Orgon avait l'esprit embué par un tas de questions sans réponses. Comment avait-elle pu le projeter si fortement et à distance ? Elle ne voulait pas qu'il accède à la vision suivante. Que se passait-il une fois la porte ouverte ? Sans attendre, il monta sur Kilamos et entama son voyage vers l'Atéor. Il devait la voir, il devait comprendre.
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Il sentit les pierres précieuses sur son corps, il vit son regard se couvrir du voile lunaire traditionnel. Il connaissait cette lignée, l'ayant étudiée lors de ses cours d'humanité. Les filles de Lune... Il avait vu des gravures dessinées par des explorateurs : des femmes intouchables, auréolées de pouvoirs mystiques. Atéor ne devait plus être très loin. Il pressa Kilamos.
Après quelques heures de chevauchée, il aperçut enfin la Tour des Dieux, le Palace majesteux de Jadis, la cité des Dieux de l'Atéor. Le soleil brûlait au zénith, rendant l'air lourd et étouffant. Sa peau cuivrée se tendait sous la chaleur accablante. Une fois sur la grande place, il laissa Kilamos partir en liberté ; leur lien était tel qu'ils se retrouveraient en cas de besoin. L'air humide collait à sa peau, et la sueur imbibait sa chemise de lin, dégoulinant sans pitié.
Dans les rues de la ville, les regards pesaient sur lui. Certains habitants, impressionnés, d'autres visiblement dédaigneux, lui adressaient des regards teintés de mépris. Quelques-uns semblaient prêts à lui cracher dessus. Il repéra rapidement une boutique de vêtements et s'y glissa discrètement. Il devait changer de tenue, masquer ses cheveux d'argent, si distinctifs.
Un homme corpulent, aux traits marqués par les années, l'accueillit sans grande chaleur.
— Je cherche de nouveaux vêtements. Que pouvez-vous me proposer ? demanda-t-il.
— Cela dépendra de votre bourse, monsieur... ?
— Orgon.
— Orgon comment ? répondit l'homme avec un sourcil levé.
— Orgon. Juste Orgon.
L'homme le jaugea avec mépris, jusqu'à ce qu'Orgon, sans un mot, extirpe de son pantalon usé une pièce d'Aeris, fruit de son travail illégal. À Atéor, cette monnaie valait une petite fortune. Le commerçant ne cacha pas sa convoitise. Sans tarder, il amassa devant Orgon un assortiment d'étoffes de soie bleu saphir, mauve profond, rouge écarlate et jaune doré, accompagnées de pantalons amples et colorés. Rien de comparable à ses habituelles vestes en cuir et chemises de lin. Désormais, c'était en prince d'Atéor qu'il se déguisait, drapé dans des saris élégants.
Orgon prit soin de dissimuler ses cheveux sous le tissu, ainsi qu'une partie de son visage. Quant à ses yeux dorés, leur éclat était trop vif pour être dissimulé ; il se contenterait d'éviter les regards. Une fois habillé, il se dirigea vers le comptoir où l'homme, absorbé par l'admiration de la pièce d'or, ne lui prêta plus attention.
— Monsieur, pourriez-vous m'indiquer comment me rendre au Palace des Dieux ? demanda Orgon calmement.
L'homme ne répondit pas, perdu dans la contemplation de la pièce dorée. Orgon tapa doucement sur le comptoir, l'interrompant dans son extase.
— Je cherche le palais de la future mariée, une fille de Lune. Pouvez-vous m'aider ? insista-t-il.
— Bien sûr, monsieur ! Mon fils est son futur époux ! répondit-il d'un ton fier avant de replonger dans la contemplation de son trésor.
Il montra machinalement une photo en noir et blanc et désigna son fils d'un geste indifférent. Orgon n'en revenait pas. Comment pouvait-elle épouser un tel être si arrogant et ridicule ? Une vague de colère monta en lui, et il sentit la Flamme s'éveiller.
— Orgon, pars. Je n'ai pas besoin d'être sauvée. Tu dois m'oublier.
Ces paroles d'Ephémère résonnèrent en lui, apaisant la Flamme. Mais il sortit de la boutique, la rage encore grondante, déterminé à la rencontrer.
— Ephémère ?
— Oui.
— Ce n'est pas toi que je viens sauver. C'est toi qui me sauveras, n'est-ce pas ?
Orgon avait prononcé ces mots à voix haute, comme pour les rendre éternels.
Bientôt, il gravit rapidementles marches du palais, traversa la première cour, puis la seconde. Il parcourutles nombreuses coursives, gravit plusieurs escaliers. Et enfin, il pénétra dansla Grande Salle. Au fond de la pièce, il la vit. Elle était là, magnifique, assisetelle une statue sur un trône imposant de deux mètres, recouverte de voilessomptueux et de bijoux scintillants. Le regard d'Ephémère le transperça, commesi elle détenait tous les secrets de son âme. Suivant un mouvement qui allaitbien au-delà des temps et des âges, il s'avança, attiré irrémédiablement par lagravité mystique d'Ephémère.
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Les Lunes d'Atéor - Livre I
ParanormalDans un monde magique, des destins s'entrecroisent autour de mystères anciens et de pouvoirs uniques. Éphémère, une jeune fille dotée d'une capacité surnaturelle, entre en communication avec Orgon, un garçon hanté par la culpabilité d'un accident tr...