CHAPITRE 54

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Bastian

En plein milieu de la nuit et après un moment très divertissant dans la salle à manger, je suis réveillé par la sonnerie de mon cellulaire. Je mets quelques instants à émerger et, sans faire le moindre bruit pour ne pas déranger Elyana dans son sommeil, je me lève doucement du lit en emportant mon téléphone. Une fois dans le couloir, je déverrouille l'écran pour lire le message.

Je suis devant la fontaine, ramène ton cul, Brigand.

Je souris, c'est Henry. D'habitude, je déteste qu'il m'appelle par ce sobriquet ridicule, mais avoir de ses nouvelles me fait tellement plaisir qu'à cet instant, je m'en fous. La semaine sans lui a été rude. J'ai l'habitude de le voir chaque matin, après tout il vit ici depuis des années.

Je descends, torse nu et en pantalon de survêtement jusqu'à la porte d'entrée. Dehors, la nuit est déjà bien entamée, mais impossible de ne pas remarquer le profil de mon meilleur ami juste devant moi.

— On peut discuter ? me demande-t-il sur un ton sérieux.

J'ouvre plus grand la porte et l'invite à pénétrer les lieux. Il se dirige naturellement vers le salon et je le vois s'asseoir sur le canapé pendant que je reste debout. Il joint ses mains, paume contre paume, et prend une lente respiration.

— Je ne peux pas changer les choses, Bastian, c'est certain. Ces derniers jours, je me suis mis à réfléchir à notre amitié. Qui j'appelle quand je viens de conclure avec une fille ou un garçon sexy ? Toi. À qui je pense quand je bois du whisky ? Toi. Qui me soutient contre vents et marées lorsque je prends une mauvaise décision ? Toujours toi. Tu es bien plus qu'un ami, Bastian, tu es comme un frère pour moi. J'ai besoin de toi, je désire être présent dans tous les aspects de ta vie. Je suis désolé d'être parti, je suis là maintenant et il n'y a pas moyen que tu te débarrasses de moi.

Sa tirade me laisse sans voix. Henry a toujours su trouver les mots justes pour exprimer ses sentiments. Soulagé de retrouver mon ami, je tends la paume vers lui, il y glisse la sienne, et je le tire vers moi pour le relever du sofa.

Face à face, je lui fais passer tout ce que je suis incapable de lui avouer à travers mes yeux larmoyants. Shit, il arrive à me tirer des larmes, le salaud. Je n'ai jamais été doué pour les grands discours, comme lui. Alors, je l'enlace et il me rend mon étreinte en tapant sa main sur mon épaule.

— Bienvenue à la maison, mon frère, soufflé-je, ému par son retour.

***

Plus tard dans la journée, nous sommes tous réunis dans la pièce principale du manoir, devant un thé typiquement anglais. Un affront à ma culture si vous voulez mon avis, mais Lyse adore ce breuvage lacté. Je contemple les membres de ma famille de cœur, heureux d'être à leurs côtés. Avec tout ce que nous avons pu vivre, la perte de James, ses actes, et la révélation sur mon grand-père, je suis reconnaissant de compter sur ceux qui m'entourent aujourd'hui.

Même si je n'étais pas capable d'oublier ma douleur, elle s'efface en leur présence, et c'est le principal. Je pivote ma tête vers le chaton, et remarque son expression dégoûtée lorsqu'elle boit dans sa tasse.

— Un problème, Kitten ?

Elle grimace.

— Ça manque de whisky, ce truc.

J'explose d'un rire spontané. Je ne peux qu'être d'accord avec elle !

Elyana me scrute, un sourire de connivence au coin de ses jolies lèvres. Ce qui me donne furieusement envie de l'embrasser. Tout de suite.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant