CHAPITRE 49

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Elyana

Depuis mon retour au studio, un mal me ronge le corps. J'ai cette impression permanente d'un danger imminent, et cela me plombe l'estomac. J'ai beau avoir revêtu ma tenue de nuit, composée d'un legging et d'un vieux tee-shirt effiloché, je ne suis toujours pas couchée. Assise sur le canapé-lit, je rumine. J'ai proposé à Bastian de l'accompagner au manoir pour chercher à deux des preuves sur son grand-père, il m'a répondu que c'était trop dangereux pour moi.

C'est vrai que le risque est immense, mais je souhaitais prolonger ce moment avec le démon. Il me pousse à ressentir, et avec lui je me sens moins seule. C'est surprenant de s'imaginer qu'il y a quelques mois encore, nous nous étripions. Au cimetière, quand j'ai repéré son profil, mon pouls s'est emballé comme lors de notre rencontre dans un lieu similaire à Hellwood. Les sensations sont identiques dans leur intensité, mais pas dans leur essence. Ce soir, je me sentais flotter, je désirais me fondre dans ses bras puissants, me nourrir de son parfum, et respirer sa peau. Bastian a réussi une prouesse spectaculaire, celle de m'offrir l'amour.

Putain.

J'aime ce démon.

Moi, la tueuse à l'âme tachée de sang, je suis amoureuse.

J'aurais beau me triturer l'esprit pour tenter de me trouver des excuses sur mes sentiments, les faits sont là.

Je craque totalement pour Bastian Mc Taylor.

Quand je suis avec lui, c'est comme si toute cette tourmente qui me colle à la peau disparaissait.

Il arrive à me faire sentir humaine, à m'alléger de mon passé douloureux.

En somme, il me pousse à rêver d'un avenir commun, sans la souffrance, sans la torture, juste avec de l'amour et de la passion.

Qui aurait pu croire que ce démon serait ma rédemption ? Pas moi. Pourtant, c'est ce que je ressens au plus profond de moi. Bastian a sauvé mon humanité.

Alors c'est encore plus rageant d'être dans ce studio à attendre quand que je pourrais être auprès de lui. Je déteste être passive. Je suis une femme d'action, pas la princesse potiche d'un conte de fées.

Merde, y a pas moyen que je reste là !

Au moment où je me lève et m'apprête à le rejoindre, la porte d'entrée du logement s'ouvre si violemment que la poignée intérieure claque contre le mur. J'ai à peine le temps de réaliser ce qui vient de se passer qu'une masse sombre se précipite sur moi et me plaque au sol. Malgré le poids qui me presse, je me débats. J'essaye de faire basculer l'inconnu sur le côté à l'aide de mes hanches, mais le type est trop lourd, m'empêchant de tenter la moindre esquive. Le nez dans la moquette, bloquée par la corpulence qui appuie sur mon dos, des flashs de l'agression d'Anna me reviennent.

En une seconde, je ne suis plus dans mon studio, plutôt de retour dans cette ruelle. J'entends ses gémissements, le bruit de déchirure des vêtements, et le ricanement de Sin. Je revis la scène, sauf que cette fois-ci, j'ai pris la place de mon amie. Je suffoque.

La terreur envahit chaque terminaison nerveuse, et mes gestes deviennent désordonnés.

— Lâchez-moi ! hurlé-je à mon assaillant, en essayant de ne pas replonger dans mes souvenirs.

Lorsque je m'efforce d'appuyer mes paumes sur le sol pour le pousser en arrière, il me bloque les points, les bras dans le dos. Maintenant complètement immobilisée, son genou au creux de mes reins, je perds le souffle. Les lèvres accolées au vieux revêtement, je goûte à la poussière, en luttant pour respirer.

— On va bien s'amuser tous les deux, tu vas voir ! proclame l'homme en continuant de pousser sur le bas de ma colonne vertébrale.

Je grimace face à l'intense douleur.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant