Orgon

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Orgon suivait Cronos à travers le jardin, l'esprit tourmenté par un mélange d'incertitude et de détermination. Chaque pas résonnait comme un écho de ses doutes grandissants. La grande silhouette de Cronos, imposante et sereine, avançait avec assurance, tandis qu'Orgon, intérieurement en ébullition, tentait de cacher sa nervosité.

La grande silhouette du père d'Ephémère impressionnait Orgon. Il ne s'était jamais éloigné aussi loin de chez lui. Il ne savait pas ce qu'il lui avait pris. Il avait menti. Il n'avait pas l'or promis. Il savait que sa famille l'avait probablement renié à cet instant même.

Les couloirs infinis débouchèrent sur un jardin intime, où une fontaine débordait d'eau bleu turquoise. Enfin, elle ne débordait pas vraiment, ou si, mais pas de haut en bas. De bas en haut. Pour Orgon, une telle inversion de la gravité était une première. Il sentit Ephémère. Il fournit un grand effort pour lui couper l'accès de la conversation même s'il voulait désespérément la retrouver. S'il échouait, il se sentirait en colère, il n'avait pas envie qu'elle ressente ses sentiments noirs aussi.

La voix calme de Cronos le ramena brusquement à la réalité.

— Prince Orgon, qu'est-ce qui vous amène vraiment chez nous ?

L'héritier déchu des Dragonniers hésita une seconde, rassemblant son courage.

— Je viens pour votre fille, Ephémère.

— Comment la connaissez-vous ?

— Je la connais, répondit Orgon, en se retenant de plonger dans des détails qui pourraient trahir l'intensité de leur lien secret.

Orgon sentit que le chef du peuple des Lunes n'était pas surpris.

— Pourquoi devrais-je accepter de vous laisser ma fille ? demanda-t-il d'une voix posée.

— Vous préférez la marier à un homme beaucoup plus âgé ? riposta Orgon, tentant de masquer son anxiété.

— Elle a accepté la demande de Mr Louis, répondit Cronos, une vérité que le jeune prince n'avait pas anticipée.

Le cœur d'Orgon se serra. Peut-être que tout ceci n'était qu'une folie. Peut-être qu'Ephémère voulait vraiment épouser cet homme. Mais avant qu'il ne se laisse emporter par ses doutes, Cronos ajouta calmement :

— Je pense qu'elle a accepté parce qu'elle avait déjà refusé deux propositions.

Ces mots apportèrent un léger réconfort à Orgon, bien qu'il restât incertain. Il se redressa, rassemblant ses forces.

— Je ne suis pas un local comme Mr Louis, mais je pense pouvoir rendre votre fille heureuse...

Cronos fronça les sourcils, et Orgon, réalisant que sa déclaration était peut-être trop précipitée, se hâta d'ajouter :

— Enfin, si vous acceptez, bien sûr.

Cronos regarda Orgon avec curiosité.

Le chef des Lunes le scruta avec une curiosité silencieuse.

— Depuis quand les Dragonniers se soucient-ils du bonheur des autres ? demanda-t-il avec une ironie mordante. Êtes-vous vraiment le fils de Parthéon le Sanguinaire ?

Le poids de cette question s'abattit sur Orgon, mais il resta stoïque.

— Mon père est un homme violent et belliqueux, admit-il, ses yeux brûlant d'une lueur résolue. Je compte lui succéder de manière plus... paisible.

C'était un mensonge. Il n'avait plus aucune prétention à succéder à son père. Mais pour Ephémère, il était prêt à tout. Même à combattre son père pour réclamer le trône et à se dresser contre l'héritage de violence de sa famille. Cronos émit un rire profond qui fit s'envoler les oiseaux nichés dans les arbres environnants. Orgon serra les poings, décidé à ne pas faiblir.

— Je ne suis pas opposé à troquer un Dragonnier contre Mr Louis... mais il me semble que votre richesse reste invisible à mes yeux, dit Cronos, un sourire en coin.

— Je ferai venir l'or dès ce soir par bateau. Il faudra trois ou quatre jours pour qu'il arrive. Je vais envoyer une missive à mon père dès aujourd'hui.

— Ce mariage serait une première dans l'histoire. Une alliance entre deux territoires sacrés... C'est loin d'être anodin, murmura-t-il en se détournant.

Orgon, incertain de ce qu'il devait faire, resta immobile.

— Eh bien, fils de Parthéon, suivez-moi ! Il y a une dernière étape qui pourrait changer le cours de cette journée, et certainement de l'histoire, déclara Cronos en s'éloignant vers la sortie du jardin.

Le jeune prince s'attendait à tout. Une épreuve de force, peut-être un duel contre Mr Louis, comme c'était coutume sur Aeris entre prétendants. Il s'était préparé mentalement à affronter cet homme.

Mais la voix de Cronos le surprit :

— Allons donc demander l'avis de ma fille, dit-il, un sourire énigmatique aux lèvres. Sa décision scellera votre sort, jeune Dragonnier.

Orgon sentit son cœurs'accélérer de nouveau. Tout dépendait maintenant d'Ephémère.

Les Lunes d'Atéor - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant