Les Lunes d'Atéor - Livre I

Le secret d'Hathor Sakhmet

— Merci Haptou, tu pourras revenir au Conseil. Gardes, capturez-les !

Ametiste sentit son cœur se briser. Sa tante les avait trahis.

Elle se débattit de toutes ses forces contre l'emprise des gardes, désespérée à l'idée que Neria soit en danger par sa faute.

— Isis, je t'en supplie, ne fais pas de mal à Neria ! implora-t-elle, la voix tremblante de panique

— Ametiste, tais-toi ! cracha Isis avec mépris. Tu nous as trahis, toi et ta faiblesse pathétique.

— Je ne voulais pas trahir le Conseil ! Je n'ai pas eu le choix ! Tu voulais le tuer... Tu voulais tuer Neria !

Isis s'avança, implacable. Elle saisit violemment le visage d'Ametiste entre ses mains, ses yeux sombres brillant d'une rage froide.

— Tu es impure ! lança-t-elle avec dédain, ses lèvres se tordant en un rictus cruel. Sacrifier ta vie pour un porteur de Flamme ? Tu connais la prophétie ! Comment oses-tu tout sacrifier pour lui ?

Ametiste essaya de répondre, mais sa gorge se serra sous l'emprise de la peur. C'est alors qu'un éclair lumineux fendit la salle. Maco venait de se téléporter au centre de la pièce, Ezi inconsciente dans ses bras. Le Totem, qui avait suivi sa téléportation, trônait à ses côtés, respirant lentement. Neria, luttant contre la domination mentale d'Isis, tenta de s'élancer vers Ezi, en vain.

— Comment ai-je fait pour arriver ici ? murmura Maco, visiblement perdu, répétant la question dans une sorte de transe.

Le cri de Neria, de douleur et de frustration, résonna dans la salle. Il tentait de se libérer, les veines de son cou saillant sous la force qu'il employait pour se défaire de l'étau invisible qui le retenait. Ametiste, sentant la fureur et la douleur qui bouillonnaient en lui, tenta de calmer son esprit en projetant une vague d'apaisement. Mais elle fut immédiatement repoussée.

Il souffrait... mais aucun de ses sentiments n'était pour Ametiste. Toute sa douleur, chaque fibre de son être, était tournée vers Ezi. Une pensée froide et cinglante traversa Ametiste : elle n'était rien pour lui. Le baiser qu'ils avaient partagé, ce moment qu'elle avait cru plein de promesses, ne signifiait rien pour lui. Il aimait Ezi, pas elle. Il ne l'aimerait jamais comme elle l'aimait.

Neria, dans un accès de douleur incontrôlée, commençait à déchaîner la Flamme. Son corps tremblait alors qu'il cherchait désespérément à rejoindre Ezi. Soudain, le Totem, jusque-là immobile, se mit à tourner lentement, irradiant une énergie ancienne. Un grondement sourd résonna, et au fond de la grande salle, une silhouette se matérialisa.

Une femme, venue d'un autre temps. Ses yeux verts, si vifs qu'ils semblaient traverser les âmes, se posèrent sur Ametiste. La jeune femme se figea sous ce regard qui semblait sonder chaque recoin de son être, chaque secret profondément enfoui.

— Souffrir pour un tel goujat... quelle honte pour le peuple des Lunes, résonna la voix de la femme directement dans l'esprit d'Ametiste. Tu es pire que ma sœur. Au moins, son amour était réciproque. Mais toi... Tu es pathétique.

Les paroles la transperçaient comme des lames de verre, douloureuses et impossibles à ignorer. Qui était cette femme ? Pourquoi connaissait-elle si bien ses pensées ?

Sans un mot de plus, la dame aux yeux verts s'avança avec une grâce terrifiante vers Isis.

— Tu as échoué à le tuer.

Sa voix n'était qu'un murmure glacial, mais chaque mot portait un poids écrasant.

— Pour cela, tu seras punie.

D'un geste vif, elle saisit Isis à la gorge, ses doigts s'enroulant comme des griffes mortelles. Isis tenta de résister, mais l'étrange force qui émanait de cette femme la privait de toute défense. En quelques secondes, Isis s'effondra, son corps inerte s'écrasant lourdement au sol sous le regard horrifié d'Ametiste.

Un cri déchirant s'échappa des lèvres d'Ametiste, brisant le silence assourdissant.

La dame aux yeux verts, imperturbable, s'approcha alors de Neria. Elle le saisit par la gorge, soulevant son corps fragile avec une facilité inquiétante. Son regard se plongea dans les yeux tourmentés du jeune homme, cherchant à puiser dans ses souvenirs, à découvrir la source de sa Flamme et ses secrets.

Elle aperçut alors une vision : une porte, perdue dans les montagnes glacées. Un secret que Neria ne devait pas posséder. Elle resserra sa prise autour de son cou, prête à l'achever... Mais avant qu'elle ne puisse atteindre son but, des Ombres envahirent le Temple. Les Anihileurs étaient là aussi.

Elle resserra sa prise contre sa gorge lorsqu'elle sentit la lame d'une épée contre son cou, le métal s'enfonçant légèrement dans sa chair.

— Je te jure que je n'hésiterai pas à te trancher la gorge cette fois-ci, ma jolie, murmura une voix ferme derrière elle.

Elle se figea. Elle avait peur de lui. Effroyablement peur. Lentement, tremblant, elle relâcha Neria, qui s'effondra, toujours en proie à la Flamme. Rampant douloureusement, il tenta de se rapprocher d'Ezi, luttant pour la vie, pour elle.