FIGHT AND FORGIVENESS

CHAPITRE 28

Elyana

Depuis la nuit de la tempête, nous n'avons pas discuté de ce qu'il s'est déroulé dans la chambre. Ce qui n'a rien d'étonnant vu notre haut niveau d'échange verbal. Je passe la plupart de mon temps avec Lyse, qui se révèle être une source d'informations intarissable sur l'histoire du clan et sur le manoir. Enfin, surtout sur les ancêtres Mc Taylor. J'ai pu visiter la totalité du domaine qui s'étend sur plusieurs hectares. La distillerie se trouve aussi sur les terres familiales, mais je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre. C'est son terrain de jeu à lui.

L'endroit reste magnifique, j'occupe beaucoup mon temps à admirer la beauté du paysage. Je parcours souvent la roseraie au petit matin pour respirer les senteurs des fleurs qui s'épanouissent. Après ma promenade matinale, je m'installe sur le bord de la fontaine, attendant que les premiers rais de lumière traversent les arbres tout proches. Je m'expose aux rayonnements, essayant de récupérer leur brillance pour chasser les ombres qui m'habitent.

Je ne suis pas dupe, cette situation est provisoire ; en tout cas, je m'en persuade. La réalité m'attend de l'autre côté des grilles du manoir, je suis en sursis. Lorsque le cadavre de mon honteux crime sera découvert, il ne me restera plus beaucoup de temps. J'ai conscience qu'Interpol débarquera bientôt pour me ramener fissa aux États-Unis, alors je profite avant d'être enfermée derrière des barreaux.

J'ai accepté ma condition. Je ne mérite pas de vivre en toute liberté après ce que j'ai accompli. C'est ce qui ressort de ses longues heures de solitude. J'ai eu le temps de réfléchir, de poser les choses, et je suis condamnée, à juste valeur d'ailleurs. Mes crimes ne peuvent pas rester impunis, même si je suis heureuse d'avoir supprimé de tels monstres. Pourtant, au lieu de me dénoncer, le courage me manque, et je préfère errer ici, avant que tout explose. Une accalmie avant la tempête.

Malgré la présence du couple d'intendants – surtout Lyse – et mes promenades, je tourne en rond. Je n'ai pas revu le démon depuis une semaine. J'ai cependant croisé Henry à plusieurs reprises. D'ailleurs, je sens que je le rends mal à l'aise. Je suppose que Bastian a dû tout lui révéler, ce qui explique son comportement. Qui aurait envie d'accueillir une tueuse au sein de son habitation ?

Je secoue la tête pour chasser mes inquiétudes quant à mon avenir et décide de retrouver Lyse. Traîner avec elle m'apporte un sentiment de bien-être.

Je me gave des anecdotes qu'elle accepte de partager avec moi.

Elle et son mari, Angus, travaillent ici depuis tellement longtemps qu'ils ont connu Bastian enfant. D'après elle, c'était un gamin renfermé jusqu'à la naissance de son jeune frère ; il s'est ensuite transformé. Je me souviens alors de la conversation téléphonique entre lui et son grand-père, à l'hôtel. Son frère est décédé. J'ai interrogé Lyse à ce propos et quand j'ai voulu en savoir plus, je n'ai eu droit qu'au silence. Sujet sensible donc. Je n'ai pas osé approfondir la question, je distingue bien l'aura mystérieuse qui entoure cette histoire. J'ignore même son nom. Pourtant, j'ai remarqué les traces sur les murs du manoir. Quelqu'un s'est occupé de retirer un nombre conséquent de cadres-photos. Est-ce parce que Bastian n'accepte pas la mort de son frère ? Ou que celle-ci est trop douloureuse ?

À chaque fois que Lyse me transmet des souvenirs sur l'enfance de Bastian, j'ai dû mal à imaginer que l'homme si froid que je connais était un vrai boute-en-train. Les gens changent, je le sais bien. J'en suis la preuve vivante. De jeune fille heureuse et naïve à tueuse en série, il n'y a qu'un pas. Un pas que j'ai définitivement franchi.

Ce qui me pèse également, c'est de ne pas avoir de réponses à mes questions. J'ai bien compris que notre fuite en Écosse relevait de l'urgence. Le problème, c'est que cela dure depuis des jours et je ne sais toujours pas ce que je dois faire ou ce qu'il souhaite tout simplement.