42. Capitaine Elias

46 10 62
                                    

Si l'ambiance sur l'Hippogriffe était tendue, ce n'était rien comparé à ce que ressentait le Capitaine Elias.

« Enfin si on peut encore dire Capitaine... »

Depuis son altercation avec Maxence aux yeux de tous, chaque membre de son équipage évitait sa présence. Même Tom cherchait à l'éviter au maximum.

Il avait laissé les choses se faire, et n'avait même pas essayé de lutter face à la popularité de son frère. Ce dernier avait pris en main le bâtiment, et commandait ses hommes sans se soucier d'Elias.

Elias avait préféré trouver refuge au fond d'une cale, entouré de bouteilles de rhum. Finalement, la solitude était sa meilleure compagnie.

Il n'avait cessé de ressasser ce jour maudit. Le jour où Thibault avait fini par disparaître.

Ce jour-là, l'Hippogriffe avait été pris en chasse par le Solaria, le bateau du Commandant Flynn.

Elias et son équipage venaient de piller une des résidences du Roi, ils avaient réussi à dénicher de nombreux trésors, dont le sceptre royal, une relique de la famille royale.

Enfin, Olivia et Thibault l'avaient déniché.

Ils étaient doués. Vraiment doués. Elias avait ressenti de la fierté pour ces deux gamins, autant de fierté que leurs parents auraient eue s'ils avaient encore été là.

Il n'avait eu d'autre choix que de les larguer sur la première île sur son passage. Le Commandant Flynn n'était pas le genre de personne à épargner des enfants. Parmi tous les Corsaires du Roi, il était l'un des plus impitoyables. Et il n'aurait eu aucun scrupule à pendre des enfants, aussi jeunes fussent-ils.

Après un combat acharné, l'Hippogriffe avait réussi à prendre le dessus. Ils avaient saboté le gouvernail et les voiles du Solaria et avaient pris la fuite.

En arrivant sur l'île, il n'y avait aucune trace des deux enfants... Ils avaient passé cinq jours à fouiller l'île de part en part, jusqu'au jour où Olivia réapparut.

La jeune fille était mortifiée de terreur, affamée et tellement affaiblie. Ils étaient restés en mer jusqu'à ce qu'Olivia soit rétablie et veuille enfin parler de ce qui s'était passé.

Même si elle n'avait jamais vraiment raconté de son passage au Royaume des Enfers, elle avait fini par leur dire que Thibault ne reviendrait pas, qu'il s'était sacrifié pour elle.

Elias avait tenté de forcer la porte, mais jamais la porte ne s'était rouverte. Elle avait même fini par disparaître. Il s'était rendu à l'évidence que le jeune garçon ne reviendrait jamais.

C'était à partir de ce jour qu'il n'avait laissé aucun répit à Olivia, la poussant à bout, l'entraînant dans tous les combats et pillages. Il n'avait pas eu à la forcer, elle s'était retranchée sur elle-même, et vivait juste pour la piraterie.

Si seulement aujourd'hui il pouvait être sûre d'où elle se trouve... son instinct lui disait qu'elle serait emmenée sur l'île Vautou par le Commandant Harrys. Dans tous les cas, il ferait tout pour la retrouver.

Le grincement de la porte le sortit de ses pensées et Tom s'avança vers lui.

- Nous sommes arrivés Cap... Hum... Euh... On est à l'île Vautou.

Elias se releva en titubant, et suivit Tom jusqu'au pont.

L'île Vautou se présentait devant eux, magnifique île sauvage et verte. Le temps n'était pas couvert, pourtant, il persistait quelques nuages, coincés par le sommet de la montagne.

Accoudé au bastingage, il se risqua à regarder son frère, qui tenait la barre.

Il grimaça à la vue de Maxence, qui semblait amplement satisfait de son sort.

Ils longèrent l'île, à la recherche de la crique. Plus il regardait l'île, et plus il se rendit compte que la tâche allait être plus ardue qu'il ne le pensait.

La végétation était tellement dense qu'elle créait des murs verts. Les arbres étaient tellement hauts et forts, des lianes étaient enchevêtrées dans chaque branche.

La montagne quant à elle ne lui inspirait pas confiance, même si elle était dépourvue de végétation, seule la roche noire apparaissait.

La crique apparue, cachée entre la roche, ne laissant qu'un petit espace pour naviguer avec un bâtiment tel que l'Hippogriffe.

Elias ferma les yeux lorsque le navire passa entre les rochers, il n'avait qu'à tendre le bras pour les toucher.

« Qu'il n'abîme pas mon navire !! »

Le passage se dégagea, pour laisser place à une plage de sable noir.

Maxence intima l'ordre de jeter l'ancre, et de ranger les voiles.

Elias essaya de ne pas se mettre en travers du chemin de l'équipage, et tenta d'éviter tous ses hommes qui s'affairaient.

Ils descendirent en chaloupe pour rejoindre la plage.

- Et maintenant ? Demanda Édouard. Par où on est censé passer ?

- Je ne sais pas, avoua Maxence. Je n'ai jamais posé les pieds sur cette île... Il doit bien y avoir un passage.

- Ou alors, on devrait escalader la roche, lança Elias.

- Tu n'as qu'à essayer toi-même, pesta Maria, nous on va chercher un moyen plus sûr.

- J'essayais de faire de l'humour...

- Tu devrais t'abstenir, s'énerva Edouard. Tu as de la chance que l'on veuille bien que tu nous accompagnes. Alors tâches de rester silencieux. On se passera de tes remarques.

- Soit.

Elias s'allongea dans le sable, profitant de la chaleur de ce dernier. Après tout, il y avait pire, comme situation.

Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta Où les histoires vivent. Découvrez maintenant