

C'étaient les quelques mots qu'Olivia avait griffonnés. Il n'arrivait pas à en comprendre le sens, ni même son attitude sur le port le matin même.

Elle s'était montrée tellement distante et froide, elle n'avait rien à voir avec la jeune femme de la veille.

Il cessa de penser à elle lorsque les prisonniers arrivèrent.

On ne s'entendait plus parler, ni même penser tant la foule hurlait, criait. C'était purement de la folie.

Il les regarda s'installer devant leur potence. Ils ne semblaient pas plus inquiets que cela, ce qui suffit à Nathan de confirmer que les pirates n'avaient rien d'humain. Le Capitaine Elias souriait et se moquait sans scrupules des personnes qui l'entouraient.

Un Corsaire monta près d'eux, déplia un parchemin, et commença à rappeler les crimes commis :

- Sous les ordres du Roi, et devant toute l'assemblée, sont condamnés à mort le Capitaine Elias Gall, et les fugitifs Edouard et Maria Walderi. La peine de mort a été déclarée pour les crimes commis pour chacun d'entre eux, parmi lesquels : actes de piraterie, meurtres, pillages ...

Il s'arrêta de parler lorsqu'une ombre surgit du haut d'une tour. Sous la stupéfaction, personne ne réagit.

L'ombre débarqua, accrochée à une corde et descendit jusqu'à l'estrade de la potence, et d'un coup de pied bien placé, fit voler le Corsaire.

Elle s'arrêta à côté des pirates et profita de l'effet de surprise pour libérer le Capitaine de ses liens.

Puis, ce fut la cohue. Les ordres fusaient de tous côtés, chacun reprit ses esprits, et malgré la pagaille, Nathan savait ce qu'il avait à faire, les capturer et les empêcher de s'évader.

Nathan descendit rapidement, mais comme les autres, il eut du mal à se frayer un passage parmi la foule. Il regarda en direction des pirates, certains Corsaires avaient pu les atteindre, mais ils étaient déjà tous libérés et un véritable combat avait commencé.

Il n'arrivait pas encore à comprendre comment, mais ils arrivèrent à quitter l'estrade, et étaient désormais mélangés parmi les villageois, qui ignoraient où se mettre.

Nathan entendait de toutes parts des ordres et des directions, mais comme tous, il était totalement perdu.

Il décida de prendre la direction du port, et emmena plusieurs hommes avec lui, il espérait pouvoir les bloquer avant qu'ils ne s'échappent de la place et atteignent le port.

Il n'avait pas été le seul à avoir eu l'idée, et de nombreux Corsaires entouraient le frère du Roi.

Ils ne s'étaient pas trompés, et les quatre fugitifs se retrouvèrent encerclés.

- Ça suffit, cria Charles. Rendez-vous maintenant !

Le Capitaine Elias regarda le pirate qui les avait libérés et lui lança :

- Génial ton plan, et maintenant on fait quoi ?

- Je n'ai jamais dit qu'il était parfait ... répondit le pirate.

« Cette voix... Je connais cette voix... »

Mais il n'arrivait pas à distinguer son visage, caché sous le tricorne.

- Vous êtes cernés, vous ne pourrez plus aller nulle part, renchérit Charles.

- Que fait-on ? S'impatienta le pirate Edouard.

- On attend ! Répondit le pirate.

- On attend quoi ? Questionna Maria.

L'explosion surgit à cet instant et surprit tout le monde. Il regarda au loin, et vit la prison exploser.

- Maintenant ! Cria le pirate.

Ils profitèrent de l'explosion pour forcer le passage, et continuèrent leur route en courant.

Ils se lancèrent à leur poursuite.

Ils les voyaient dévalés les allées menant au port, il essayait de garder la cadence, tout en évitant les caisses qu'ils renversaient sur leur passage, ainsi que les citoyens de la ville, qui ne savaient plus où se mettre.

Il faisait tellement attention au sol qu'il ne vit pas le panneau mis en travers du chemin, qu'il prit violemment dans le ventre et stoppa net sa course.

Il chercha sa respiration, et il les vit se disperser.

Tous se jetèrent à la poursuite des prisonniers, quant au frère du Roi, il prit en chasse le pirate au tricorne. Son instinct lui dit de les suivre.

Il les vit tourner dans une ruelle, et les perdit de vue.

Des bruits de combat le conduirent aux rochers, il courut comme il put pour atteindre les pontons en bois du port, l'endroit même où il avait ramené Olivia la veille. Mais il arriva trop tard.

Il vit le pirate désarmer le frère du Roi, et sans ménagement, lui enfoncer un sabre dans la poitrine. Le frère du Roi tomba au sol, et le pirate leva la tête rapidement vers lui, avant de prendre la fuite.

Il partit à sa poursuite, dévala les marches aussi vite qu'il put. Le pirate se dirigeait vers la mer, et lorsqu'il vit l'Hippogriffe prendre la mer sur sa gauche, il comprit que le pirate allait les rejoindre à la nage.

Il tenta de tirer sur le pirate, mais le loupa.

- Arrête-toi ! Cria-t-il en tirant une nouvelle fois.

Ce dernier finit par s'arrêter. Il s'avança prudemment jusqu'à lui, le gardant en joue.

- Ne bouge plus, c'est terminé pour toi. Rends-toi. Et lâche ton arme.

Le pirate qui lui tournait toujours le dos laissa tomber le sabre sur le sol. Il fit glisser le pistolet dans sa nuque.

- Si tu essayes de t'enfuir à nouveau, je n'hésiterais pas un instant à te coller une balle dans la tête. Retourne-toi, doucement.

Le pirate exécuta son ordre, lentement, gardant encore la tête baissée.

Il le força à l'aide du pistolet à relever la tête.

Il tomba des nues lorsqu'il reconnut le visage.

Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta Où les histoires vivent. Découvrez maintenant