CHAPITRE 46

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Bastian

Elle s'est encore échappée, me laissant face à mes interrogations. La colère me submerge, j'ai l'impression que je vais éclater ! Est-ce que cette histoire n'aura jamais de fin ? J'ai besoin de prendre du recul, mais c'est impossible tant que je n'aurai pas découvert qui tourmente le chaton par pur plaisir.

Qui peut être au courant de ces meurtres ?

La police ne peut pas être impliquée, ce n'est pas leur méthode habituelle. De plus, lorsque j'étais au poste, j'ai constaté qu'ils ne disposaient d'aucune preuve matérielle ni d'une quelconque idée de l'identité du meurtrier – excepté leur doute sur ma personne. Il me faut un autre avis sur cette situation. Je contacte Henry, et lui demande de me rejoindre au manoir. Mon ami saura certainement me prodiguer des conseils.

Du moins, je l'espère.

Il débarque moins d'une heure après mon coup de fil, c'est en le voyant s'approcher que je me souviens qu'il était en rendez-vous avec un client.

Bastian, c'est très pro, ça !

Sur ce coup, je ne suis pas fier de moi.

Je patiente devant la fontaine, préférant discuter à l'extérieur de la demeure, loin des oreilles indiscrètes, du style de celles de Grandpa'. Je ne vais pas rajouter de l'huile sur le feu, il est déjà réticent à l'idée qu'Elyana soit entrée dans ma vie.

— Salut, Brigand. Alors dis-moi, tu avais l'air tendu au téléphone, c'est la petite tueuse qui te cherche encore des noises ? s'amuse-t-il.

D'habitude, j'apprécie son trait d'humour, parfois même je fais semblant d'être agacé pour le jeu. Aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à rire.

— Henry, c'est sérieux. La responsable d'Elyana vient d'être agressée.

Nous nous installons sur le muret qui borde le bassin, alors que mon ami me questionne.

— Aude McCornish ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je lui relate les derniers évènements, non sans une pointe de rudesse dans la voix.

A son air soucieux, je constate qu'il est comme moi ; il songe que la situation peut rapidement dégénérer.

— Qu'est-ce que tu en penses ?

Henry glisse la main dans les cheveux, signe d'une nervosité grandissante.

— Je ne sais pas, Bas'... Le motif est assez clair au vu des sévices qu'Aude a subis. L'agresseur cherche à blesser Elyana en s'attaquant à ses proches. Quant à l'identité de cet inconnu, je n'en ai pas la moindre idée. Des dizaines de scénarios sont plausibles, ça pourrait aussi bien être un fou passionné qu'un membre de la famille d'une des victimes de la petite tueuse.

Je plisse les yeux à ce surnom. Kitten lui sied mieux. Seulement, c'est un terme qui m'appartient, et il n'est pas question qu'un autre l'utilise.

Shit, je deviens possessif maintenant !

— Elyana ne peut pas t'aider ? Je veux dire, vous êtes ensemble, non ? Une team étrange, j'en conviens, cela dit vous formez un sacré duo.

Est-ce qu'il me demande si nous avons une relation de couple ? Est-ce que je désire que le chaton reste à mes côtés ? Je ne me suis jamais vraiment interrogé sur ce sujet. De toute façon, nous passerions notre temps à nous déchirer.

Ou à baiser.

— Nous ne sommes pas ensemble, Henry. Shit, je ne saurais même pas définir ce que nous sommes, c'est trop perturbant ! Et rien à ajouter puisqu'elle a quitté le manoir plus tôt dans la journée.

Mon ami me dévisage longuement, j'ai l'impression qu'il essaye de sonder mon esprit à la recherche d'un trésor caché.

— C'est sûr que vous n'êtes pas le couple de l'année niveau communication. Pourtant, je ne pense pas que la laisser seule soit une bonne idée. Surtout vu les circonstances.

Comme si je n'étais pas déjà au courant ! Le souci, c'est qu'elle n'en fait qu'à sa tête. J'en viens à réfléchir à l'éventualité de la kidnapper moi-même au café lorsqu'Henry se relève prestement.

Il me transmet inconsciemment sa nervosité, ce qui emballe mon palpitant.

— Bas', et si c'était autre chose ? Et si ce n'était pas une vengeance, plutôt un contrat ?

Je le dévisage, perdu.

— Explique-toi.

Il se place face à moi en agitant les mains. Henry devient très gestuel lorsqu'une théorie lui traverse l'esprit.

— Je suis parti du principe qu'un proche d'une des victimes avait découvert le pot aux roses et qu'il venait se faire justice. Toutefois, nous avons négligé une piste. Il est possible que cette personne n'ait pas les capacités de se déplacer, alors peut-être a-t-elle payé un intermédiaire pour se charger du travail.

Je commence à saisir le sens de ses paroles.

— Tu veux dire... comme engager un tueur professionnel ?

Henry acquiesce.

Il faut être riche pour s'offrir un tel service. Ce n'est pas n'importe quel badaud qui a les ressources nécessaires pour rémunérer ce type.

— C'est là-dessus que nous devons nous concentrer, achève mon ami, déterminé.

Je me lève à mon tour, paré à dénicher l'identité du commanditaire et à l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

Je me lève à mon tour, paré à dénicher l'identité du commanditaire et à l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard

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