CHAPITRE 26

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Elyana

La chambre qui m'a été attribuée est sublime. Le lit à baldaquin est entouré de rideaux d'un rouge lie de vin ; la même teinte que ceux de la fenêtre. Une table de chevet en bois sombre jouxte la couchette. Il y a aussi une coiffeuse surmontée d'un miroir contre le mur donnant sur la fontaine de l'entrée. Je m'approche du meuble, admirative devant les entrelacs typiques du style baroque. En face de moi, une porte attenante qui renferme, je suppose, la salle de bains.

La chambre étant située au second étage, nous avons traversé bon nombre de couloirs avant d'arriver à destination. Pendant le trajet, j'ai essayé d'étudier ce nouvel environnement malgré l'obscurité du manoir. J'ai cru apercevoir quelques tableaux aux murs, ainsi que des statues dans certaines alcôves.

Lyse est gentille et très bavarde. Elle m'a noyée sous un flux d'informations concernant le lieu, son histoire, son architecture, et ce, presque sans reprendre sa respiration. Un exploit.

La demeure appartient à la famille depuis des générations, et, si j'ai bien écouté les propos de ma guide, Bastian vit ici avec Henry, son ami d'enfance.

Monsieur Mc Taylor senior, quant à lui, coule une retraite bien méritée dans une des propriétés du clan, dans les Highlands.

À part Lyse, il n'y a aucune autre femme, même si je ne sais pas encore comment l'interpréter, je conserve cette information dans le coin de ma tête.

Mon sac, rempli à la vitesse de l'éclair, est sur le sol, devant la penderie intégrée au mur de la chambre.

Est-ce que je devrais ranger mes vêtements ?

Est-ce que je compte m'éterniser ici ?

Je n'en ai pas la moindre idée.

J'avise le lit douillet qui me tend les bras, me promettant une nuit de sommeil sereine. Avant de m'écrouler dans ce nuage de couette, je me déshabille et décide de m'octroyer une douche salvatrice. La salle de bains est aussi belle que le reste de la résidence. Le sol et les murs sont recouverts d'un carrelage blanc nacré, me rappelant le collier de perles que ma mère adorait porter. Des touches de bois, sur les meubles contenant serviettes et gants, apportent du naturel à la pièce. Je lorgne une seconde la baignoire sur pieds à ma gauche, puis me rabats comme prévu sur la douche italienne, pour ce soir du moins. L'eau chaude se déverse sur ma peau, me procurant un sentiment de réconfort. Je plonge le visage sous le pommeau en espérant soulager mon esprit ; malheureusement, cela ne m'aide pas vraiment. Je me sens toujours aussi perdue. À quel moment ma vie a-t-elle pris un tournant si radical ? Je n'ai plus de repères, plus de raison à laquelle m'accrocher. Dans ce nouveau pays, à la botte d'un homme étranger qui provoque des remous en moi, je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'il va advenir de moi.

Pendant que je me savonne, les flashs de sa chute continuent de me hanter, et je grimace.

Il n'est pas utile que je m'attarde plus que nécessaire dans cette douche, si je souhaite repousser ses visions grâce au sommeil qui j'espère ne sera pas peuplé de cauchemars. Après un lavage express, je sors de la cabine et m'essuie le corps avec une des serviettes duveteuses. En revenant dans la pièce principale, j'ouvre mon sac de voyage et récupère un débardeur et une culotte, puis m'effondre dans le lit.

Des heures plus tard, une sensation étrange alerte mon instinct et je me réveille, le cerveau embrumé. Il y a un intrus dans la chambre. L'insistance de son regard sur moi excite toutes les terminaisons nerveuses de mon corps, pourtant je garde les yeux fermés. Je profite encore un instant de cet état léthargique qui survient juste avant le plein éveil.

La pluie s'abat contre la fenêtre en un son curieusement apaisant, au rythme des battements de mon cœur. J'écoute le sifflement du vent, une douce mélodie à mon oreille alors que la tempête qui fait rage dehors, est identique à la mienne, intérieure. Soudain, le grondement sourd de l'orage me déclenche un sursaut, l'éclair qui le suit traverse mes paupières closes.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant