La fuite

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Le crépuscule baignait la ville d'une lueur orangée, créant des ombres qui dansaient sur les murs fissurés des bâtiments. La tension montait. Ametiste, Neria et Amatos étaient en fuite depuis des jours, échappant de justesse aux forces des Disciples et des Anihileurs. Chaque fois qu'ils pensaient avoir pris de l'avance, ils se retrouvaient traqués de nouveau. Leur quête de réponses devenait de plus en plus dangereuse.

— Cachons-nous ici, ils ne pourront pas nous trouver ! s'écria Ametiste en s'adressant aux deux garçons.

Ils se faufilèrent derrière une porte bleue en métal d'Aeris, un matériau capable de dissimuler leurs pouvoirs des Anihileurs. Cette porte donnait sur une petite cour intérieure entourée de balcons fleuris.

— Mais comment font-ils pour nous retrouver aussi vite à chaque fois ? demanda Neria, à bout de souffle.

— Je ne sais pas du tout, répondit Ametiste en jetant un regard anxieux autour d'elle.

— Je ne comprends pas, je pensais que les Anihileurs étaient les Disciples de la Flamme... Qui sont ces gens, alors ?

— Ils travaillent pour les Disciples, mais ils ne sont pas porteurs de la Flamme. Ce sont des mercenaires à leur solde.

Les trois jeunes soufflèrent enfin, profitant de cet instant de répit. Depuis trois jours, chaque tentative pour progresser dans leurs recherches se soldait par une confrontation. Que ce soit les Disciples ou les Anihileurs, ils étaient systématiquement retrouvés dès qu'ils approchaient d'un indice.

— D'accord, faisons le point, lança Neria. On sait qu'Isis est la prêtresse en chef du Peuple des Lunes d'Hathor Sahkmet et qu'elle combat les Disciples. Mais pourquoi nous pourchassent-ils tous ?

— Isis te voit comme une menace, et les Disciples veulent exploiter ta marque pour invoquer la Flamme dans ce monde, expliqua Ametiste.

— Alors comment fait-on pour se débarrasser de cette Flamme avant qu'ils ne nous trouvent ? s'interrogea Amatos.

— Si les Disciples m'extraient la Flamme, peut-être qu'ils nous laisseront tranquilles, proposa Neria.

— Oui, mais notre monde serait alors en grand danger, objecta Ametiste.

— Et si, pendant le processus, on trouvait un moyen de les empêcher d'invoquer la Flamme ? suggéra Neria.

— C'est risqué. Rien ne garantit que nous pourrions l'arrêter... et si la Flamme arrive dans ce monde, ce sera un désastre.

Ametiste avait raison. Ils n'avaient aucun moyen certain d'empêcher la Flamme d'apparaître, une fois l'invocation lancée.

— Alors, on est d'accord, on ne peut pas laisser les Disciples ou ta sœur nous trouver, dit Amatos. Mais il doit bien y avoir un moyen de détruire la Flamme à distance, non ?

— Peut-être, mais cette magie dépasse celle de l'Ancien Monde... La Flamme est liée aux Dragons, et rares sont ceux qui maîtrisent ce genre de pouvoir, expliqua Ametiste, songeuse.

Un silence s'installa tandis que chacun réfléchissait.

— La Flamme doit être liée à quelqu'un, non ? demanda Neria.

— Oui, mais avec la bonne invocation, elle peut exister indépendamment. C'est précisément ce que cherchent à accomplir les Disciples.

— Est-ce que ma Flamme est identique à celle qu'ils veulent invoquer ?

— Non, c'est une réplique. C'est le Totem qui t'a marqué et a permis à la Flamme de se déclarer, comme s'il avait planté une cible sur toi en disant : "Voilà, un Dragonnier."

Neria plissa les yeux, essayant de comprendre.

— Si le Totem m'a marqué, c'est pour me désigner comme une cible à abattre, n'est-ce pas ?

— Probablement, répondit Ametiste. Ce qui pourrait signifier que le Totem appartient au Peuple des Lunes.

— Donc à ta sœur, Isis, conclut Neria.

L'échange de regards entre Neria et Ametiste indiquait qu'ils commençaient à assembler les pièces du puzzle.

— Eh, je ne veux pas vous interrompre, hein, mais qui vous dit que la cible n'est pas là pour signaler aux Disciples : "Regardez, une réplique, utilisons-la pour invoquer la vraie Flamme !" suggera Amatos.

Son imitation exagérée des Disciples arracha un éclat de rire à ses compagnons.

— Ça se tient, reconnut Ametiste en souriant.

Mais Neria se prit la tête entre les mains, exaspéré.

— C'est pas possible, j'ai l'impression qu'on tourne en rond, se lamenta-t-il.

— Il faut qu'on aille au temple de la Lumière, proposa Ametiste.

— C'est bourré de prêtres là-bas !

— Oui, mais c'est le seul endroit où l'on pourra consulter des textes anciens assez détaillés pour nous éclairer, insista-t-elle.

Neria et Amatos savaient qu'elle avait raison, mais sortir de leur cachette revenait à courir vers la mort.

— Je ne sais pas si elle va accepter, mais je pourrais demander à ma tante de nous aider, déclara Ametiste avec une pointe d'hésitation timide.

— Et tu nous dis ça seulement maintenant ? s'exclama Amatos, incrédule.

Ametiste se mordit la lèvre, se reprochant de ne pas avoir mentionné cette idée plus tôt, mais elle avait des raisons valables.

— Ma tante a été bannie du Conseil. Je ne sais pas exactement pourquoi... Je ne connais pas tous les détails, mais je pense qu'elle pourrait nous aider.

— Si elle est prête à nous aider, je dis qu'on tente le coup, dit Amatos.

— Complètement d'accord ! appuya Neria.

— Très bien... On attend la nuit et on ressortira. Ma tante habite hors de la ville, là où Isis et les Disciples ne peuvent exercer leur pouvoir.

— Et les Anihileurs ? demanda Neria.

— Aucune idée, répondit Ametiste, incertaine.

Ils patientèrent dans lacour encore quelques heures, partageant des souvenirs d'enfance pour tromperl'attente. Quand la nuit fut enfin tombée, ils ouvrirent la porte avecprécaution et s'aventurèrent dans les rues désertes.

Les Lunes d'Atéor - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant