CHAPITRE 9

41 11 8
                                    

Elyana

Le lendemain, je me réveille avec une gueule de bois carabinée. Dans le salon, je vois sur la table mon carton d'affaires que j'ai abandonné là hier, à côté de la bouteille d'alcool à moitié vide. J'ai besoin d'une douche pour me rafraîchir le corps et l'esprit.

Après avoir lu l'article, j'ai passé une bonne partie de la nuit à enquêter. La société est surtout connue pour sa production de whisky écossais, détenue depuis des générations par la famille Mc Taylor. Elle possède également plusieurs établissements comme des night-clubs ou des résidences privées.

La distillerie reprise par un certain Bastian, petit-fils de l'ancien directeur, est une institution en Europe. Bien sûr, il n'y a aucune adresse autre qu'Oak House et le siège social est en Écosse. Je ne me vois pas partir là-bas, encore moins sans argent. De toute façon, il est forcément resté ici pour accomplir son plan, quel qu'il soit. Je tente ma chance au culot et décide d'appeler la maison mère en prétextant être une future collaboratrice, patronne d'agence de communication, souhaitant lancer la marque aux États-Unis. L'assistante au téléphone m'indique que le dirigeant n'est pas dans leurs locaux en ce moment.

Tu m'étonnes !

J'insiste sur le caractère urgent et, après une dizaine de minutes de conversation, elle finit par me donner son contact professionnel. C'est déjà ça.

Je raccroche, satisfaite.

J'allume mon ordinateur et me connecte sur le dark web pour effectuer quelques recherches. Maintenant que j'ai obtenu son numéro, je vais pouvoir retracer ses mouvements grâce au signal GPS. Mes talents d'hackeuse, acquis après le meurtre d'Anna, sont toujours utiles. Il me suffit de me brancher illégalement au satellite le plus proche de notre continent – sans me faire remarquer par le gouvernement. Chose pas si aisée, si vous voulez mon avis. Après quelques heures de codage binaire et une légère frayeur d'avoir été découverte par la CIA, j'arrive à identifier son lieu d'habitation ; ici même, à Hellwood. Il séjourne à l'hôtel Ten, dans le centre, à deux pâtés de maisons.

Maintenant, il va falloir la jouer subtile, Ely.

Je décide d'attendre l'après-midi pour agir, car il y a plus de chance qu'il soit sorti en journée. Je télécharge le signal de son téléphone sur le mien et commence à échafauder un plan solide.

Quinze heures ; je patiente face à la bâtisse imposante. Il n'y a pas foule devant l'établissement, seulement deux hommes – sûrement de la sécurité – au niveau de la double porte. Juste avant de rentrer dans le jeu, je m'adonne à quelques exercices de respiration pour me concentrer.

Ne te foire pas, Ely.

Je me dirige vers l'entrée d'un pas conquérant. Pour l'occasion, je porte une robe rouge provocante. Bretelles fines et décolleté discret, elle m'arrive presque aux chevilles et moule parfaitement mon corps. Je veux ressembler à une femme fatale sûre d'elle. Avec mes escarpins noirs, vernis, et ma pochette en dentelle assortie, j'interprète mon rôle et avance fièrement, la tête haute, vers les deux colosses. Mes boucles d'oreilles tintent au diapason de ma démarche. Ils me dévisagent.

— Bonsoir, Madame, me salue l'un d'eux.

Je leur réponds par un mince sourire condescendant. Ils ouvrent les battants et je pénètre dans le hall de l'hôtel. Je constate tout de suite la démesure du bâtiment. Le sol en marbre blanc brille d'une lueur quasi irréelle. Le plafond cathédral, quant à lui, laisse pendre un magnifique lustre en diamants, d'une valeur, je suppose, inestimable.

Je m'approche de l'espace réception tandis que le cliquetis de mes talons cadence mon avancée. À droite, je distingue une double porte en verre légèrement ouverte qui révèle un bar lounge. Je résiste à balayer la pièce du regard, ne voulant pas paraître impressionnée par les lieux, sinon, mon rôle tomberait à l'eau.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant