Le secret de Masasumi

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— Mais pourquoi tu es d'humeur si écrasante, Ezi ? demanda Maco, observant sa sœur se préparer pour explorer la jungle à la recherche de la statue de la fille des Lunes.

— Laisse tomber, ce n'est rien.

Sa voix tendue comme un arc faisait écho à son regard déterminé et anxieux. Elle traça deux traits rouges sur ses joues

— On y va ? s'impatienta-t-elle.

— Oh ça va, ça va, j'arrive ! répliqua Maco en resserrant sa longue tresse, non sans une pointe d'agacement. Ça va être sympa, le trajet...

Leur marche les mena profondément dans la jungle. Sautant d'arbres en arbres, demandant des informations aux animaux, essayant de traquer le moindre indice qui pourrait les mener jusqu'au lieu de la statue, l'atmosphère était lourde, oppressante, comme si la végétation elle-même les observait, testant leur patience et leur persévérance.

Ils trouvèrent un grand arbre et attrapèrent des mangues de leurs besaces.

— Tu t'inquiètes pour lui, n'est-ce pas ? tenta Maco.

— Non ! siffla-t-elle entre ses dents. Je suis énervée parce qu'on marche depuis des heures sans aucune piste !

— Tu sais que je peux lire dans tes pensées si je le voulais ? lança t-il, un sourire en coin, espérant alléger la tension entre eux.

— Vas-y, essaie, et je te dégomme ! rétorqua-t-elle sèchement, le regard noir.

Maco rit de bon cœur. Lorsqu'ils eurent fini leur fruit, ils descendirent de l'arbre et se remirent en route. Le paysage autour d'eux continuait de défiler, implacable, et malgré la beauté sauvage de la jungle qu'elle aimait tant, Ezi n'arrivait pas à apprécier l'immensité qui s'étendait devant elle. Chaque arbre, chaque bruissement la ramenait à sa quête, ou à Neria qu'elle tentait d'oublier pour se concentrer. Le vert profond de la jungle, d'ordinaire si apaisant, se refermait sur elle, l'écrasait.

Au bout de trois heures, alors que le soleil déclinait doucement derrière les arbres géants, ils perçurent une vibration étrange, presque imperceptible, émanant du sol.

— Tu sens ça ? murmura Ezi mentalement à son frère.

Maco hocha la tête, les sens en alerte.

— Le Totem est proche, répondit-il, les yeux plissés, sondant les ombres mouvantes de la forêt.

L'air devenait plus lourd, le vent plus rare, et la jungle, d'ordinaire si animée, semblait se figer dans une attente anxieuse. Les lianes pendaient comme des voiles de mystère autour d'eux. Tout semblait plus sombre, plus menaçant. En position furtive, arc tendu, ils s'avancèrent prudemment.

C'est alors qu'ils aperçurent enfin la statue, majestueuse et ancienne, recouverte de lianes épaisses et de végétation luxuriante, comme une relique d'un autre temps. La statue en pierre se dressait là, imposante, comme si elle veillait silencieusement sur la jungle qui l'entourait. Ezi sentit son cœur s'accélérer. Elle courut vers la silhouette froide avec prudence, mais une certaine frénésie s'empara d'elle à mesure qu'elle dégageait les lianes, une à une, ses mains tremblant d'excitation et d'appréhension. Maco, voyant sa sœur en proie à cette agitation nerveuse, vint rapidement l'aider, déchirant avec une force exceptionnelle les végétaux qui s'étaient enroulés autour de la statue depuis des siècles. Bientôt, la statue fut entièrement dégagée, révélant un sol couvert de symboles anciens. La statue ressemblait à une forme sans squelette, comme une ombre souple. Il n'avait pas de visage . Ils découvrirent que la statue était reliée à six autres silhouettes par des broches d'or finement gravées, des jeunes filles, à en juger par leurs visages plus fins et leurs cheveux de marbre, sans visage également. Une atmosphère solennelle s'imposa à eux.

Les Lunes d'Atéor - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant