FIGHT AND FORGIVENESS

CHAPITRE 8

Elyana

La nuit fut chaotique. J'ai l'impression que mon corps n'est qu'un hématome géant. À croire que le sport que je m'inflige presque chaque semaine n'est que fumée. Sans compter la douleur de ma gorge, à présent estampillée de marbrures violacées. Les jambes lourdes, je me lève pour me préparer pour le travail.

Quand je me suis effondrée sur mon lit la veille, je pensais que les cauchemars reviendraient me hanter comme presque chaque soir. Étonnamment, je me suis endormie aussitôt, rêvant d'une paire d'iris bleus. Ce mec est un poison. Un poison enivrant et mortel. Il faut que je trouve absolument des informations sur lui. Je suis persuadée qu'Oak House lui appartient. Il veut asseoir son pouvoir, quoi de mieux que de se procurer le lieu d'un meurtre. Celui de mon crime ?

Tout en réfléchissant, je fais couler mon sacro-saint café et m'appuie sur le comptoir de la cuisine, laissant mes yeux vagabonder dans la pièce. J'aime mon logement. Il n'est pas clean, le papier peint se décolle par endroits, pourtant, je me sens en sécurité. En fait, il me ressemble, il est usé par la vie.

Le silence soudain me rappelle que la cafetière est arrêtée, je verse ma dose d'énergie dans une tasse et la savoure, m'octroyant quelques minutes de pause avant d'entamer une journée aussi fade que toutes les autres.

Lorsque j'arrive au bureau, il est un peu plus de neuf heures. Ce qui est exceptionnel vu que je déteste être en retard. Je traverse l'espace commun sans rien rater des regards lourds de mes collègues sur moi. D'habitude, je ne récolte que quelques hochements de tête en guise de salut, mais l'insistance de ce matin est étonnante. Tout au long de mon passage, ils me dévisagent tous. Mal à l'aise, j'accélère le pas et rejoins Gil. A mon approche, ma collaboratrice ne m'adresse pas la parole, et semble fuir ma présence. Décidément, cette situation devient très étrange. Lorsque je m'installe à mon bureau, je tente d'entamer la discussion avec Gil, qui pour éviter de me laisser l'occasion de parler, baisse le menton. Je fronce les sourcils. C'est quoi ce...

— Mademoiselle White, pourriez-vous venir une minute s'il vous plaît ? m'interpelle Evann depuis l'embrasure de la porte.

— Oui, bien sûr, donnez-moi le temps d'allumer l'ordinateur et...

Il me coupe la parole :

— Ce ne sera pas nécessaire.

Ce ton incisif m'inquiète, et j'espère que mon retard n'est pas la cause de sa froideur. Après tout, je suis une bonne employée, et ce couac matinal reste anecdotique. Je ne vais quand même pas me faire remonter les bretelles pour ça, si ? En avançant dans la pièce, mon instinct se réveille et je renifle l'odeur caractéristique du début des emmerdes.

Je m'assois dans le fauteuil face au bureau de mon patron, et j'attends qu'il prenne la parole soudainement nerveuse.

Il se racle la gorge.

— Alors, Elyana, vous vous plaisez dans notre entreprise ? Depuis combien de temps travaillez-vous ici, un peu moins de deux ans, n'est-ce pas ?

— Oui, c'est bien cela, confirmé-je sur mes gardes.

Je ne comprends pas où il veut en venir. Est-ce un entretien en vue d'une récompense pour mes années auprès d'eux ? De plus en plus louche cette histoire.

— Bien ! Car nous avons eu quelques informations sur votre situation actuelle et nous ne souhaitons pas provoquer quelque chose chez vous qui pourrait vous pousser à replonger.

En pleine confusion face à ses propos, je mords ma lèvre inférieure. Où veut-il en venir ?

— Monsieur, de quoi parlez-vous ?