CHAPITRE 15

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Bastian

Je suis en train de sombrer dans la démence. Le rendez-vous au cimetière ne s'est pas passé comme prévu, à vrai dire c'était tout le contraire de l'objectif initial. Je l'avais à ma portée et je n'ai absolument rien tenté. Je n'ai même pas pensé à activer l'enregistreur de mon téléphone, trop exalté par sa présence.

Shit !

Noyé par les sensations qu'elle me procure, j'ai complètement occulté la raison de cette rencontre. Comment ce bout de femme arrive à me déconcentrer à ce point ? Pire, je ne cesse de penser à la saveur de ses délicieuses lèvres. Cette bouche que j'ai scrutée tout au long de notre échange. Plus elle s'approchait, plus mon palpitant s'accélérait.

Cette putain de bouche. Elle était si proche. La solide défense que j'avais mis en place a fondu lorsque cette particule d'eau est venue s'échouer sur sa lippe charnue.

Mon corps a pris l'ascendant sur mon cerveau, comme ce pauvre Mike de la réception. Je n'étais plus qu'un pantin à la solde de mon désir.

Elle est tout ce que j'exècre, elle est la raison de la mort de mon frère. Pourtant, cette haine insidieuse a totalement disparu quand j'ai initié le baiser. Son goût, son parfum, la chaleur de sa nuque, j'étais la victime de notre attraction mutuelle. J'ai bien remarqué qu'elle aussi avait succombé aisément, inondée par son envie charnelle. Ses doigts dans ma chevelure, qui m'offrait autant de plaisir que de douleur. Ses légers gémissements lorsque le ballet de nos langues a débuté. Bon sang, elle a réussi à annihiler mon esprit en un seul baiser.

Il faut que je me reprenne, l'obsession que je nourris pour Elyana White devient trop impétueuse. Elle m'attire autant que j'essaye de la repousser, cette fille cinglée, ce chaton qui envoûte tout mon organisme. Une maladie qui se propage et qui m'empêche de réaliser mes desseins.

Toujours noyé dans la colère, je constate que sa fermeté semble s'adoucir au contact de White, et cela ne me rassure pas. Ma présence ici n'est due qu'à une seule chose : lui faire payer. La dualité de mes sentiments n'a pas sa place dans ma quête de justice.

Après cette maudite soirée, je me suis octroyé une pause en songeant que cet interlude me permettrait de remettre mon esprit dans le droit chemin. C'est un échec.

Je ne pense qu'à elle, à chaque putain de moment du jour et de la nuit. Et recevoir ce message ce soir n'aide pas à supprimer son image de ma tête. J'ai essayé de l'ignorer, j'ai envoyé mon téléphone sur le sofa, et j'ai pris l'air sur la terrasse en espérant oublier le bip incessant qui s'active tant que je n'ai pas lu le contenu du message, sans succès. J'ai tenu quelques secondes avant d'opérer un demi-tour et de déverrouiller l'écran.

À la lecture du texto, mon érection se réveille sans que je ne puisse interférer ; je râle de dépit face à l'incapacité de mon corps à résister à cette femme. Je réponds hâtivement, alors que j'ai conscience que je ne devrais pas alimenter cette étrange alchimie. Le problème, c'est qu'elle provoque en moi un cataclysme d'émotions qui me pousse à vouloir plus.

Toujours assis sur le canapé, je quitte la fenêtre de conversation pour traiter quelques mails en attendant son retour. Je ne doute pas un seul instant qu'elle réagira. Mon corps, lui, est tendu comme un arc, dans l'attente d'un plaisir que je lui refuse. Je ne souhaite pas offrir le plein contrôle de mon être à ce chaton sournois, quand bien même je ne rêve que de l'embrasser à nouveau.

Ton sang était délicieux, j'en veux encore.

Elle me tue. Elle stimule cette part d'obscurité en moi, et je m'y enfonce avec volupté.

FIGHT AND FORGIVENESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant