Elle est sa brûlure, il est sa rédemption.
Elyana est une jeune femme écorchée par le deuil. Depuis que sa meilleure amie a été assassinée sous ses yeux, elle n'a de cesse de traquer les meurtriers. Devenue l'incarnation de la vengeance, elle ne rec...
Presque un an après tous ces évènements, Bastian et moi sommes rentrés dans une routine bienvenue. Sa société a pris davantage d'ampleur et avec l'aide d'Henry, son nouvel associé exclusif, il ouvre une succursale aux États-Unis. Finalement, l'excuse qu'il avait donnée à l'époque pour venir me traquer est devenue réalité.
Je travaille toujours au café Miss Bon appétit avec Aude. Elle s'est remise de son agression et semble reposée. J'ai raconté à mon amie toute l'histoire de Mc Taylor senior en omettant le cadavre dans la cave bien sûr. C'est un secret qui restera dans les entrailles du domaine familial.
Henry est parti du pays depuis quelques semaines pour assurer la gestion de l'antenne américaine, et étrangement il me manque. Ces derniers temps, nous nous sommes rapprochés et, d'une certaine manière, j'ai appris à l'apprécier. Après tout, il est le meilleur ami de Bastian, je ne sais que trop bien quel genre de relation ils entretiennent et l'importance que celle-ci peut avoir dans leurs vies respectives. Je l'ai vécue et je l'ai perdue, je ne veux pas que cela arrive au démon. Ce serait trop dur.
Nous sommes donc seuls au manoir, à nouveau tous les deux. Lyse et Angus sont toujours intendants, mais je constate bien que Lyse ne parvient plus à opérer toutes les tâches qui incombent à leur quotidien. Le couple vieillit, ils ont besoin de lever un peu le pied. J'ai proposé à Bastian de recruter d'autres personnes pour les aider pour qu'ils puissent se retirer tranquillement et profiter de leur existence. Le démon a bougonné, mais face à mon insistance, il a fini par céder. Il est attaché à eux, alors nous avons consenti à un compromis. Le couple restera vivre dans le cottage du domaine même quand ils auront pris leur retraite.
Nous n'avons pas eu de nouvelles de Mc Taylor senior, il a rejoint son chalet et j'espère qu'il est mort étouffé dans son vomi. C'est tout ce que je lui souhaite en tout cas.
Bastian et moi, nous nous apprivoisons doucement. Bien que nos corps soient en parfaite harmonie, ils nous arrivent encore de bloquer sur certains aspects sentimentaux. L'un comme l'autre, nous avons tellement vécu en autarcie que nous ne savons pas encore comment exprimer nos émotions. Notre relation n'est pas simple, nous apprenons tous les jours à nous connaître un peu plus. Il est vrai que nous n'avons pas démarré sous les meilleurs auspices. Mais, on s'aime, passionnément et irrémédiablement. Inséparables.
La police n'est jamais revenue au manoir. D'après l'avocat de Bastian, faute de preuves, l'affaire a été classée sans suite. Nous sommes donc tranquilles. Enfin jusqu'à ce qu'un capitaine trop zélé ouvre à nouveau le dossier en mode cold case.
Aujourd'hui, le soleil perce à travers les sacraux sains nuages écossais, je sens sa chaleur réchauffer mon visage. Assise sur le bord de la fontaine devant l'entrée, je profite du climat pour prendre un bol d'air, lorsque j'entends des pas derrière moi devinant aisément l'identité de la personne.
— Tu te gorges de soleil, Kitten ?
Je souris, les yeux fermés, la tête levée vers l'astre.
— Il paraît que c'est bon pour le corps, un peu de vitamine D, prononcé-je en me tournant vers lui.
Il s'assoit à côté de moi.
— C'est toi ma vitamine D, maintenant. Le soleil, je l'emmerde.
Je craque et lui vole un baiser.
— T'es qu'un beau parleur, démon, formulé-je, un sourire toujours ancré aux lèvres.
Lorsqu'un nuage vient dissimuler les rayons, je me lève en l'abandonnant ici et rejoins la chambre pour me préparer avant mon service au café. Quand je pénètre dans la pièce, je découvre une enveloppe rouge sur le lit. Des souvenirs me reviennent et je repense à la première fois où j'ai trouvé ce genre de courrier dans ma boîte à lettres, encore ignorante de ce que j'allais vivre par la suite.
Je saisis le courrier dans les mains et lis le mot inscrit : « Tentation ». Je l'ouvre euphorique :
Ce soir
Au Bon Temps
23 heures
Une nouvelle provocation de sa part, et surtout un défi que je compte relever avec brio. Prépare-toi démon, je vais te prouver que le chaton a des griffes.
***
Sa présence me perturbe et il le sait. Je suis décidée à prouver au démon que moi aussi, je suis capable de le faire flancher.
Dans la discothèque, l'ambiance se fait moite, les corps s'échauffent comme s'ils pouvaient tous sentir l'attraction animale qui nous lie. Lorsque je monte sur le podium, mes doigts s'enroulent naturellement autour de la barre de pole dance. Dans la salle, tandis que je m'isole peu à peu dans ma bulle, les mouvements ralentissent, la musique devient lointaine.
Puis je le sens, lui. Je capte ses prunelles dans la foule, ne le lâche plus et commence à onduler.
Je me redresse d'abord, droite, menton haut et regard ardent, me cambre ensuite en m'adossant à la barre d'acier. Je me déhanche lentement autour d'elle, exagérément, lève ma jambe et tourne autour de la pole tout en décollant mes pieds du sol. J'exécute plusieurs figures aériennes que j'ai déjà pu remarquer chez d'autres danseuses. Je repose les talons sur le plancher de bois et effectue une pirouette sur moi-même, en me penchant en arrière le plus loin possible. Je continue de le fixer, refusant de détourner mes yeux des siens. Sa bouche s'entrouvre, sa poitrine se soulève rapidement, trahissant son désir teinté d'admiration. Je reste dans ma transe tout le long de la musique, continue d'onduler sensuellement autour de la barre. Un sentiment de puissance m'étreint, mon pouvoir sur lui me transcende. Je ne peux que jubiler quand il avance parmi la foule sans cesser de me mater, du feu dans le regard.
Je ne suis pas sa proie, il est la mienne.
Bastian est le papillon, je suis sa flamme.
Je suis sa brûlure, il est ma rédemption.
Et je lui souris.
Bastian s'arrête au pied du podium, lève ses magnifiques iris vers moi, m'observe comme s'il me découvrait pour la première fois. Il est habité par cette aura mystérieuse qu'aucun autre homme ne possédera jamais. Happée par sa force, sa beauté, et son insolence tout assumée, je cesse mes mouvements, descends de scène ; nous nous retrouvons face à face. Il me tend une main, que je fixe quelques secondes.
Jouant avec son impatience, je reste immobile quelques secondes avant de glisser ma paume dans celle du démon pour entrelacer nos doigts. Mon démon. Avec un sourire en coin empreint d'amour et de fierté, il m'entraîne loin de la piste de danse, loin du monde.
Merci d'avoir lu cette histoire ! Je vous laisse avec un bonus qui risque de vous questionner.
Des bisous,
MCL.
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