CHAPITRE 11

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Elyana

Putain !

Comment ai-je pu omettre de vérifier le traceur-espion sur mon téléphone avant d'essayer de craquer ce coffre-fort ? Pendant un instant, j'ai cru que j'étais foutue. Heureusement, je peux remercier la grandeur de la suite qui m'a permis de m'échapper. À son arrivée, je me suis glissée sous le lit, et quand j'ai aperçu ses pieds se diriger vers le dressing, j'ai saisi ma chance. Je me suis relevée, aussi discrètement que possible – d'ailleurs je bénis la moquette d'avoir étouffé mes pas –, et j'ai filé rapidement de cet endroit. Les battements de mon cœur n'ont jamais été si fort, sans compter l'adrénaline qui traverse mes veines en ce moment même.

J'essaye de ne pas céder à la panique, reprends l'ascenseur, puis rejoins la réception. Lorsque je passe devant le comptoir – sans courir, pour ne pas éveiller les soupçons – je constate que Mike a disparu au profit d'une jeune femme. Au moins, il n'a pas vendu la mèche sur ma présence puisqu'il ne devait déjà plus être là à l'arrivée de Mc Taylor.

C'est une fois dans la rue, à quelques pâtés de maisons de l'hôtel, que je me permets de respirer plus librement.

C'était moins une.

Je ne veux même pas penser à ce qu'il se serait passé s'il m'avait trouvée. Aurait-il tenté de m'étrangler une seconde fois ? Ou se contenterait-il d'appeler la police pour intrusion ? J'ai pris un risque inconsidéré aujourd'hui, et je n'ai pas eu de résultats concluants. Je repars avec encore plus de questions qu'au départ. Moi qui me pensais aguerrie, en fait, je ne suis qu'une débutante face à ce type.

Je me hâte de rentrer chez moi, mon seul refuge.

En arrivant, je retire rapidement la robe et me démaquille devant le miroir de la salle de bains. Je suis impatiente de retrouver mes vêtements habituels, loin de ce rôle de femme fatale, ce que je ne suis absolument pas en réalité.

Je rince mon visage à l'eau froide, tentant d'éclaircir mes pensées.

Allez, Ely, respire, tout va bien, essayé-je de me rassurer.

Je suis à l'abri chez moi ; enfin, disons temporairement. Il faut vraiment que cette situation cesse. Je dois dégoter des informations concrètes sur lui. Ce mec doit bien avoir des cadavres planqués dans le placard, au sens littéral comme au figuré.

Au moment où je me sens un peu mieux, je relève la tête et croise mon reflet. Mes cernes sont immenses, mon teint est terne. J'ai l'impression d'être malade. Toute cette histoire commence à jouer sur mon moral. Déjà que celui-ci était en berne, avec les derniers événements, je déraille davantage. Mon corps supporte mes douleurs psychologiques, mais un jour il lâchera.

Je retire ma boucle de droite et la pose sur le lavabo puis m'attaque à mon oreille gauche. Seulement, je ne rencontre que le vide à la place de l'anneau. Non !

Je n'ai quand même pas commis l'erreur de la perdre dans cette suite ? La situation ne pourrait pas être pire. Un mince filet d'espoir me pousse à vérifier le sol autour de moi, ainsi que ma tenue, mais aucune boucle ne semble être dans les parages.

La bouche ouverte, effarée, je ne peux m'empêcher de jurer.

— Merde !

Il sait. Le corps en alerte, je me prépare presque à le voir débarquer ici dans la minute. À mon avis, la prochaine offensive risque d'être corsée. Que va-t-il me réserver, cette fois-ci ? Ma seule consolation c'est qu'il ne pourra pas faire pression sur mon entourage étant donné que je ne côtoie personne, c'est déjà ça.

Après avoir dîné, je me glisse dans les draps, dos au matelas et contemple le plafond en attendant que le sommeil vienne me cueillir. Seulement, je suis trop préoccupée pour rejoindre les bras de Morphée. Déjà, je n'ai plus d'emploi, ma situation financière va grandement en pâtir. J'ai quelques économies, mais cela ne me permettra pas de survivre bien longtemps. Il faut absolument que je trouve un job, sinon, je ne vais pas pouvoir conserver mon appartement ad vitam æternam. De plus, le loyer est élevé malgré le peu d'entretien de l'immeuble. Je soupçonne d'ailleurs le propriétaire de profiter de la crédulité des locataires, moi y comprise. Je ne me suis jamais plainte du montant parce que la résidence est décente et bien située, ce n'est donc pas maintenant que je vais me risquer à ouvrir ma grande bouche.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant