Le Colibri Tome 1 : les pièces de Nepta

44. Capitaine Elias

Les premiers rayons du soleil réveillèrent Elias, qui avait passé la nuit sur la plage. Personne ne lui avait proposé de revenir passer la nuit sur le navire, et de toute façon, il avait beaucoup trop bu la veille pour réussir à s'arracher du sable.

Bien que ce n'était encore que le petit matin, il vit que les chaloupes revenaient déjà dans sa direction.

« Et voilà... fini la tranquillité ... »

Il n'était pas ravi de les revoir, il aurait préféré pouvoir faire ses recherches seul. Maintenant il se sentait obligé de les attendre.

Il se releva, tituba, et laissa échapper un rot monstrueux. Sa tête tambourinait à l'intérieur, si bien qu'il avait l'impression d'avoir un concert de maracas dans son crâne.

« Oula, il faut vraiment que tu te calmes sur l'alcool... »

Il partit néanmoins explorer la plage, qui lui sembla plus grande et plus large que le jour précédent.

« J'ai vraiment autant bu que ça ? »

C'était le cas pourtant, la mer s'était retirée et il devina donc, que dans cette partie de l'archipel de Carnabel, la mer avait des marées.

Il se dirigea vers la roche qui surplombait le sol de plusieurs mètres de haut, et l'atteignit où la mer commençait. Il longea la roche et avança sans se préoccuper de l'équipage qui arrivait sur la plage.

- On a déjà regardé hier, cria Maxence. Tu ne trouveras pas de passages...

« On verra bien... »

Il prit un temps considérable à marcher en gardant une main sur les rochers, regardant chaque petite cavité. Son espoir de trouver une sortie diminuait au fur et à mesure qu'il avançait. Il voyait l'autre côté de la crique approcher de plus en plus près de lui.

Lorsqu'il atteignit enfin l'autre extrémité, il dut se rendre à l'évidence, il n'y avait aucun moyen de sortir de cette crique.

« Mon idée d'escalader la roche n'est peut-être pas si nulle après tout... »

Il leva les yeux en l'air, et détailla les morceaux gris et noirs qui l'entouraient.

C'est là, qu'il l'aperçut, un escalier était taillé à même la pierre, il avança dans l'eau pour le rejoindre. Les premières marches, qui sortaient de l'eau aujourd'hui, avaient été sous l'eau la veille. Pour le reste des marches, elles étaient tellement fines qu'il était impossible ou presque de deviner leur présence.

Il posa les pieds sur les premières, et commença son ascension. S'il avait été aisé de les monter, la tâche devint plus ardue pour les suivantes. Il était quasiment suspendu dans le vide, et prit ses appuis autant qu'il le pouvait dans la roche. Il grimpa et lorsqu'il fut quasiment à la moitié, il jeta un coup d'œil en arrière. Le reste de l'équipage était déjà derrière lui. Il avança le plus rapidement possible.

Cela n'avait pas été facile, et il souffla de satisfaction en arrivant au sommet. Mais son plaisir ne dura que quelques instants. La jungle qui s'offrait à lui empêchait quiconque de s'introduire.

Il préféra longer la roche, à la recherche d'une entrée plus accessible afin d'y pénétrer.

Son frère, Edouard, Maria et d'autres membres de l'équipage lui avaient emboîté le pas.

Il avait maintenant fait le tour sur les hauteurs de la crique, il ne pouvait plus déceler son navire ni quoi que ce soit dans la crique. Il stoppa nette sa progression lorsqu'il faillit tomber dans une crevasse dans le sol.

« C'était moins une... Un peu plus et je m'écrasais au fond de ce trou ! »

Il n'avait plus le choix, il allait falloir tenter de s'introduire dans la forêt.

- Il semblerait qu'on n'ait pas d'autre choix, il va falloir y aller avec les sabres... dit Maxence qui l'avait rejoint.

Tous sortirent leurs sabres, et après plusieurs coups lancés dans les multipliants, les herbes hautes, les fleurs, et les lianes, ils finirent par dégager un passage.

Ils avancèrent dans la jungle, et malgré le soleil, les arbres bloquaient les rayons et tout était obscur.

Elias n'était pas à l'aise dans cet endroit sombre.

Il entendit des craquements plus loin, et il força ses yeux à regarder à travers l'obscurité. C'est là qu'il vit une ombre trouver refuge derrière un arbre.

- Nous ne sommes pas seuls... dit Elias tout bas en s'arrêtant.

Tous finirent par s'arrêter, et scruter les environs.

- Je ne vois rien, tu dois être encore sous l'effet de l'alcool, maugréa Edouard.

Pourtant, plus il regardait dans la pénombre, plus il était sûr d'apercevoir des silhouettes. Elles grandissaient autour de lui. Il se frotta les yeux un instant, peut-être qu'Edouard avait raison.

Mais Elias n'avait pas halluciné.

Plusieurs ombres se dirigèrent vers eux, menaçantes et armées. Et fondèrent sur eux en un éclair.