CHAPITRE 52

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Bastian

Une personne rationnelle penserait que ce que nous venons de faire est totalement inacceptable. Heureusement pour moi, je ne suis pas sensé, et aujourd'hui, j'ai tué un homme, ce qui en est la preuve. Pour la première fois de ma vie, je sais ce que l'on ressent lorsqu'on arrache à quelqu'un son dernier souffle. Je ne culpabilise même pas. Je ne suis pas un psychopathe, je ne recommencerai pas, enfin je l'espère, toutefois, je n'ai aucun regret. Et maintenant, je suis conscient de ce qu'a pu ressentir Ely lors de ses meurtres, de la satisfaction, une putain de satisfaction euphorique. Cette sensation est indescriptible.

Quand ma frénésie s'est déchaînée, lorsque j'ai vu cet homme s'en prendre à Elyana, quelque chose s'est emparé de moi : une force destructrice. Pendant que j'étais imprégné de ce pouvoir, mes désirs sont devenus sanglants. J'ai absolument tout aimé ; ma perte de contrôle, son hémoglobine qui giclait, mes poings qui déformaient son visage, son corps inerte. Finalement, nous nous ressemblons bien plus que je ne le pensais, elle et moi. Nous sommes les deux faces d'un même disque.

Et cette baise sauvage ne fait que confirmer ce que je savais déjà : je l'ai dans la peau. Sentir son corps, respirer sa senteur, la pénétrer, j'ai cru devenir fou. Les émotions se sont mélangées dans un maelström parfait, c'était délicieux.

Je me remémore inlassablement son regard brillant d'envie, celui qu'elle m'a lancé après l'avoir libérée. J'avais l'impression que des vagues de désir s'échappaient d'elle et venaient me renverser. Je n'avais plus qu'une idée en tête, la posséder.

Entre la violence et le plaisir, mon instinct animal a pris le dessus.

C'était une toute nouvelle dimension du sexe, que j'ai particulièrement apprécié.

Ce chaton fait remonter à la surface des sensations jamais explorées, elle est mon pire et mon meilleur à la fois. Je n'aurais jamais pensé que l'on pouvait s'épanouir dans cette zone grise située en plein milieu de l'ombre et la lumière. Un endroit aussi chaleureux qu'il est glacial, mais dans lequel on se sent bien. Elyana me guide vers des lieux inconnus de mon for intérieur et je saute avec elle sans hésitation, découvrant toutes les aspérités et la dualité de l'être humain.

Cependant, noyés dans notre excitation, nous n'avons pas été prudents, alors pendant que je la portais jusqu'au manoir, je l'ai rassurée en lui précisant que je n'avais pas couché avec une femme depuis la mort de James, et que j'étais clean. De son côté, son implant dans le bras fonctionne parfaitement. Il ne manquerait plus qu'un mioche naisse dans ce chaos, non, on n'a pas besoin de ça en plus dans l'équation.

J'ai voulu l'emmener à l'hôpital, comme à son habitude, elle a refusé ma proposition. Nous nous retrouvons donc dans le bureau où je sors du tiroir la trousse de premiers secours.

Je guide Ely jusqu'au fauteuil et la fais asseoir. Ce connard l'a bien amochée, heureusement, il n'y a rien de grave, juste des égratignures. Enfin, je parle surtout des blessures physiques. En ce qui concerne les plaies internes du cœur, je suis incapable de les soigner avec un bout de sparadrap. Je suis quand même rassuré de constater qu'elle va bien. Elle a de la chance, je n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé si j'étais intervenu quelques minutes plus tard.

— Aieeuh ! crie-t-elle quand je pose la gaze d'alcool sur sa peau.

Je ricane.

— Tu pousses, Kitten, tu n'avais pas mal tout à l'heure.

Elle me jette un regard noir, sans répondre, avant de la voir lorgner l'arme à feu posée parmi les pansements et les produits médicaux.

— Et ça, c'est utile pour soigner ? me demande-t-elle en la pointant du doigt.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant