CHAPITRE 20

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Bastian

Mon poing me lance tandis que je contemple mes jointures ensanglantées. Je grimace en appliquant une poche de glace, trouvée dans le congélateur de ma suite.

Shit ! Ce que c'est douloureux !

J'ai déraillé ce soir. J'ai éclaté la face de ce mec pour elle ! Je ne me reconnais plus, cette fille perturbe tous mes sens, et je crois que je l'ai dans la peau. Comment peut-on détester si férocement quelqu'un et avoir autant envie de la toucher ? J'ai besoin d'imprégner ma marque sur elle, Je désire la malmener au point d'entendre ses cris. De douleur ou de plaisir, peu importe. J'aspire à ce qu'elle m'appartienne corps et âme.

Pourquoi je ressens tant d'émotions en pensant à Elyana ? Elle est censée être mon ennemie.

La mort de James m'a plongé dans un isolement si sévère que seule la présence d'Henry, mon meilleur ami, m'était acceptable. Débarquer en Californie était comme une catharsis. Ce que j'espérais avant tout, c'était assouvir l'ultime souhait de mon frère. Et au lieu de respecter sa demande, je deviens esclave de mes sens.

Elyana pénètre mon esprit tel un guerrier voulant m'assiéger. Et elle est en train de gagner cette bataille.

Ces derniers mois, plus je l'observais à son insu, plus elle s'immisçait dans mes pensées. J'aurais dû comprendre plus vite ; après tout, j'ai passé du temps à la traquer.

Affalé dans le lit, en plein désarroi, je repense à cette soirée. Nous étions complètement aveuglés par les affres du plaisir. J'étais même prêt à la faire mienne, là-bas, dans ce couloir.

J'aurais pu partir après la disparition d'Elyana. Au lieu de ça, j'ai frappé cet homme plusieurs fois, comme un vulgaire animal sauvage. Le pire ? J'ai adoré ça. L'adrénaline qui coulait dans les veines, son visage explosé par mes poings.

Suis-je donc un monstre, moi aussi ?

Est-ce pour cela que je suis obsédé par elle ?

Entre bêtes, on se reconnaît, non ?

Après avoir battu l'inconnu qui, je suppose, est le détective dont Grandpa' m'a parlé, j'ai quitté les lieux sans même prévenir Henry. C'est lorsque je suis arrivé dans ma suite que j'ai pris conscience de mon geste, et que j'ai appelé mon ami.

Il n'a pas eu l'air étonné d'apprendre mon emportement. Lui et moi, on se connaît depuis l'enfance, il sait tout de ma vie. Après la mort de James, il a été d'un soutien sans faille. Et malgré sa présence pendant la période officielle de deuil que les familles écossaises s'obligent à respecter, je l'ai repoussé violemment avec des paroles blessantes. La peine qui se propageait dans mon sang était teintée d'une rancœur inarrêtable. Pourtant, il ne m'a jamais délaissé, bien au contraire, il a su s'accrocher à notre amitié lorsque moi j'étais aveuglé par le chagrin. Avec le recul, j'ai conscience de ne m'être jamais excusé pour ce comportement comme j'aurais dû le faire. Henry est un être solaire, il apporte de la luminosité dans mon existence, il est toujours de bons conseils, enfin disons la plupart du temps. Il est aussi un frère pour moi. Et quand j'ai perdu James, j'ai oublié que lui aussi était en souffrance, il venait de perdre un de ses amis. Même si Henry reste mon meilleur pote, il était proche de mon frère, avec qui il passait des après-midi entiers à massacrer des zombies sur la console, pendant que je travaillais déjà pour l'entreprise familiale. La perte a été immense pour tous.

C'est d'ailleurs le seul au courant de la véritable raison de ma présence dans ce pays. À l'époque, il m'avait sermonné ; il ne voulait pas que j'accomplisse cette vendetta à l'encontre d'Elyana. Il m'avait juste conseillé d'alerter la police et de leur remettre la lettre de James. Simplement, j'avais besoin de connaître cette fille. J'avais envie de savoir, de comprendre, avant de m'attaquer à elle. J'étais déterminé. Il paraît que je suis assez têtu comme mec - sûrement dû au sang écossais qui coule dans mes veines.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant