CHAPITRE 40

22 6 0
                                    

Elyana

Au manoir depuis quelques heures, je patiente dans le salon principal face aux doubles portes de l'entrée. Après un rafraîchissement offert par Lyse, ainsi que des explications détaillées sur l'arrestation de Bastian, j'essaye de ne pas ruminer en attendant son retour.

Les chefs d'accusation sont les meurtres que j'ai moi-même commis. La police n'a apparemment pas de preuves matérielles, juste des témoignages, ainsi que l'acte d'acquisition de Oak House. C'est Angus qui a réussi à récolter quelques informations auprès de l'avocat de la famille Mc Taylor.

Assise sur un des canapés style Louis XVI, je culpabilise d'être ici au lieu de remplacer Bastian au commissariat. Peut-être devrais-je faire amende honorable et avouer les meurtres ? Je me renfrogne à cette idée. Je viens de me construire une nouvelle vie et je suis trop égoïste pour tout abandonner maintenant. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me blâmer parce que c'est lui qui se retrouve dans la panade à ma place.

Honnêtement, je ne saisis pas la raison de ma présence dans cet endroit, peut-être ma conscience qui me pousse à vérifier si Bastian se porte bien ?

Ouais, cherche une excuse bidon, c'est ta spécialité.

Saleté de conscience.

Il faut reconnaître que je suis impatiente de revoir le démon, il m'a manqué.

Alors qu'il a eu une attitude ingrate avant mon départ, je me retrouve à guetter son retour.

Il n'y a pas un nom pour ça ? Ah si, être masochiste.

Certes, je n'ai pas non plus été irréprochable niveau comportement. Lui balancer toutes les affaires de son frère décédé sur lui n'était pas un geste très clément. Maintenant que j'ai réussi à trier mes émotions, je désire que nous discutions calmement de cette situation. Son arrestation n'a fait que me rappeler notre dernière dispute, et j'ai besoin de remettre de l'ordre dans notre relation. En deux mois, j'ai pu analyser toute cette histoire, et comprendre que Bastian n'était pas responsable des actes de James.

C'est pour ça que je suis ici, malgré l'attitude du mari de Lyse, dont j'essaye d'ignorer la présence. Il n'a pas l'air heureux de me voir, c'est certain. Nous sommes tous assis dans une posture droite et contractée. Le lourd silence s'éternise, et j'en profite pour jeter un œil à la bouteille de whisky posée sur la table, qui doit attendre l'arrivée prochaine de son maître. Angus ne me lâche des yeux. À sa mine acariâtre, je sens qu'il se retient de cracher sa haine sur moi. Je vais lui faciliter la tâche, autant crever l'abcès maintenant. De plus, je déteste les personnes qui ronchonnent dans leur coin.

— Vous avez un problème, Angus ?

Le ton est résolument froid, pour signifier à mon interlocuteur que je ne suis pas dupe.

Lyse détourne les yeux des flammes, étonnée par ma question.

— Vous n'êtes qu'une lâche ! éructe son mari, en me fusillant du regard.

J'en ai conscience, oui. Cela dit, je n'ai pas besoin qu'un rageux comme lui me le fasse remarquer. Je ne suis pas une petite fille que l'on gronde. Je suis une adulte qui essaye de faire pour le mieux.

Bien sûr, parfois, j'ai beau être mature, j'aime attiser un conflit. Et ce type m'insupporte.

Je ne sais même pas ce que Lyse lui trouve, il est son parfait opposé.

— Et ? Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? le provoqué-je.

Angus se lève, les poings serrés le long des cuisses, refoulant difficilement son énervement.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant