39. Lieutenant Nathan Flynn

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L'élaboration du plan avait été tumultueuse, il leur avait fallu débattre sur le sujet de nombreuses heures. Personne ne s'écoutait parler, et Nathan avait mis cela sur la crainte des monstres marins. Même les plus sceptiques n'étaient pas rassurés.

Olivia n'avait pas décroché un mot, et ne lui avait pas adressé un regard durant le début du débat.

Elle avait regardé d'un air dubitatif la scène qui s'était jouée devant elle, sûrement en se demandant pourquoi elle les aidait.

Le Commandant avait fini par vouloir écouter Olivia lors de leur réunion. Bien qu'elle se soit encore prise dans la figure un nombre d'insultes, elle avait déballé son plan sans broncher.

Là encore, personne n'eut été d'accord, étant donné qu'aucun d'entre eux ne lui faisait confiance. Pourtant, le Commandant, à sa grande surprise, avait fini par trancher que son idée était la meilleure.

Pas la moins risquée, et sans garantie, mais en tout cas la meilleure.

L'objectif avait été de trouver et de réunir un maximum d'objets pouvant servir d'arme, afin de se défendre face aux monstres marins.

Olivia avait évoqué le fait que dans tous les cas, ils n'avaient aucune possibilité d'y échapper. Ils seraient jetés à la mer d'une manière ou d'une autre pour servir de repas aux monstres.

Trouver des ustensiles pouvant leur servir d'armes n'avait pas été compliqué, ils avaient ramassé deux couteaux de cuisine, trois marteaux, deux limes, et trois pierres aiguisées. Ce n'était pas grand-chose, mais ils espéraient que ce soit suffisant.

Une partie des corsaires avaient passé une partie de leur temps libre à observer et à analyser les tours de garde, Olivia aussi.

Tout le monde avait agi avec discrétion, et aucun incident n'avait été à déplorer.
Heureusement pour eux, car la seconde partie du plan avait dépendu de leur quête d'objet.

Nathan l'attendait près du garde-manger, c'était à cet endroit où les hommes de main du Capitaine passaient le moins souvent.

La nuit était noire, et le ciel obscurci par les nuages, laissait seulement quelques rayons de lune les traverser. Le temps était idéal. Pourtant Nathan triturait les cordages, cette partie-là l'angoissait. Après tout, c'était Olivia qui avait été désignée -encore une fois, sans surprise - pour la partie la plus dangereuse. Devant le peu de volontaires, il s'était désigné lui-même pour l'accompagner. Et à vrai dire, il n'aurait eu confiance en personne d'autre pour l'aider.

Le simple fait de songer à Olivia, accrochée à une corde, descendant le long de la coque afin d'y accrocher les « armes », lui donnait des frissons d'horreur. Elle allait devoir réussir à les dissimuler le plus profond sous l'eau qu'elle le pouvait, et les faire tenir comme elle le pouvait sous le navire. C'était leur seul moyen de pouvoir accéder à des armes s'ils étaient balancés à la mer. Mais le navire continuait d'avancer, et la vie d'Olivia ne tiendrait qu'à la corde à laquelle elle serait accrochée.

Il étouffa un cri de rage en pensant à tout ce qui pourrait lui arriver si son plan tournait mal.

Elle débarqua dans l'obscurité et le toisa sans un mot.

- Tu es sûre de ton coup ? Demanda Nathan, inquiet.

Elle ne répondit pas, elle empoigna les cordes, et s'approcha des canons. L'espace d'ouverture lui permettrait de passer convenablement. Elle commença à serrer la corde autour de la poutre, mais Nathan s'accroupît près d'elle, et l'arrêta en posant une main sur les siennes.

- Olivia, ton plan... Si la corde lâche, ou se défait... Tu n'arriveras pas à remonter.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Dit-elle, visiblement en colère. Je n'ai pas le choix, alors laisse-moi continuer.

- On peut trouver autre chose...

- Il n'y a pas d'autre solution, dit-elle se retenant de crier. C'est le plan, et on s'y tient. Si on retourne aux couchages maintenant et qu'on leur dit qu'on a abandonné, ton Commandant se fera une joie de me le faire payer. Pars si tu as trop peur, mais moi, je le fais.

- Je ne te laisserai pas, et tu le sais... Je vois bien que tu es encore énervée après moi...S'il te plaît, laisse-moi au moins m'excuser pour ce que j'ai dit l'autre jour. Je ne savais pas, enfin je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne sais pas qui croire, mais...

- Mais quoi Nathan ? À quoi ça sert d'en parler ?
Peu importe ce que je te dirais, ou comment je le dirais, ou peu importe la manière, tu ne me croiras pas. Tu auras toujours ce doute, de te demander si ce que je te dis est vrai, ou non.

- Comprends-moi aussi, tu t'es joué tellement de fois de moi... Comment je pourrais te faire confiance ?

Elle daigna enfin le regarder et malgré le ton de sa voix, son visage ne semblait pas évoquer de la colère.

- Tu ne peux pas me faire confiance Nathan... Nous ne faisons pas partie du même monde toi et moi. J'aurais beau tenter de t'expliquer les choses de mon point de vue, tu te demanderas toujours si je me sers de toi ou pas... et inversement d'ailleurs...

- Si tu crois tellement en ta théorie, alors pourquoi, à chaque fois, as-tu tenté de me faire changer d'avis ? Tu ne prends pas cette peine avec les autres, tu t'en fiches totalement de ce que les autres pensent, mais moi, tu ... J'aimerais comprendre, pourquoi avec moi tu es différente ?

Il ne s'était pas rendu compte à quel point il s'était rapproché d'elle, son visage n'était qu'à quelques centimètres d'elle. Il scrutait son regard, et ses yeux qui brillaient.

Olivia leva doucement une main, et passa le bout de ses doigts sur sa joue et descendit jusqu'à son menton. Elle les laissa effleurer sa peau doucement, et ce contact le fit frissonner.

Elle s'était rapprochée de lui, approchant son visage. Il sentait son souffle sur ses lèvres, tandis que leurs nez se touchaient.

Et il n'eut qu'une envie, venir poser ses lèvres sur les siennes.

Mais Olivia ferma les yeux tout en secouant la tête, elle posa son pouce sur les lèvres du jeune Lieutenant, et s'éloigna de lui.

- On doit se dépêcher, dit-elle résignée. Si quelqu'un nous surprend, on est mort.

Elle se releva prestement, et entreprit d'attacher la corde à sa taille.

Il savait qu'elle avait raison, mais c'était la deuxième fois, qu'il avait failli l'embrasser. Et à chaque fois, il tentait de refaire le vide dans son esprit, avec beaucoup de difficultés.

Nathan se releva, et l'aida à faire un noeud pour qu'il tienne correctement.

Ils se regardèrent un instant sans un mot, et Olivia attrapa un couteau attaché avec un bout de corde, puis elle se glissa dans l'ouverture prévue pour le canon, et descendit en rappel le long du navire. Il la regarda faire par-dessus le bastingage, et jeta un œil au-dessus de lui. Il espérait que personne n'ait l'envie de regarder par le bastingage du pont supérieur.

Olivia descendait avec une agilité incomparable, et une vitesse surprenante, il la regarda s'enfoncer sous l'eau, et attendit qu'elle remonte à la surface.

Voilà un moment qu'elle y était, et elle n'était toujours pas remontée. Un sentiment d'angoisse l'envahit. Pourtant, il savait que la jeune femme était douée, et plutôt bonne en apnée, mais cela serait-il suffisant ?

Il regarda à droite et à gauche, surveillant que personne n'arrivait dans les parages.

Cela faisait vraiment trop longtemps qu'elle avait plongé dans la mer. Pris totalement d'angoisse, il regarda par le bastingage.

Enfin, Olivia remonta. Il ferma les yeux, et chercha sa respiration.

Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta Où les histoires vivent. Découvrez maintenant