Comme la Inaki, le vieil homme était marqué par des tatouages mystiques, qui couvraient même son visage creusé par les années Ezi, maintenant complètement réveillée, suivait le groupe, tremblante de peur et épuisée par l'épreuve qu'elle venait de traverser avec Neria. Ils atteignirent bientôt le centre du village, où se dressait une porte massive, incrustée dans les ruines anciennes. Là, le vieil homme fut rejoint par d'autres anciens du village, hommes et femmes. D'un geste solennel, il fit entrer les trois enfants dans les ténèbres des Ruines, suivis des autres villageois. Un long couloir faiblement éclairé les mena dans une vaste salle obscure, où des crânes humains servaient de candélabres macabres. Neria sentit son cœur se serrer de terreur. Cette vision lui rappela un souvenir sinistre de son enfance, lorsque, à Aeris, il avait vu des tavernes où les crânes des voyous faisaient office de chaises. Ce jour-là, sa mère avait été agressée, et son père, en tentant de la défendre, avait reçu une balle dans l'omoplate.
— Maco, Ezi et toi, l'étranger, asseyez-vous au centre, ordonna le vieil homme d'une voix glaciale. Vous allez être jugés. Maco et Ezi, les sages décideront si vous méritez la mort, l'exil ou l'expiation. Quant à toi, étranger, tu seras jugé pour avoir pénétré sur l'Atéor et avoir franchi les sortilèges illégalement. Les sages choisiront ta sentence : la lapidation ou l'exil dans la jungle.
Les mots du vieil homme résonnèrent comme un glas dans la grande salle, paralysant Neria, Ezi et Maco de peur. Soudain, une voix désespérée fendit l'air :
— Ezi, Maco !
— Maman ! répondirent les jumeaux en larmes, se débattant furieusement contre les silhouettes masquées qui les retenaient.
Une femme surgit de l'assemblée, mais fut aussitôt frappée par des bâtons, s'effondrant à terre sous les coups. Le vieil homme la regarda sans pitié.
— Oudé, tes enfants ont trahi le Peuple des Lunes. Ils ont laissé entrer un étranger sur nos terres sacrées. Tu n'as aucun droit d'interrompre ce conseil. Pour cet affront, tu seras fouettée dix fois.
— Je vous en supplie, laissez-moi rester avec mes enfants ! implora-t-elle, désespérée.
— Si tu refuses de partir, les dix coups seront pour eux.
À ces mots, un fouet claqua dans l'air et s'abattit sur les jumeaux, qui s'effondrèrent dans un cri de douleur. La mère, horrifiée, quitta la salle en sanglots, son cri d'effroi résonnant encore longtemps dans les ombres.
— Que le conseil commence, dit le vieux sage d'une voix dénuée de chaleur.
Les jumeaux, terrifiés, furent placés au centre de la salle. Le vieux sage s'approcha d'eux, tandis que les six autres membres du conseil entonnaient un chant sombre et menaçant. Une main anonyme posa une capuche de cuir sur la tête de Neria, plongeant le garçon dans une obscurité totale. Seule une lumière blanche, aveuglante, parvint à traverser le cuir épais, tandis que la voix du vieux sage résonnait dans la salle :
— Expiation !
Les chants cessèrent lorsque la lumière s'éteignit et Neria fut violemment poussé au sol. Des mains puissantes le relevèrent, tandis que la lumière aveuglante réapparaissait, plus intense encore. La douleur explosa dans son dos, une brûlure insoutenable qui le fit s'effondrer sur le ventre. La lumière disparut soudain, et des ombres étranges envahirent la pièce, éteignant les bougies d'un seul coup. Des cris de terreur fusèrent parmi les membres du conseil.
Tordu de douleur, Neria parvint à arracher sa cagoule et se releva péniblement. Ce qu'il vit le glaça d'effroi. Une immense ombre, vivante, envahissait la salle, ses yeux sombres fixés sur lui. Puis tout devint noir, à l'exception de l'ombre qui resplendissait telle une Flamme incandescente. Elle l'appelait d'une voix caverneuse.
— Neria... répatait la voix, surgie d'outre-tombe.
L'Ombre semblait vouloir l'engloutir, tout comme Neria avait voulu absorber l'essence d'Ezi un peu plus tôt. La tentation était irrésistible... Il fit un pas vers l'obscurité, soudain libéré de toute douleur, sentant son corps léger comme une plume.
— Neria ! cria soudain la voix d'Ezi, transperçant les ténèbres jusqu'à parvenir à l'intérieur de son esprit.
L'Ombre resserra son étreinte sur lui.
— Prends la pierre ! hurla-t-elle. Sur le sceptre !
L'Ombre enveloppa Ezi, la faisant suffoquer. Neria entendit des toux désespérées, celles de Maco, qui tentait de sauver sa sœur, mais se retrouvait lui aussi étranglé par l'Ombre. Leurs souffrances parvinrent à Neria, l'arrachant à son attirance vers la Flamme. Il aperçut enfin la pierre opalescente au milieu de la salle. Il ôta du sceptre. Celle-ci n'était pas semblable à la pierre qui l'avait amené jusqu'ici : elle était ovale, polie, et plus grande, émettant un éclat bleu mystérieux. Sans hésiter, Neria s'en empara, attrapa la main de Maco, qui tenait celle d'Ezi, et, dans un mouvement qu'il connaissait désormais, les entraîna tous deux à travers le rideau de fils lumineux.
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Les Lunes d'Atéor - Livre I
ParanormalDans un monde magique, des destins s'entrecroisent autour de mystères anciens et de pouvoirs uniques. Éphémère, une jeune fille dotée d'une capacité surnaturelle, entre en communication avec Orgon, un garçon hanté par la culpabilité d'un accident tr...