CHAPITRE 16

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COMMISSARIAT

Neuf heures.

Comme chaque matin, une effervescence anime les lieux. La porte s'ouvre brutalement sur l'agent Teagan.

— Chef, il est arrivé !

— Faites-le entrer.

Un homme grand et svelte s'avance derrière l'officier.

— Harry, je vous en prie, asseyez-vous.

— Merci, Capitaine Farrow.

L'officier Teagan referme derrière lui, réduisant ainsi le bruit ambiant du poste. Le capitaine se lève pour se saisir d'un dossier, puis s'avachit sur son siège en claquant la chemise sur le bureau.

— Voici une affaire obscure, Détective, et j'ai besoin de vos services.

— C'est étonnant pour un agent de police d'engager un limier !

— Nous sommes bloqués par la procédure en vigueur dans notre pays. En revanche, vous, vous êtes libre.

Le détective récupère le dossier et l'ouvre sur la photo d'une jolie brune.

— Beau brin de fille, constate-t-il.

Son interlocuteur ne relève pas et poursuit.

— Une jeune femme victime d'agression et témoin du viol et du meurtre de son amie. Les faits se sont passés il y a deux ans. À l'époque, elle n'a pas su décrire les agresseurs, et malgré quelques suspects, nous avons dû classer l'affaire faute de preuves... et de moyens.

— Je comprends, mais en quoi puis-je vous aider si l'enquête est terminée ?

— Il y a environ dix-huit mois, nous avons découvert le corps d'un junkie dans un squat de la ville. Poignardé plusieurs fois, le sexe fondu à l'acide. Il y a une semaine, un jeune homme a été retrouvé dans son appartement, les yeux crevés. Après les analyses toxicologiques, le légiste a conclu que le sang des deux hommes contenait la même substance : du curare. Une méthode bien connue des tueurs en série. La victime est dans l'incapacité de s'enfuir, elle subit les sévices, et en ressent toute la douleur. C'est barbare.

Le détective fronce les sourcils, ne saisissant pas le lien dans les faits exposés par le Capitaine.

— Je ne vois pas le rapport avec la première affaire.

— Je vais vous expliquer. En examinant le modus operandi utilisé sur les deux victimes, nous avons identifié plusieurs similitudes. Il s'avère que le premier homme était un dealer et le second, son client régulier. Cependant, il y a deux ans, tout a cessé. Plus de rendez-vous, plus de consommation. Selon nos recherches, ils ne se sont plus rencontrés depuis. Ce qui est étrange, c'est que cette interruption coïncide presque exactement avec le meurtre de la jeune femme. De plus, le dealer avait été interpellé ce soir-là dans le même quartier pour trouble à l'ordre public. Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avions pas fait le lien, car il n'avait rien d'incriminant sur lui, à l'exception d'une bouteille d'alcool. Nous savons également qu'un troisième homme est impliqué dans l'assassinat de cette femme, mais nous n'avons pas encore pu l'identifier.

— Vous pensez que ce dernier est l'instigateur des meurtres ? La piste du commanditaire de l'agression qui viendrait finir le travail pour se débarrasser des témoins. C'est une théorie à creuser.

— À vrai dire, nous ignorons beaucoup trop d'éléments, c'est justement là que vous intervenez. Je veux que vous suiviez la rescapée pendant quelques semaines, je souhaite tout connaître. Ses habitudes, ses trajets, ce qu'elle mange, tout ce qui peut être utile.

Le détective s'étonne.

— Vous supposez que c'est elle, la meurtrière ? Elle n'en a pas le profil.

— Dans ma profession, je ne suis jamais sûr de rien, j'étudie tous les chemins possibles, et cette fille a un sacré mobile.

— J'accepte la mission, acquiesce le détective, motivé par ce dossier atypique.

— Restez discret surtout, nous ne voulons pas qu'elle s'aperçoive de votre présence.

— Je connais bien mon métier, Capitaine, rabroue l'enquêteur freelance.

— Bien, dans ce cas nous nous revoyons bientôt.

Les deux hommes se lèvent, se saluent, puis le détective ouvre la porte du bureau. Le brouhaha de la pièce principale se fait à nouveau entendre : des sonneries de téléphones, des rires. Pourtant, le capitaine, toujours assis face à son bureau, reste silencieux.

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FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant