Les Lunes d'Atéor - Livre I

La maîtrise des pouvoirs

Luméis aperçut Neria se précipiter vers la jeune fille inconsciente, celle qui avait osé se connecter à son Totem. Sans un mot, elle se retourna pour faire face à l'homme qui la menaçait, une lueur glaciale dans ses yeux.

— Barkeon, tu n'avais pas besoin de venir de si loin pour essayer de me tuer, dit-elle en essayant de ne pas trembler.

— Depuis combien de temps me caches-tu ton véritable dessein, Luméis ? demanda Barkeon d'un ton tranchant, ignorant son commentaire.

Un silence tendu s'installa. Luméis ne répondit pas. La simple idée qu'il connaisse l'existence de Neria la terrifiait, bien qu'elle ne le montra pas.

— Combien d'autres as-tu sacrifiés avant que je t'arrête ici ? reprit-il avec insistance.

— Pas assez, apparemment, répliqua-t-elle avec ne pointe de défi, sa voix basse et acérée.

Derrière Barkeon, un jeune homme entouré d'une Ombre se tenait comme un spectre silencieux. A entendre le petit gamin rondouillet, c'était Nikolai, son frère. Deux. Comment avait-elle pu rater de voir la Flamme sur cet autre jeune homme ? Elle tourna les yeux vers Neria. Son regard dériva vers Neria, désormais lié à Ezi, son pouvoir décuplé par leur connexion. Barkeon, impassible, resserra son emprise sur la lame qui effleurait son cou.

— Nikolai, va chercher le gamin, ordonna-t-il d'un ton glacial.

Nikolai obéit sans hésiter. Il saisit Neria sans ménagement

— Ne fais pas ça ! Tu ne sais pas ce que tu vas déclencher ! supplia Luméis.

Barkeon, imperturbable, l'ignora et la tira par les cheveux, l'obligeant à se relever et la traîna devant le Totem.

— C'est lui qui a tué tous les Dragonniers ?

Elle ne répondit pas. Sans attendre, Barkeon trasnperça le cœur du Totem. Un cri déchirant échappa à Luméis, qui se précipita vers l'animal, le prenant dans ses bras ensanglantés. Mais la cruauté de Barkeon était instatiable. Il reprit la lame de sa lourde épée et la plongea dans le corps de Luméis, avec une froideur implacable. Elle s'effondra sur le Totem, son sang argentée se mêlant à celui même de la créature sacrée.

— En route, ordonna-t-il sans émotion à ses hommes, qui avaient déjà massacré les serviteurs de Luméis, les derniers survivants du Peuple des Lunes.

Nikolai traînait toujours Neria, maintenant enchaîné et incapable de bouger, la Flamme étant comme emprisonnée.

— Nikolai ! hurla Amatos avec désespoir.

Son frère s'arrêta mais ne se retourna pas.

— Pourquoi fais-tu cela ? pleura Amatos. Neria est mon ami... Je suis ton frère...

Nikolai resta silencieux et continua à suivre Barkeon.

— Attendez ! cria une voix cristalline.

Amatos se retourna et aperçut Ametiste, couverte du sang de sa sœur, qui courait à leur rencontre.

— Dégage, fillette ! cracha Nikolai.

— Je veux vous aider ! lança Ametiste, sûre d'elle. Je veux me venger de celle qui a perverti ma sœur et l'a tuée sous mes yeux !

Barkeon, las, s'approcha d'elle. Il appuya son couteau contre sa gorge, cherchant une once de peur dans ses yeux. Ametiste ne fléchit pas, même quand elle remarqua que le corps de Barkeon était recouvert de bandes tatouées.

— Je veux venger ma sœur, répéta-t-elle.

— Tu sais que ta sœur a lutté contre ce que je m'apprête à faire, n'est-ce-pas ?

— Oui, mais elle écoutait cette femme... cette traitresse, répondit-elle d'une voix acerbe.

Elle ne le regarda même pas.

— Je ferai tout ce que vous voudrez, affirma-t-elle, résolue.

Barkeon plissa les yeux. Il sourit, amusé par son audace, et abaissa lentement sa lame.

— Bienvenue chez les Dragonniers, fillette.

Soudain, Ezi se leva bien que Maco lui intimait de ne rien tenter.

— Toi, touko, si tu crois que tu vas nous corrompre tous sans fight, tu te trompes lourdement, lança-t-elle, le regard défiant.

Elle jeta un coup d'œil à Neria, toujours immobile, torturé par la Flamme. Barkeon tourna son attention vers elle et éclata de rire.

— Vas-y, montre-moi ce que tu peux faire, ironisa-t-il.

Ezi ferma les yeux, ignorant ses provocations. Elle se concentra, cherchant à se connecter à la Flamme à travers Neria.

— Ne fais pas ça... articula Neria faiblement.

— Il le faut... répondit-elle, déterminée.

— Je ne te laisserai pas te sacrifier pour moi ! protesta-t-il, sa voix brisée par la douleur.

— Fais-moi confiance, Neri... Je sais ce que je fais.

Elle se connecta à la Flamme.

— Enfin, je crois... ajouta-t-elle, déjà emportée par la puissance de la Flamme.

Elle sentit la Flamme se détachait peu à peu de Neria. Elle l'attirait vers elle. Encore un peu et elle serait complètement dehors. Barkeon observait, fasciné. Ce qu'elle était en train de faire, c'était exactement ce qu'il avait cherché depuis des années. Il l'obligera à faire la même chose avec Nikolai. Une fois les Ombres libérées, il pourra s'en servir pour invoquer la Flamme, son frère. Ezi sentait la fin approcher. Les cris de douleur de Neria résonnaient dans son esprit, mais elle devait tenir. L'Ombre, immense, se dressait entre eux.

— Viens, accueille-moi, souffla l'Ombre à son oreille.

La tentation était forte. Elle l'avait déjà vue lorsqu'elle chevauchait l'Oiseau. Mais elle se raccrocha à Neria, repoussant l'Ombre de toutes ses forces. Puis, soudainement, l'Ombre disparut.

— Merci, fillette, dit Barkeon en tenant une étrange boîte en cuir. Tu peux refaire ça avec l'autre, ou dois-je t'y obliger ?

Ezi, les genoux tremblants, se précipita vers Neria, qui était maintenant inconscient. Une marque à vif avait remplacé la peau là où l'empreinte de la Flamme avait brûlé son corps.

— Je ferai ce que vous voudrez... Mais soignez-le, supplia-t-elle.

Barkeon la regarda avec amusement et fit une entaille superficielle sur son bras.

— Tu seras encore plus puissante quand tu maîtriseras pleinement tes dons de Dragonnier, lui dit-il avec un sourire à glacer le sang.

Il sortit une pierre de lune massive de son gilet, et d'un geste rapide, ils disparurent tous, ne laissant derrière eux Maco et Amatos, au milieu du temple ravagé.

— Ayuda me...

Maco se précipita vers Luméis. Elle n'était pas encore morte. Il se dépêcha d'appliquer des onguents sur ses plaies, bien qu'il se rende vite compte qu'aucun remède ne pourrait sauver la jeune femme.

— Il ne faut pas qu'ils trouvent... ma sœur, murmura-t-elle avant de rendre son dernier souffle.