CHAPITRE 38

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Elyana

— Ely, tu peux servir la 3 s'il te plaît ?

Je récupère mon carnet sur le comptoir et me dirige vers la table indiquée par ma responsable, Aude.

— Bonjour, bienvenue chez Miss Bon appétit. Que souhaitez-vous déguster aujourd'hui ?

Je note la réponse des clients et annonce la commande au bar.

Bientôt deux mois que je travaille ici. Un coffee shop d'inspiration française. Ce qui n'est pas étonnant puisque, Aude, la propriétaire du lieu est une Française expatriée. Elle est tombée amoureuse du Royaume-Uni, puis d'un Écossais, alors finalement, elle n'a pas quitté le pays. Une histoire digne des romans que je dévore depuis un moment. C'est Aude qui me les prête, c'est une amatrice de romance. Ce n'était pas vraiment mon style de lecture, mais ce changement de vie m'a appris à goûter à toutes sortes de nouveautés et de découvertes. Aller de l'avant, c'est aussi choisir d'avancer vers l'inconnu, prendre des risques, chuter parfois, puis se relever et toujours progresser coûte que coûte.

Je suis tombée sur Aude peu de temps après ma fuite du manoir. J'étais logée à titre gratuit chez une vieille dame, et en échange, je m'attelais au ménage et à la préparation des repas. Il s'avère que le café est situé juste en face de son appartement. En voulant acheter des pâtisseries à Rose, ma logeuse, j'ai fait la rencontre d'Aude. Le soir même, j'obtenais un travail et un nouvel endroit pour vivre.

Je continue de rendre visite à Rose, qui m'accueille toujours avec le sourire. Elle a finalement engagé un jeune étudiant infirmier et, manifestement, elle se satisfait très bien de mon absence.

Je vis dans le studio au-dessus du café. C'est petit, cosy et ça me plaît beaucoup. J'ai l'impression d'avoir eu droit à une seconde chance malgré mes actes passés.

Le lieu appartient aussi à ma responsable qui me demande un loyer dérisoire, ce qui me permet d'économiser pour parer à d'éventuels évènements non désirés. À vrai dire, je suis toujours dans l'attente d'être arrêtée par la police d'un moment à l'autre. Alors, je profite à fond de ce que la vie m'offre.

Depuis mon départ du manoir, je n'ai pas de nouvelles de Bastian ni d'aucun autre habitant de la demeure. Ma première résolution a été de me débarrasser de mon téléphone portable, je ne voulais plus aucun contact avec mon ancienne existence. Et surtout, je ne souhaitais pas être tentée de le rappeler, lui.

J'ai donc détruit mon cellulaire à coups de marteau en pleine nature écossaise, avant de jeter les morceaux dans une poubelle. Je ne pouvais pas prendre le risque de conserver un appareil qui aurait pu faciliter ma localisation. Et c'était trop dangereux de le laisser au domaine. Cela m'a occupée pendant une journée et un aller-retour en car pour exploser l'engin assez loin de mon lieu d'habitation. Il faut toujours être le plus prudent possible lorsqu'il s'agit de technologie.

Ensuite, j'ai tout changé.

D'abord mes cheveux ont poussé, puis, ma garde-robe ne contient plus que des jeans, des tee-shirts et une paire de Converses que je ne quitte presque jamais. Exit les talons, le maquillage, les tailleurs. Toute cette façade qui me permettait d'amadouer, de séduire, de tuer, tout ça, c'est terminé. Aujourd'hui, je suis Elyana au naturel ; honnête, franche, parfois maladroite. C'est mon vrai moi.

La seule constante malgré cette transformation, c'est que je suis restée en Écosse, ce pays si accueillant. Je ne pouvais pas retourner aux États-Unis, c'était comme faire machine arrière. Je craignais de replonger dans l'obscurité, et peut-être aurais-je été capable de bien pire si j'étais revenue dans mon État natal. Non, je souhaitais m'affranchir de mon passé.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant