CHAPITRE 44

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Elyana

Je me réveille de nouveau seule, Bastian a disparu. Je me retourne vers le l'horloge et constate l'heure matinale, le jour ne s'est pas encore levé, mais la nuit se termine doucement. Je suis sur le dos, les yeux rivés au plafond, et les souvenirs vivaces de la soirée me reviennent. Devoir revivre le décès d'Anna m'enfonce de nouveau dans les méandres de ma douleur. Dès que je ferme les paupières, je ne vois qu'elle. Peut-être que si je replongeais dans le sommeil, je ne songerais plus à mon amie ?

Je me positionne dans les draps et essaye d'entamer un nouveau cycle d'endormissement, néanmoins le marchand de sable ne semble pas motivé à m'offrir ce repos. Je souffle, agacée.

Il faut dire que depuis mon retour au manoir, je ne fais presque que dormir. À croire que mon corps se sent plus à l'aise ici que dans mon studio, et que j'avais besoin de me ressourcer.

Sûrement la gueule de bois, je te rappelle que t'as plus 20 ans, intervient ma conscience.

Je la déteste.

Bon, je ne vais pas rester dans ce lit éternellement. Je balance la couette et me lève, décidée à rejoindre la cuisine pour me désaltérer.

La demeure est silencieuse à cette heure, même l'escalier ne grince pas sous mes pas. Je pénètre dans la pièce qui m'intéresse, heureuse de pouvoir satisfaire mon envie soudaine de jus d'orange frais. J'ouvre le frigo et récupère une brique encore pleine. Le temps de dénicher un verre dans un des placards, je laisse la porte du réfrigérateur ouverte. Je n'ai pas voulu allumer le plafonnier pour ne pas alerter les autres habitants de ma présence, même si personne ne doit être réveillé. Je sirote avec satisfaction ma boisson lorsqu'une ombre apparaît sur le seuil de la cuisine.

Bastian avance vers moi, tel un fauve au milieu de la savane. La démarche élégante, je mate sans vergogne cet homme qui fait palpiter mon cœur. Je suis en train de terminer mon breuvage lorsqu'il s'arrête face à moi. Je dépose le verre sur le bar, puis me fige, dans l'attente d'un hypothétique mouvement de sa part. Comment va-t-il après ce que je lui ai confié ? Est-ce qu'il rencontre également des difficultés à trouver le sommeil ?

Pendant que je me questionne, l'atmosphère de la pièce s'alourdit, se transformant en un amas électrique qui crépite autour de nous. Cependant, je remarque un changement détonnant dans cette ambiance, le fil conducteur de cette tension n'est plus la colère.

Notre échange dans ma chambre a eu un impact non négligeable. Pour ma part, je me sens plus apaisée, et j'ai l'impression qu'un fardeau s'est envolé de ses épaules.

Le silence continue de grandir dans l'espace, sans que cela ne mette mal à l'aise. Bastian ne provoque plus les tourments enfouis en moi. En fait, il m'offre de la légèreté.

Une sensation que je n'ai pas ressentie depuis des années.

La lueur argentée de la lune caresse le profil du démon, lui conférant une aura presque spectrale. Les pupilles toujours ancrées dans les siennes, l'air semble si envoûtant que mon cœur s'emballe. Je devine qu'il ne fera aucun geste pour quitter cet endroit. Mais en a-t-il réellement l'envie ? Tout comme lui, je suis séduite par l'instant, je ne souhaite pas m'éloigner. Lorsque la lune se cache derrière un nuage, l'obscurité nous enveloppe tel un voile protecteur, allumant une mèche de désir brut entre nous. Je ne saurais dire qui a franchi la distance le premier, mais soudain, nous nous jetons l'un sur l'autre, emportés par une puissante frénésie.

Sa bouche se plaque sauvagement sur la mienne, meurtrissant mes lèvres au passage. Je plonge mes doigts dans ses cheveux, puis tire sur sa crinière avant de descendre griffer sa nuque de mes ongles. En réponse, le démon gronde en m'attrapant par les fesses, et me porte jusqu'au bar où il me pose durement. Je sens à peine la piqûre de la douleur, déjà excitée par les prochaines minutes.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant