Les Lunes d'Atéor - Livre I

La prison de glace

La mer s'étendait à perte de vue, battue par un vent puissant, tandis que des nuages lourds obscurcissaient l'horizon. Sur une petite falaise surplombant l'océan, Neria se tenait face à Ezi.

—Non ! Je refuse !

Ezi tendait la main à Neria avec une pointe d'amusement.

— Allez, viens ! On a une princesse à sauver !

— Je refuse de remonter sur Lui !

L'Oiseau poussa un cri de désapprobation, comme s'il avait compris l'insulte de Neria.

— Allons, je te promets qu'il n'est pas méchant ! Et tu avais adoré le vol la dernière fois, non ?

— Absolument pas ! C'était le pire moment de ma vie.

Ezi descendit de l'Oiseau et s'approcha doucement de Neria, son ton plus cajoleur.

— Neri... s'il te plaît.

— Hors de question !

L'Oiseau, imposant et majestueux, s'avança vers Neria qui recula, le souffle court. Ses pieds étaient au bord de la falaise, tout mouvement en arrière, et il tomberait dans l'eau. L'Oiseau continuait d'approcher, mais à la surprise de Neria, il baissa la tête en signe de respect.

— Allez, n'aie pas peur, caresse-lui la tête.

Neria hésitait, mais il comprit qu'Ezi communiquait avec l'Oiseau. Cela le rassura un peu. Il leva lentement sa main tremblante vers l'animal, dont le plumage et le pelage bleu et rouge captaient la moindre lumière. Au moment où ses doigts effleurèrent la tête de la créature, l'Oiseau secoua soudainement la tête, faisant sursauter Neria qui, déséquilibré, tomba dans l'océan.

— Je préférerais faire un rodéo sur un Totem à trois pattes que de monter ce fichu Oiseau !

— Neribus, monte immédiatement sur cet Oiseau !

— Non.

— Très bien. Tu l'auras voulu.

Sans attendre de réponse, Ezi remonta sur le dos de l'Oiseau, qui décolla dans le ciel chargé de nuages. Neria les regarda s'élever dans les airs, le cœur serré à l'idée de la laisser seule face au danger. Peu à peu, l'Oiseau disparut dans la brume, et une vague d'inquiétude s'empara de lui.

Soudain, une flèche rouge et bleue fendit le ciel et fonça droit sur lui. Déjà la silhouette d'Ezi le rattrapait.

— Ezi, non... non... Nooooooo...

Trop tard. Ezi l'avait attrapé en plein vol. À peine arrivé sur le dos de l'Oiseau, Neria, pris de vertige, crut s'évanouir.

— Je... je... je ne sais plus quoi dire face à... ton inconscience ! Je t'ai dit que je ne voulais pas monter sur cet Ois...

Ezi lui déposa un baiser sur la joue, et passa tendrement ses bras autour de lui. Sous l'emprise de ce geste inattendu, Neria, encore groggy, sentit la chaleur d'Ezi l'envahir. Son bonheur semblait si intense qu'elle en transférait un peu à Neria, apaisant ses peurs malgré lui. Il serra les poils de l'Oiseau, plus fort, mais cette fois avec moins d'appréhension. Il caressa doucement la main d'Ezi. Peut-être que voler sur un Oiseau avec elle n'était pas si terrible après tout.

Ils volèrent plusieurs heures en direction du Grand Nord, l'immensité glacée s'étendant sous eux. Les premiers icebergs apparurent bientôt à l'horizon, mais le froid mordait leur peau, et la glace commençait à recouvrir leurs vêtements. Malgré leurs tenues chaudes, Neria et Ezi frissonnaient, grelottant sous l'air glacial qui s'intensifiait à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la nuit.

Cela faisait vingt minutes qu'ils survolaient la mer de glace quand Ezi fit descendre l'Oiseau en vol plané, frôlant les montagnes enneigées, à la recherche du moindre indice. Le regard de Neria se posa sur une montagne en particulier, la vision frappante, familière.

— Ezi, je crois que c'est là.

L'Oiseau descendit doucement et se posa près de l'entrée d'une grotte obscure, dont l'intérieur résonnait avec l'appel du vent. Grâce à l'agilité d'Ezi et aux courants d'air que Neria pouvait maîtriser, ils atteignirent rapidement l'entrée de la caverne mystérieuse.