CHAPITRE 6

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Elyana

Depuis la soirée au club, il y a une semaine, je suis sur le qui-vive. Ma nuque me picote chaque fois que je suis dans la rue, pourtant, dès que je me retourne, je ne vois personne alors que je sens sa présence jamais très loin de moi, à m'espionner. Ce mec est une ombre, ce n'est pas possible autrement. C'est ça ou je suis devenue complètement folle, bonne pour me faire interner en hôpital psychiatrique.

Même lorsque je suis chez moi le soir, j'ai cette impression, ce tiraillement.

Je sais qu'il est là, dehors, en train de m'observer, peut-être à fomenter des plans pour m'effrayer. Et je crois que ça me plaît parce que je ne ferme pas les rideaux et laisse la lumière du salon jusque tard dans la nuit. Je passe plus souvent devant la baie vitrée, parfois en petite tenue. J'ai la sensation de sentir ses yeux glisser sur ma peau presque nue.

Je le provoque et j'aime ça.

Je me sens puissante et ça m'excite.

Finalement, un rapide séjour en HP ne te ferait pas de mal, Ely !

Malgré tout, je ne souhaite pas me laisser distraire de mon objectif, je dois bien ça à ma meilleure amie. Anna a toujours été d'un soutien sans faille, présente à chaque moment de ma vie. Nous partagions nos joies et nos peines, nous avions les mêmes goûts, nous étions des sœurs de cœur. Je me souviens encore de notre première rencontre, j'avais à peine sept ans.

— Maman, il y a un gros camion dans la rue, annoncé-je à ma mère, alors que j'ai le nez collé à la fenêtre du salon.

— Ely, je t'ai déjà dit de ne pas épier le voisinage comme ça. Ce n'est pas convenable, jeune fille ! gronde-t-elle.

Je me retourne vers elle, un air suppliant sur le visage.

— Mais regarde, insisté-je en pointant du doigt le semi-remorque stationné sur la chaussée.

Ma mère s'avance à son tour jusqu'à la vitre donnant sur la rue.

— Oh, Ely, ils ont une petite fille aussi ! Peut-être pourrais-tu jouer avec elle plutôt que de t'enfermer dans la bibliothèque de ton père.

En grimaçant, je grogne :

— Beurk... je n'aime pas les gens, Maman. Ils sont méchants. Je préfère rester seule.

Je ne veux pas encore me retrouver les fesses par terre, à me faire insulter de « bizarre » parce que je dis ce que je pense.

Maman s'accroupit à mon niveau et pose ses mains sur mes bras.

— Ma chérie, je sais que tes camarades à l'école ont été cruels avec toi, mais tu ne peux pas condamner cette petite sans la connaître. S'il te plaît, Ely, il faut que tu te fasses des amis, on est triste lorsqu'on est seul et je souhaite que ma fille soit heureuse.

Je soupire exagérément en levant les yeux au ciel.

— D'accord, je vais faire un effort, c'est vraiment parce que je t'aime.

Elle rigole et m'enlace.

— Moi aussi, je t'aime, ma puce. À jamais.

Je respire dans ses cheveux et lui chuchote la même chose en retour.

— Allez, viens, allons leur souhaiter la bienvenue, m'invite-t-elle en s'avançant vers la porte d'entrée.

Nous sortons sur le patio puis traversons l'allée centrale de notre jardin pour saluer les voisins. Maman se présente au couple qui débarrasse le camion de déménagement.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant